Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

mercredi 16 janvier 2013

La presse et le complexe des élites

Entendu ce matin sur une radio honorable de la part d'un journaliste-présentateur non moins honorable. Le débat tournait autour du mariage des homosexuels et de la manifestation du 13 janvier dernier. D'une condescendance ironique, le journaliste-présentateur ne put s'empêcher de lâcher à son invité : "Mais enfin, Frigide Barjot, ce n'est pas Lévi-Strauss ..."

Frigide Barjot est aujourd'hui bien connue pour être l'"égérie des opposants" à ce qu'il est convenu, par la majorité de gauche, d'appeler le "mariage pour tous". Comme si, d'ailleurs, il était injurieux de parler ouvertement de mariage homosexuel. Mme Barjot est par ailleurs l'une des organisatrices de la susdite "Manif pour tous".

Que Mme Barjot ne soit pas Lévi-Strauss est ce qu'on appelle un truisme. So what ? Sa crédibilité pour la cause qu'elle défend serait-elle entachée sous prétexte qu'elle n'a ni l'intellect, ni les références universitaires ni l'aura du regretté sociologue académicien ? En clair, de quoi se mêle-t-elle cette moins que rien ? Comment ose-t-elle défrayer la chronique alors qu'elle n'a pas "qualité" - ni les diplômes, ni le prestige germano-pratin" - pour le faire ?

De nos jours, certains journalistes français s'autoproclament les censeurs sourcilleux du bon goût, du politiquement correct et de la consécration des élites. Sans leur consentement voire leur adoubement, nul ne saurait accéder à cette catégorie qu'ils tiennent pour le nec plus ultra : que valent par comparaison ceux qui ont réussi par leur intelligence entrepreneuriale ? Que valent ces anonymes tout juste sortis d'une multitude dont, au fond, ils n'auraient jamais dû s'extraire ?

Tous comptes faits, je n'ai pas le sentiment que le journaliste-présentateur de ce matin soit "plus Lévi-Strauss" que la personne objet de son mépris. Il n'est que de consulter son CV pour le moins chétif et caractérisé pour l'essentiel par un diplôme de professeur d'histoire certifié. Il n'empêche qu'il use avec insolence du ton de celui qui croit en faire partie. Il en use et en abuse. Sans doute d'ailleurs, ne serait-ce qu'auprès des gens de bon sens, finit-il par s'abuser lui-même...

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