Cela peut arriver. Les
gens ont beau s’étriper en Egypte ou s'apprêter à le faire en Syrie. Ils ont beau se crêper le chignon ici ou là, entre M.
Valls et Mme Taubira par exemple, le monde ne s’arrêtera pas de tourner pour
autant. Il est comme ça des étés sans ride ni aspérité. Le soleil continuera à briller de tous ses
feux et même une température torride ne pourra le gâter. New York restera une
ville unique et même sa visite effectuée dans la plus détestable des
compagnies ne pourra vraiment laisser de mauvais souvenirs. Des étés banals, cela existe
encore et l’on doit s’y résigner quitte à laisser son esprit battre quelque peu la campagne.
Il me revient ainsi à l'esprit la réflexion d’un académicien réputé qui fut autrefois, à Nice, mon
professeur d’histoire. Une réflexion en forme de dédicace d’ouvrage :
« D’un échec, il faut faire un livre ». Parole de romancier, certes, pour qui tout fait terreau pour nourrir une imagination toujours en embuscade. Pour être éloquente et toute
révérence gardée à son auteur, cette façon de faire nécessité vertu n’en est pas moins commode.
Si l’échec est dans la nature, il offre des variétés infinies qui
n’appellent pas forcément les mêmes correctifs. Il y a l’échec-erreur qui procède
d’un jugement dépourvu de pertinence sur les choses ou sur les gens :
stratégie inexacte, fausse appréciation d'une situation ou, plus banalement encore, erreur de
casting comme on dit. En tirer les enseignements est nécessaire même si l'exercice peut s'avérer douloureux. Se tromper
est naturel – on le sait bien depuis nos classes de latin – persister dans la
même erreur est infiniment plus dommageable. Celui qui se trompe révèle quelque chose d'humain dans le fond, celui qui se trompe deux fois de la même façon n’est qu’un benêt. On le comprend aisément, la matière est pain-bénit pour le romancier.
La réflexion est
d’autant plus contraignante s’agissant d’un échec-malentendu. C'est un peu l'histoire dont on n’a pas bien compris le film. Pour telle ou telle
raison, on ne voit pas la tuile ou la catastrophe arriver. Légèreté ?
Insouciance ? Inadvertance ? Il est d'autant plus indispensable d'en tirer les leçons et, éventuellement, de le faire savoir à autrui. Ah ! Les beaux livres qui ont jalonné ce thème du malentendu.
Il y a enfin
l’échec-trahison qui, plus que tout autre, est subi. C’est le pire, celui qu’on ne peut ni analyser ni prévoir car il
repose sur la duplicité ou la déloyauté d’autrui. Ici, aucun enseignement n'est vraiment possible. Comment épiloguer sur la sincérité - fût-elle naïve - prise en défaut par la malignité d'autrui ? Comment éviter de se retrouver piégé de nouveau dans sa crédulité sauf à s'armer d'une méfiance confinant à la paranoïa ou à tourner le dos à toute forme de générosité humaine ? Non, décidément, il ne subsiste qu'une déception jointe à un certain sentiment de gâchis. Dans ce cas de figure, on le comprend, le livre n'est pas indispensable et il n'est même pas sûr qu'il puisse servir de thérapie. Il n'est au fond que temps inutilement gaspillé à force de s'employer à ressusciter en pure perte des gens ou des comportements qui ne méritent pas d'échapper à la médiocrité de l'inexistence.
Mais ce n'est là que cauchemar irréaliste. Ne vivons-nous pas dans le monde réel, celui des bisounours ? Allons, un été banal, vous dis-je.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire