Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

samedi 11 octobre 2014

La caissière de Franprix


Un scoop qui vaut la peine d’être relevé : Madame Cécile Duflot refuse qu’on l’assimile à une « caissière de Franprix » …

Cela me rassure, je n’étais donc pas si désobligeant que cela en comparant Madame Duflot à une caissière de Prisunic. Dans une interview récente, l’intéressée se demande tout haut, quant à elle, s’il est vraiment normal qu’elle touche autant d’allocations qu’une … « caissière de Franprix ». Au fond, je n’avais pas si mal visé.
A première vue, l’intention est plutôt louable dans la mesure où l’on comprend que Madame Duflot serait favorable à une mesure gouvernementale qui modulerait le montant des allocations familiales en fonction du niveau de revenu du foyer. D’ailleurs, si l’on me demandait mon opinion – ce qu’on se gardera bien de  faire – je serais moi-même plutôt favorable à cette mesure à condition qu’elle ne s’inscrive pas dans un contexte de « lutte des classes ». Et ce, même si le spectacle d’une Madame Duflot en défenseur (« défenseuse » objecterait l’impayable Sandrine Mazetier) des faibles et des opprimés m’apparait assez surréaliste.

Mais en l’espèce, c’est le sous-entendu qui est signifiant car elle évoque la « caissière de Franprix » non pas pour compatir à sa situation mais pour bien montrer qu’elle n’appartient décidément pas à cette catégorie (sous-catégorie ?) Qu’on se le dise, Madame Duflot ne saurait être comparée à une caissière de supermarché !

Ce qui va de soi reste généralement dans l’implicite et ne se claironne pas aussi ouvertement. Il est vrai que l'implicite et le sens de la nuance ne sont pas forcément les spécialités de cette dame. Donc si cette dernière a éprouvé le besoin de le préciser ... Pour ma part, j'ai longtemps considéré que l’ancienne dame patronnesse des écolos avait un faciès de « caissière de Prisunic »… tout en ayant au passage mauvaise conscience vis-à-vis desdites caissières qui pourraient à bon droit estimer qu’une telle comparaison n'est pas flatteuse pour elles.

Arrêtons donc de tourner autour du pot. Madame Duflot est une de ces personnes publiques dont la vulgarité apparaît aussi insupportable que significative de notre société people d'exhibition permanente. Il en est d'autres comme elle, dont la moindre n'est certes pas Roselyne Bachelot. Vulgarité dans l’apparence avec ses jeans, qu’elle porte du reste avec l’élégance d’un sac de patates, en plein conseil des ministres. Vulgarité dans ses intonations de voix qu’on trouverait aisément chez les femmes de la porte d’à côté, comme disent les Anglo-Saxons. Vulgarité de ne pas éprouver le moindre complexe à être associée à une famille sordide, les Cantat pour ne pas les nommer : un beau-frère, Bertrand, qui est rien moins qu’un assassin sans remords et un compagnon, le frère de Bertrand, qui ne manque pas une occasion de cracher sur notre drapeau et sur les célébrations du 14 juillet.

Vulgarité de Madame Duflot eu égard à sa manière, dénuée du moindre complexe de cracher dans la soupe politique après avoir surabondamment profité des avantages du système. Vulgarité dans sa façon, très tendance post-soixante-huitarde rectifiée baba-cool et même bobo, de rejeter comme « ringardes » ou « réac » les valeurs qui ne sont pas les siennes. C’est d'ailleurs une spécialité maison chez les Verts : on ne discute qu’entre soi – ah, pour ça, on discute en effet - et on jette l’anathème sur tous les autres. Cohn-Bendit n’a pas fait beaucoup mieux dans son récent débat face à Eric Zemmour. Il a eu un de ces arguments qui laissent songeur : « Vous êtes un crétin fini ! » Cohn-Bendit vieillit mal, il avait nettement plus d'humour dans le temps. 

De l'humour, madame Duflot, elle, n'en a jamais eu ce qui simplifie évidemment les choses. Elle se prendrait même très au sérieux, oublieuse que sa bonne fortune politique n'était due qu'à la légèreté de Martine Aubry qui avait cru devoir accorder de généreuses prébendes aux Verts. Mais il n'empêche, pour peu madame Duflot en arriverait à croire qu'elle a été élue sur ses compétences ou sur son charisme.

La vulgarité est une des choses les plus intolérables en cette époque qui offre ce qu’il y a de pire : la facilité dans l’abjection. Cette époque qui n’est même plus capable d'identifier la trivialité et la vulgarité en tant que telles, au fil des obscénités verbales et comportementales qui émaillent notre vie publique et en constituent désormais la normalité. Madame Duflot en est un exemple achevé. Sa remarque sur la « caissière de Franprix » est tout à fait en conformité avec sa "hauteur éthique". C'est pourquoi si d'aventure j'apercevais l'ancienne ministre du Logement – on peut toujours cauchemarder - à la caisse d’un Franprix, je suis sûr que je me précipiterais chez Carrefour.

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