Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

vendredi 21 mars 2014

La vie des autres


« En avoir ou pas » avait pris l’habitude de commenter André Malraux quand il parlait de politique. Au regard de son existence aventureuse, le grand romancier savait de quoi il parlait, ce qui n’est pas forcément le cas de ces pâles émules qui ambitionnent de lui le ressembler en occupant pathétiquement le terrain, de la Bosnie à l’Ukraine en passant par la Libye … ou en faisant décharger d’un hélicoptère à destination d’une région déshéritée du tiers monde quelques sacs de riz à seule fin d’y faire monter davantage de journalistes.

Triviale assurément, osée à n’en point douter, l’expression de Malraux n’en est pas moins pertinente, appliquée à nos deux derniers présidents de la République en date, Nicolas Sarkozy et François Hollande.

On pourra reprocher tout ce qu’on voudra à l’ancien président – et Dieu sait qu’on ne s’en prive pas ! – mais certainement pas le manque de courage. Quand on le cherche on le trouve, quand on le place sur le défensive il attaque, n’ayant manifestement peur de rien ni de personne. Une telle complexion, on le comprend aisément, ne peut qu’heurter certains individus qui sont précisément dépourvus d’une telle qualité : ceux-ci seront alors prompts à qualifier ce genre d’agressivité de simple agitation voire d’anormalité.

Où l’on retombe sur notre président soi-disant normal dont il se révèle aujourd’hui, pour tous ceux qui en auraient douté, que la normalité à ce point brandie en étendard n’était en fait que mollesse, indécision, jalousie, entre autres sentiments retors et obliques. Au fond, qu’attendre d’un homme qui passe son temps à tromper ses femmes successives non pas avec flamboyance ou panache mais sans allure, petitement, d’une manière mesquine, en casque de moto et dès que le partenaire a le dos tourné. Tout le caractère du personnage s’y trouve résumé : son côté fourbe, médiocre, manipulateur, faussement bonhomme et authentiquement méchant malgré ses (trop) fameuses plaisanteries à deux balles.

La méchanceté de Hollande, elle aura été dirigée exercée d’emblée envers son prédécesseur dont il était probablement jaloux quelque part. Et pour cause !  Il savait qu’il n’aurait jamais ses qualités d’énergie, de volontarisme et de courage. La jalousie se sera aussitôt - dès l’entrée en fonction avec cette impolitesse remarquée sur le perron de l’Elysée - muée en haine. En crainte obsessionnelle aussi de le retrouver sur son chemin, avec cette fois le handicap de son propre bilan désastreux en bandoulière et de ses propres mensonges éventés. D’où l’acharnement singulier dont il fait preuve sur Nicolas Sarkozy par justice interposée.

Horresco referens ! La justice est indépendante, c’est même un des chevaux de bataille de la gauche. Qu’on se le dise ! Tellement indépendante, d’ailleurs, que la chancellerie s’est refusée à sanctionner les auteurs du "mur des cons" et la secrétaire générale du Syndicat de la Magistrature laquelle parade ces jours-ci sur les chaînes d’information comme si de rien n'était. Tellement indépendante que, comme par hasard, on n’entend plus parler du scandale Cahuzac ou de la fausse déclaration fiscale de Mme Yamina Benguigui ou des casseroles accumulées par cet authentique repris de justice qu’est Harlem Désir qui ne manque évidemment pas - réflexe socialiste bien connu - de dispenser des leçons de morale à tous les vents.

Une justice tellement indépendante qu’elle ne trouve pas aberrant que Mme Taubira joue avec l’idée de virer un des rares magistrats de droite subsistant à des postes hiérarchiques importants. Elle ne trouve pas anormales non plus les injonctions adressées aux Parquets généraux de faire remonter les dossiers sensibles. Pourquoi faire ? On ne se le demande …

Une justice tellement indépendante qu’elle trouve naturel qu’un juge d’instruction choisisse un expert parmi ses amis. Une justice tellement indépendante qu’elle s’est parfaitement habituée aux violations du secret de l’instruction, tant sont rôdés les canaux de transmission en direction du Monde ou de Médiapart. A moins que ce ne soit la police : mais là, c’est peine perdue car M. Valls n’est pas au courant, il ne l’est jamais d’ailleurs.

Quant aux écoutes téléphoniques, on a déjà eu l'occasion de le dire, c’est une spécialité socialiste.

Est-ce cela la présidence normale ? Il reste encore des journalistes complaisants ou courtisans pour affecter de le croire mais pour combien de temps encore ? Combien de temps faudra-t-il pour comprendre que ce gouvernement est devenue la risée générale, en France et à l’étranger ? Simples maladresses, allèguent les pro-Hollande. Amateurisme, avancent d’autres à peine plus rigoureux. 

Il serait beaucoup plus exact de parler de duplicité permanente et de mensonge érigé en part de gouverner, comme au bon temps de la rue de Solférino. N'est-ce pas le cas lorsque Mme Taubira affirme, la main sur le coeur, qu'elle n'était au courant ni des écoutes téléphoniques visant N. Sarkozy et son avocat, ni de leur contenu, préférant laisser un lampiste porter le chapeau. N'est-ce pas le cas lorsque le président soi-disant normal lance avec non sans impudence qu'il surveille Sarkozy et sait exactement ce qu'il fait ?

Aussi les émotions de l’inénarrable Michel Sapin, qui n’hésite pas à parler de « coup d’Etat verbal » à propos de l’article de Nicolas Sarkozy dans le Figaro - de la même façon que F. Mitterrand parlait de "coup d'Etat permanent" à propos de De Gaulle - sont pitoyables. Elles ne sont pas si étonnantes dans le fond : après tout, un poirier peut-il donner des pommes ? De même, et plus généralement, ces Français qui ont élu Hollande ont-ils vraiment changé depuis le temps, pas si lointain, où le général de Gaulle les traitait de « veaux » ?

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