« Quand
on fait des crasses, il y a intérêt à ce que ça réussisse ! » Ainsi
s’exprimait, en juillet 1914, l’ancien chancelier allemand Bernhard von Bülow à
propos du chef de la diplomatie autrichienne, le comte Berchtold, qui ne rêvait
alors que d’écraser militairement la Serbie. A sa façon, Berchtold réussit
puisqu’il eut « sa » guerre même s’il ne pouvait, bien sûr, prévoir
l’ampleur que celle-ci prendrait.
Toutes
proportions gardées et plus prosaïquement, on pourrait appliquer le précepte de
von Bülow à la manière dont le gouvernement français gère les affaires
politiques de l’opposition. Car enfin, il faut être soit d’une naïveté
confondante soit d’un cynisme à toute épreuve pour oser encore prétendre que
les affaires qui s’abattent en rafale sur la droite seraient le fruit d’une
simple coïncidence. De la même façon, à quel benêt fera-t-on encore croire
entre autres fredaines que la justice est indépendante et que le temps de la
justice, etc, etc.
Une
justice indépendante, s’obstine à nous asséner avec un psitaccisme consternant la
gauche au pouvoir en soulignant que cette même justice aurait été aux ordres du
temps de N. Sarkozy. Si elle ne l’est plus, que signifie alors la volonté
affichée par Mme Taubira de virer tous les magistrats qui ne seraient pas de sa
sensibilité (eh oui ! Il reste des magistrats de droite, ce dont semblait
d’ailleurs s’émouvoir telle chaîne d’information en commentant les déboires de
M. Azibert) ? Que signifie son instruction aux parquets de faire remonter
à la chancellerie et à son cabinet toutes les affaires sensibles mettant en
cause des personnalités de renom ? Simple curiosité platonique ?
Allons donc ! Qui ne voit qu’un intérêt à ce point suivi voire obstiné confine
à l’intervention au moins indirecte ? Est-ce que le magistrat du parquet,
placé de la sorte sous surveillance de son ministre, osera prendre des
initiatives que celle-ci réprouverait ? Poser la question équivaut à y
répondre.
La
gauche a placé la justice sous contrôle. Une première fois sous Mitterrand en
muselant durablement l’Ecole nationale de la magistrature, en lui insufflant
des doctrines socialement gauchisantes et en veillant à ce que le vivier de
magistrats soit désormais peuplé de gens à la botte. Une seconde fois, avec Mme
Taubira dont le sectarisme revanchard n’est plus à démontrer, en plaçant ouvertement
la magistrature en couple réglée.
Etonnons-nous
dans ces conditions qu’on ne reparle plus des scandales de la gauche qui sont
pourtant légion, de Mme Aubry aux fédérations socialistes du Nord et des
Bouches-du-Rhône en passant par l’ineffable J. Cahuzac. En revanche, on
feuilletonne à loisir sur les soi-disant « affaires gravissimes » de
la droite. Tellement gravissime, d’ailleurs, qu’aucune d’entre elles – celles concernant
notamment N. Sarkozy – n’a encore donné lieu à la moindre condamnation. Mais ce
n’est là qu’un détail tant il est vrai que nos ministres ont pris l’habitude de
s’asseoir allègrement sur la présomption d’innocence comme sur le secret de
l’instruction : parmi ceux-ci, l’ineffable Michel Sapin qui est
traditionnellement la voix de son maître et restera l’inventeur du procès en
perversité fait à N. Sarkozy.
A
la base de la curée actuelle contre la droite, il y a évidemment les
difficultés d’un gouvernement peuplé d’incompétents et d’amateurs. Il y a
aussi, en particulier de la part d’un président prétendument normal, une sorte
de fixation obsessionnelle sur Sarkozy. Il n’est que d’observer le manque de
respect inouï que le pouvoir actuel témoigne à celui qui fut tout de même le
chef de l’Etat, ainsi que la moindre occasion de le traîner dans la boue.
Il
est vrai qu’à maints égards, N. Sarkozy incarne tout ce que Hollande n’est pas
et ne sera d’ailleurs jamais : le dynamisme (et non la mollesse), la
détermination (et non l’incertitude) ainsi qu’une certaine forme de courage (et
non l’irresponsabilité érigée en système de gouvernement). Il reste évidemment,
aux yeux de nos bien-pensants, la culture. La gauche se prévaudrait-elle de sa
supériorité culturelle en se gaussant des affinités de N. Sarkozy ? Là
encore, il convient de relativiser. Si Hollande se préoccupait tant de la
culture, il aurait choisi pour ministre autre chose que Mme Filipetti. Et ce
n’est pas parce qu’il fréquente de près, une fois ôté son casque de moto cela
va de soi, Julie Gayet qu’Hollande serait devenu brusquement un intello.
Il
est fort possible, au demeurant, que F. Hollande ait conscience de son
obsession envers son prédécesseur. Mais il semble bien s’en moquer, fort de la
conviction que sa propre hostilité rencontre celle de l’opinion publique tout
entière. D’où le réflexe suivant lequel il en vient à penser – lui et ses
séides – qu’il peut décidément tout se permettre et que tout glissera une fois
encore.
De
fait, n’ayons crainte. Une affaire comme le Watergate n’aurait aucune chance de
se développer chez nous. Il est à gager qu’il ne se passera rien ; que Mme
Taubira continuera de prétendre qu’elle n’a pas menti, face à des médias
toujours aussi complaisants et prompts à admirer son « talent » (il
est vrai qu’au pays des borgnes …) ; que la gauche persistera à nous
dispenser ses leçons de morale avec son arrogance habituelle, sous le regard
attendri de la bienpensance.
Il
reste tout de même les écoutes. Mais c’est l’affaire des juges, n’est-ce pas ?
Il est vrai que de mauvais esprits pourraient prétendre que les écoutes sont
une sorte de seconde nature pour la gauche. Avant Hollande n’y avait-il pas
Mitterrand ? Sans parler du bon président (socialiste) Vincent Auriol qui
faisait enregistrer tous les visiteurs venus converser avec lui à l’Elysée. A
leur insu, cela va sans dire …
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