Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

vendredi 14 mars 2014

Perversité


« Quand on fait des crasses, il y a intérêt à ce que ça réussisse ! » Ainsi s’exprimait, en juillet 1914, l’ancien chancelier allemand Bernhard von Bülow à propos du chef de la diplomatie autrichienne, le comte Berchtold, qui ne rêvait alors que d’écraser militairement la Serbie. A sa façon, Berchtold réussit puisqu’il eut « sa » guerre même s’il ne pouvait, bien sûr, prévoir l’ampleur que celle-ci prendrait.

Toutes proportions gardées et plus prosaïquement, on pourrait appliquer le précepte de von Bülow à la manière dont le gouvernement français gère les affaires politiques de l’opposition. Car enfin, il faut être soit d’une naïveté confondante soit d’un cynisme à toute épreuve pour oser encore prétendre que les affaires qui s’abattent en rafale sur la droite seraient le fruit d’une simple coïncidence. De la même façon, à quel benêt fera-t-on encore croire entre autres fredaines que la justice est indépendante et que le temps de la justice, etc, etc.

Une justice indépendante, s’obstine à nous asséner avec un psitaccisme consternant la gauche au pouvoir en soulignant que cette même justice aurait été aux ordres du temps de N. Sarkozy. Si elle ne l’est plus, que signifie alors la volonté affichée par Mme Taubira de virer tous les magistrats qui ne seraient pas de sa sensibilité (eh oui ! Il reste des magistrats de droite, ce dont semblait d’ailleurs s’émouvoir telle chaîne d’information en commentant les déboires de M. Azibert) ? Que signifie son instruction aux parquets de faire remonter à la chancellerie et à son cabinet toutes les affaires sensibles mettant en cause des personnalités de renom ? Simple curiosité platonique ? Allons donc ! Qui ne voit qu’un intérêt à ce point suivi voire obstiné confine à l’intervention au moins indirecte ? Est-ce que le magistrat du parquet, placé de la sorte sous surveillance de son ministre, osera prendre des initiatives que celle-ci réprouverait ? Poser la question équivaut à y répondre.

La gauche a placé la justice sous contrôle. Une première fois sous Mitterrand en muselant durablement l’Ecole nationale de la magistrature, en lui insufflant des doctrines socialement gauchisantes et en veillant à ce que le vivier de magistrats soit désormais peuplé de gens à la botte. Une seconde fois, avec Mme Taubira dont le sectarisme revanchard n’est plus à démontrer, en plaçant ouvertement la magistrature en couple réglée.

Etonnons-nous dans ces conditions qu’on ne reparle plus des scandales de la gauche qui sont pourtant légion, de Mme Aubry aux fédérations socialistes du Nord et des Bouches-du-Rhône en passant par l’ineffable J. Cahuzac. En revanche, on feuilletonne à loisir sur les soi-disant « affaires gravissimes » de la droite. Tellement gravissime, d’ailleurs, qu’aucune d’entre elles – celles concernant notamment N. Sarkozy – n’a encore donné lieu à la moindre condamnation. Mais ce n’est là qu’un détail tant il est vrai que nos ministres ont pris l’habitude de s’asseoir allègrement sur la présomption d’innocence comme sur le secret de l’instruction : parmi ceux-ci, l’ineffable Michel Sapin qui est traditionnellement la voix de son maître et restera l’inventeur du procès en perversité fait à N. Sarkozy.

A la base de la curée actuelle contre la droite, il y a évidemment les difficultés d’un gouvernement peuplé d’incompétents et d’amateurs. Il y a aussi, en particulier de la part d’un président prétendument normal, une sorte de fixation obsessionnelle sur Sarkozy. Il n’est que d’observer le manque de respect inouï que le pouvoir actuel témoigne à celui qui fut tout de même le chef de l’Etat, ainsi que la moindre occasion de le traîner dans la boue.

Il est vrai qu’à maints égards, N. Sarkozy incarne tout ce que Hollande n’est pas et ne sera d’ailleurs jamais : le dynamisme (et non la mollesse), la détermination (et non l’incertitude) ainsi qu’une certaine forme de courage (et non l’irresponsabilité érigée en système de gouvernement). Il reste évidemment, aux yeux de nos bien-pensants, la culture. La gauche se prévaudrait-elle de sa supériorité culturelle en se gaussant des affinités de N. Sarkozy ? Là encore, il convient de relativiser. Si Hollande se préoccupait tant de la culture, il aurait choisi pour ministre autre chose que Mme Filipetti. Et ce n’est pas parce qu’il fréquente de près, une fois ôté son casque de moto cela va de soi, Julie Gayet qu’Hollande serait devenu brusquement un intello.

Il est fort possible, au demeurant, que F. Hollande ait conscience de son obsession envers son prédécesseur. Mais il semble bien s’en moquer, fort de la conviction que sa propre hostilité rencontre celle de l’opinion publique tout entière. D’où le réflexe suivant lequel il en vient à penser – lui et ses séides – qu’il peut décidément tout se permettre et que tout glissera une fois encore.

De fait, n’ayons crainte. Une affaire comme le Watergate n’aurait aucune chance de se développer chez nous. Il est à gager qu’il ne se passera rien ; que Mme Taubira continuera de prétendre qu’elle n’a pas menti, face à des médias toujours aussi complaisants et prompts à admirer son « talent » (il est vrai qu’au pays des borgnes …) ; que la gauche persistera à nous dispenser ses leçons de morale avec son arrogance habituelle, sous le regard attendri de la bienpensance.

Il reste tout de même les écoutes. Mais c’est l’affaire des juges, n’est-ce pas ? Il est vrai que de mauvais esprits pourraient prétendre que les écoutes sont une sorte de seconde nature pour la gauche. Avant Hollande n’y avait-il pas Mitterrand ? Sans parler du bon président (socialiste) Vincent Auriol qui faisait enregistrer tous les visiteurs venus converser avec lui à l’Elysée. A leur insu, cela va sans dire …

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