On le savait depuis la
passation de pouvoir de mai 2012 au cours de laquelle l’actuel président
n’avait pas cru devoir raccompagner son prédécesseur sur le perron de l’Elysée.
On savait que les socialistes français étaient revanchards, hargneux, sectaires et
idéologues. On sait définitivement aujourd’hui qu’ils manquent aussi
d’élégance.
S’il en était besoin,
Mme Filipetti, dont il est prétendu qu’elle occupe la fonction de ministre de la
culture, vient d’en apporter la confirmation. Cela se passait lors du décès de
l’écrivain de Gérard de Villiers … ou plutôt cela ne s’est pas passé ! Je
veux dire l’hommage, ou à tout le moins quelques mots de sympathie, d’un
ministre à un écrivain qui eut et continue d’avoir le tirage le plus mirobolant
de l’édition française.
Libre à Mme Filipetti
de ne pas apprécier Gérard de Villiers. Elle ne le sait peut-être pas encore
mais elle n’est pas ministre pour apprécier ou non à titre personnel mais pour faire son travail
de ministre : c’est-à-dire prendre en compte de temps en temps la réalité de son pays.
Il est vrai que c’est un peu trop lui demander tant il est vrai que cette
réalité n’est pas uniquement de gauche. Elle ne renvoie pas uniquement aux
"bobo" et à cet univers germanopratin aussi merveilleux que balisé. Si des
millions de Français se sont rués pour acheter et lire des SAS, ce n’est pas si important, après tout.
Il suffit de les ignorer avec mépris.
Quelle haute opinion
cette personne doit avoir d’elle-même pour opposer, comme elle l’a
fait, que les hommages ne sont pas automatiques et ne s’adressent pas à tout le
monde. Il est certain que lorsqu’elle-même s’en ira, il n’y aura pas grand
monde pour s’en apercevoir. Des millions d’ouvrages vendus ? L’homme « le mieux
informé de la planète », selon la presse anglo-saxonne ?
Qu’importe ! Mme Filipetti préfère les écrivaillons à
tirages confidentiels mais adulés par la gauche, idéologues et donneurs de leçons le
cas échéant. Et dieu sait qu’elle en aura honorés et décorés en dix-huit
mois !
Au demeurant, ce mépris
qu’exhale la soi-disant ministre de la culture envers la culture populaire n’a
d’égal que celui d’un certain intellectualisme français qui entend dicter la
mode et le bon goût, au mépris de tout le reste, y compris des lois. Aurait-on la cruauté
de se remémorer ces spécialistes du plagiat, condamnés par la justice, qui
continuent d’avoir pignon sur rue notamment dans les médias ? Rappellera-t-on les anathèmes en tous
genres lancés par ceux qui s’estiment, en toute modestie, les dépositaires de
notre culture ?
Le phénomène n’est pas
très nouveau, d’ailleurs. Qu’on se souvienne des charges intolérantes lancées
en leur temps par les cinéastes de la Nouvelle Vague, Truffaut et Godard en
tête. Loin de moi l’idée de minimiser l’importance de ces deux réalisateurs que
j’apprécie au plus haut point, comme
beaucoup. Loin de moi également l’idée de dénoncer leurs critiques du vieux
cinéma traditionnel français de l’après-guerre. Mais c’est le mode sur lequel
s’est exprimé leur critique qui pose problème. Une telle façon de vouer ses
prédécesseurs aux gémonies n’aurait jamais effleuré, par exemple, le cinéma
italien de la même époque. Un cinéma qui a su passer sans drame des vieux telefoni bianchi (téléphones blancs) de
l’époque fasciste au néo-réalisme, puis à la comédie « à
l’italienne », puis à Fellini, puis aux films « métaphysiques »
d’Antonioni, à ceux du « western spaghetti » de Sergio Leone, etc. A
chaque transition, il y eut certes de la critique mais ni mépris ni anathème envers les anciens, mais du
respect ainsi que le sentiment d'un certain héritage à prolonger. Il serait ainsi étonnant en France
qu’un réalisateur comme Alessandro Blasetti, très en cour à l’époque mussolinienne,
ait pu poursuivre son œuvre jusque dans les années soixante.
Je ne sache pas que les Italiens soient moins intellectuels que nous –
excusez du peu avec des créateurs du calibre de de Sica, Bolognini, Comencini,
Lattuada et autres Antonioni – mais leur façon de penser et de se comporter a un nom : la tolérance. Il en entraine un autre : l’élégance. C’est ce qui nous fait aujourd’hui défaut dans la
France socialiste d’aujourd’hui. Il est vrai que, là encore, il ne faut pas trop demander
de gens qui ont la conviction que la préhistoire de la France a débuté un jour
de 1981 tandis que son histoire fut fondée en mai 2012…
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