Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

lundi 16 juin 2014

La France, ce petit pays


Je suis Français et, si je n’en ai jamais été honteux, je n’en suis pas non plus particulièrement fier. Comment être fier d’un pays qui m’a mis, en tant que pied-noir, à la porte de chez moi ? Chez moi, je veux dire l’Algérie qui était alors une terre française, comme semblent l’oublier aujourd’hui nombre de fonctionnaires de l’état-civil. 

Aujourd’hui, je ressens bien davantage que de la honte. C’est de l’humiliation en voyant F. Hollande, ce président de pacotille nullissime, se muer en… commentateur sportif. Tout est bon pour avoir l’oreille – pourtant déjà archi-complaisante – des médias voire de l’opinion publique. Même les ficelles les plus grosses font l’affaire. Ainsi, sans la moindre vergogne, F. Hollande se livre à présent au jeu des pronostics sur le premier match de la Coupe du monde, Brésil-Croatie. 

Et encore, s’il s’arrêtait là ! Non, il ne manque pas de pérorer également sur l’équipe de France, sur son esprit retrouvé, sur son unité et sa solidarité. Ah ! On le comprend, comme il rêverait d’un gouvernement et d’une majorité parlementaire à l’unisson. Comme il rêverait d’un retour de l’enfer à l’instar de cette équipe de France apparemment ressuscitée après le cauchemar de Knysna. Hollande va même encore plus loin en congratulant Didier Deschamps, le sélectionneur des Bleus, à qui il ne craint pas de s’identifier : un homme qui fait des choix, qui a une ligne et qui prend des risques.

L’ennui est qu’un tel portrait idéal, qui peut en effet correspondre à celui de l’ancien capitaine des champions du monde de 1998, est tout sauf le sien. Faire des choix ? On les attend encore dans la réalité politique et économique, au-delà des discours qui n’engagent à rien et des déclarations sans cesse multipliées. Avoir une ligne ? Là encore, beaucoup de gesticulation pour une kyrielle de compromis et de reculades. Prendre des risques ? C’est franchement l’antithèse du comportement de cet homme prudent et calculateur, dit « de synthèse », qui se prend pour notre président.

Cette tentative de récupération de l’événement et d’identification à un homme respecté pour sa compétence et sa personnalité est rien moins que pitoyable. Et pourtant, n’est-elle pas un peu à l’image de cette France tellement lamentable qu’elle se croit presque devenue championne du monde après avoir seulement battue l’une des équipes les plus faibles de la planète, le Honduras ? Suffirait-il d’un match victorieux pour publier les difficultés qui sont les nôtres ? Nous sommes un peu à l’image de ce coq gaulois qui ne chante jamais aussi bien que lorsqu’il a les pieds dans le purin.

Verrait-on les Allemands se donner du courage après tel ou tel succès de la Manschaft ou les Italiens se monter du col au fil des victoires de la Nazionale ? Non, bien sûr que non. Ce sont de grands pays, non seulement avec une culture footballistique mais aussi avec des vertus nationales dont ils n’ont pas honte, eux. 

Quel contraste, avec ces nations, offre notre arrogance et notre futilité hexagonales ! Un président aux abois qui en est réduit à racoler aux coins des rues. Un peuple qui n’a d’autre tentation que de fuir la réalité et se réfugier dans les illusions, sa grande spécialité. Un peuple qui vit à l’heure de sa CGT, même si elle ne représente plus rien, de ses cheminots, même s’ils sont scandaleusement privilégiés ou de ses intermittents, même s’ils vivent de toute éternité sur le dos de la nation sans même avoir la moindre reconnaissance du ventre ? On ne saurait mieux définir le petit pays que nous sommes devenus. Hélas.

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