Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

lundi 30 juin 2014

Parfois, le pire est toujours sûr


Cela devait arriver. Aujourd’hui, le maire de Nice Christian Estrosi vient de prendre un arrêté prohibant le déploiement ostentatoire de drapeaux étrangers durant la Coupe du monde de football. La mesure paraîtra extravagante voire insupportable à certains. Il n’empêche.

Si on en est arrivé là, ce n’est pas tant en raison d’un hypothétique « effet Le Pen » qu’en raison de l’inertie coupable d’un Etat qui ne parvient même plus à faire respecter ses propres valeurs républicaines en même temps d’ailleurs que l’ordre public.

Ceux qui sont visés en l’espèce ne sont certes pas les Chiliens ou les Néerlandais mais bien les Algériens avec en ligne de mire le saccage perpétré en Ile-de-France et en d’autres régions par certains d’entre eux. Une poignée minoritaire ? Certes, toujours est-il que celle-ci œuvre en toute impunité sur fond de passivité complice.

Il est clair que le football est devenu l’occasion pour quelques Algériens nés en France de nous faire comprendre que si leurs intérêts matériels sont chez nous leur cœur est sinon en Algérie du moins contre nous. Comment nous faire mieux comprendre le refus d’intégration qui les anime ? C'est pourquoi existe désormais chez certains la tentation permanente de revivre - sans trop de risques, il est   vrai - la guerre coloniale à travers les matchs de foot, ces joutes des temps modernes.

Que l’Algérie et les Algériens aient un problème récurrent avec la France, qui ne le voit ? Peut-être est-ce dû au fait qu’à la différence des Vietnamiens, par exemple, ils n’ont jamais gagné la guerre contre les Français autrement que dans leurs fantasmes. Eh oui ! N’en déplaise à la vulgate du FLN ânonnée par des générations d’Algériens, l’histoire réelle montre que l'indépendance leur a été octroyée par une France qui avait bel et bien triomphé militairement. 

Il y a davantage encore. L'évolution de ces cinquante dernières années montre sans conteste que les Algériens, minés par la corruption et le clientélisme quand ce n’était pas par de l’incompétence pure et simple, se sont révélés peu capables de gérer convenablement un pays. Et ce, malgré les richesses considérables issues de ce pétrole découvert par … la France (s’il ne devait y avoir qu’un seul aspect positif de la colonisation, ce serait celui-là). D’où ce réflexe récurrent qui consiste à se défausser sur notre pays et sur le colonialisme de leurs échecs tellement criants qu’ils en deviennent caricaturaux.

Du côté des Algériens de nationalité française, c’est sans doute pire encore avec ce rejet viscéral d’une France qu’ils n'ont jamais accepté comme leur pays. On pourrait objecter à bon droit que bien des choses n'ont pas été accomplies pour que ces gens, les jeunes surtout, soient conduits à accepter la France comme leur pays. On pourrait tout aussi bien observer que le déni de soi manifesté par toute une frange de la population française ne les incite guère à se considérer partie prenante de notre communauté nationale.

Le fait est, pourtant, que la France a fort bien pu se passer de l’Algérie tout au long de ces années post-coloniales alors que l’inverse n’est pas vrai. Quelle est la destination privilégiée des Algériens qui partent de chez eux ? La France. Quelle est la destination d’un président algérien atrabilaire en mal de soins médicaux ? La France.

Alors oui, le football en devient un défouloir. Et c’est là qu’apparaît manifeste la pusillanimité de nos dirigeants, de quelque bord politique qu’ils se situent. Souvenons-nous de ce match France-Algérie de 2001 au Stade de France où les « jeunes », comme disent les journalistes, avaient envahi le terrain. Raison alors invoquée par certains de ces" jeunes" dont la plupart étaient assurément de nationalité française : « … parce que la France (qui menait alors 4 à 0) cherchait à nous humilier ». Au moment même de ces incidents gravissimes, au cours desquels la Marseillaise avait été copieusement sifflée sous le regard indigné du président Chirac, la ministre des Sports de l’époque, Mme Marie-Georges Buffet, s’écriait niaisement : « Mais c’est la fête … » avant de recevoir un projectile sur la tête.

Eh bien « la fête » a recommencé à l’occasion de la qualification de l’Algérie pour le deuxième tour de la Coupe du monde 2014. Bilan : des dizaines de voitures incendiées et de déprédations diverses. A l’unisson du pouvoir et de la plupart des partis d’opposition, la presse a préféré évoquer des « débordements de joie ». C’est sans doute pour éviter de nouveaux débordements de joie que le ministre de l’intérieur s’apprêtait à prendre des mesures drastiques à la veille du match Allemagne-Algérie, tout en ayant la hantise d’un éventuel France-Algérie en quarts de finale. Qu'il soit rassuré, l'équipe algérienne a perdu et il est dommage qu'on n'ait pu la soutenir sincèrement et sans arrière-pensée tant elle était volontaire et héroïque.

Face au laxisme ambiant qui se fait volontiers complaisant, il ne faut pas s’étonner si de nouveaux incidents surviennent à l'avenir, que les "Fennecs" y soient ou non pour quelque chose. Il ne faut pas non plus s’étonner si certains Français éprouvent un sentiment de malaise et si certains élus entreprennent de tirer la sonnette d’alarme. 

Une question se pose toutefois : si les Algériens sont si fiers de leur indépendance et si méprisants envers un pays que leurs autorités qualifient volontiers de tortionnaire sinon de génocidaire, pourquoi quittent-ils leur patrie pour la France ? Aurait-on vu les Juifs revenir massivement en Allemagne après la dernière guerre ? La réponse n’est que trop évidente et c’est pourquoi la France doit se défaire de complexes qui n’auraient jamais dû être et qui sont moins que jamais de saison. Elle doit aussi et surtout s'interroger sur cette vache sacrée qu'est le soi-disant modèle d'intégration à la française qui, de toute évidence, ne marche plus à supposer d'ailleurs qu'il ait jamais marché.

Quant aux Algériens de nationalité, de souche et autres binationaux, ils devraient pouvoir célébrer tranquillement leur équipe de coeur - ce qui est archi-naturel - sans que leur loyauté envers la France puisse être remise en cause en raison des agissements d'une bande de voyous. En tant que supporter des Bleus, je trouverais à la fois moral et sympathique que la France venge prochainement l'Algérie en battant l'Allemagne ...

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