Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

jeudi 24 juillet 2014

Tout est fichu


 
La vraie question pour les Juifs est de savoir quand leur situation deviendra réellement intenable en France.

Inutile de gaspiller son temps à épiloguer sur les dernières manifestations pro-palestiniennes de Paris. Seuls les naïfs ou les crédules peuvent nier, aujourd’hui encore plus qu’hier, que la soi-disant défense du peuple palestinien dissimule un antijudaïsme patenté.

Erreur, s’empresseront d’objecter certains puristes soi-disant antiracistes dont le silence a été assourdissant face aux déprédations exceptionnellement graves commises à Sarcelles – des « hordes de sauvages », le président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone dixit – comme aux menaces directes contre des synagogues. Il ne s’agit pas d’antisémitisme mais d’antisionisme. Ah ! La belle distinction, qu’on nous ressert rituellement depuis des années …

Cette distinction ne dupera que les incultes qui ignorent ce qu’est le sionisme. Le sionisme est un mouvement né au XIXe siècle qui prônait le retour des Juifs, surtout ceux d’Europe persécutés, sur leur terre ancestrale. Une terre dont il n’est sans doute pas inutile de rappeler qu’elle s’appelait Judée avant que les Romains, pour punir les Juifs, ne la débaptisent pour la renommer Palestine... et avant que les Arabes ne viennent l’envahir par les armes à la suite de la prédication de Mahomet.

En conséquence, se proclamer antisioniste équivaut rien moins qu’à s’inscrire en faux contre le retour des Juifs sur leur terre et partant, à contester l’existence et la légitimité de l’Etat d’Israël. Que les Arabes brandissent l’antisionisme depuis des lustres n’est guère étonnant puisqu’ils ont toujours nié l’existence de l’Etat hébreu, contrairement à la communauté internationale. Mais il faut savoir que les élus de la République, ceints ostensiblement de l’écharpe tricolore, qui défilent dans les manifestations pro-palestiniennes se prononcent de facto contre l’existence d’Israël : n’est-ce pas MM. Cherki, Galut et consorts ?

Soit, mais est-ce beaucoup demander que d’appeler les choses par leur nom et de cesser l’hypocrisie ? Ceux qui manifestent réclament implicitement la disparition d’Israël et le retour à la situation ante-1948 où les Juifs pouvaient se faire massacrer dans l’indifférence générale : y compris celle de la Société des Nations, ancêtre de l’ONU dont l’actuelle directrice de la Commission des Droits de l’Homme a le front d’accuser aujourd’hui Israël de « crimes de guerre », alors même qu’elle reste muette face aux agissements de la Syrie et aux persécutions des Chrétiens d’Orient.

Point n’est d’ailleurs besoin de se lancer dans de grandes théories. Il suffit d’écouter ce qui se dit au quotidien dans la rue, comme cette conversation dont j’ai été témoin dans un café prétendument intellectuel du VIe arrondissement de Paris. Le protagoniste, un vieux  gandin aux cheveux aussi longs que blancs qui sentait à mille lieues cette intelligentsia-universitariste bien connue depuis mai 68, se déchaîna dans ses propos non seulement contre Israël, cet « Etat fasciste » dont il a contesté l’existence, mais aussi contre les Juifs qu'il se laissa aller à qualifier de « race    pourrie » … 

On n'était plus dans le registre de la théorie ou de l'analyse mais bien dans celui de la haine. Lui aussi, cet "intellectuel", cassait du Juif mais avec encore plus de violence que la racaille de banlieue qui, elle au-moins, a l'excuse de l'ignorance.

Nous y voilà donc. Une parole antisémite désormais décomplexée qui se répand inexorablement et dont il ne faut pas chercher bien loin les principaux fauteurs : non plus seulement l'extrême-droite, paratonnerre bien commode, non plus seulement une partie (sans doute pas minoritaire) de la communauté arabo-islamique mais toute l'extrême-gauche e,t notamment, ces intellectuels de gauche auto-proclamés antiracistes – le gandin susdit dont j'écoutais les propos se réclamait ouvertement, ce qui n'était guère fortuit, du philosophe Edgar Morin - qui gouvernent la société civile à coups de terrorisme idéologique. 

Dans notre pays, on ne peut même plus commenter, ce qu’il est loisible à tout un chacun d’observer au quotidien, que nos prétoires correctionnels sont essentiellement peuplés de mis en cause d’origine noire ou arabe, sans être sous le coup d’une justice que « les associations » s’empresseront de saisir sur le ton de l’indignation. Quelle chaîne d'information a révélé l'origine de l'agression perpétrée récemment contre trois rugbymen clermontois ? En revanche, on peut crier en toute impunité ou quasiment « mort aux Juifs » dans les rues de Paris. On peut également brandir sans risque le drapeau d’organisations qualifiées de « terroristes » par la France comme par l’Union européenne : je veux parler du Hamas et du Djihad islamique.

Il n’est pas possible de manifester, fût-ce pacifiquement, contre le mariage homosexuel sous peine de se voir aussitôt embastillé. En revanche, des élus socialistes pourront s’exhiber sans sourciller, et sans la moindre sanction de leur parti, dans une manifestation interdite par les pouvoirs publics. De même, un élu écologiste parisien pourra trouver normal, et le proclamer devant les médias, qu’il est normal de s’en prendre à des synagogues vu qu’elles se comportent « comme des ambassades ». Et tant pis, au passage, pour la belle distinction antisionisme – antisémitisme. Car si une synagogue est assimilée à une ambassade c'est à dire à un lieu politique, cela signifie au cas particulier que l'anti-judaïsme se confond avec l'anti-sionisme.

Le phénomène se constate hélas au quotidien : la France ne dispose plus d’un Etat qui sache se faire respecter. On transgresse ses interdits, on nie ses lois, on insulte et agresse sans le moindre retour de bâton – a fortiori avec la loi pénale concoctée par Madame Taubira pour mieux casser encore cette France qu’elle méprise en tant qu’indépendantiste guyanaise - les représentants de l’ordre. Pire encore aujourd’hui, une grande partie de sa population – gaucho-islamiste, pour la caractériser par son nom - ne craint plus d’imposer ses propres lois et règles. Si la transgression permanente est sa raison d’être, l’antijudaïsme est sa tentation de moins en moins cachée.

Oui, avouons-le, pour les Juifs de France le moment semble presque venu de reconnaître que tout est fichu. C’est bien dommage, mais nous qui avons appris de l’Histoire, de Vichy, de la collaboration et de ses délateurs, de tous ces complices de la rafle du Vel d’Hiv, on ne tient pas spécialement à connaître la fin du scénario. Voyez-vous, on a déjà donné.

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