Passage en force sur la réforme scolaire, nomination extravagante d'un haut magistrat, tel est décidément le visage de la "République exemplaire", façon Hollande
Même en ayant la
mémoire courte on ne peut que garder en tête l’anaphore, aussi inoubliable qu’impayable,
de « Moi président, je … »
On sait déjà ce qu’il
en est sur les promesses solennelles relatives à sa vie privée, ou au recul du
chômage ou encore sur le non recours à l’avion, supposé trop onéreux, pour ses
déplacements présidentiels. Deux nouvelles promesses télévisuelles de 2012 viennent
de se fracasser en peu de temps.
La première de ces
promesses concerne l’exemplarité du dialogue social. Dieu sait qu’on l’aura
reproché à Nicolas Sarkozy, lui qui n’eut pratiquement jamais l’occasion d’instaurer
un dialogue social digne de ce nom tant les syndicats comme le Parti socialiste
furent prompts à descendre dans la rue sans même daigner discuter autour d’une
table ! Eh bien voici que l’inénarrable Manuel Valls nous refait un de ses
numéros préférés, celui du passage en force, à propos de la réforme scolaire.
Peu importe que cette réforme soit frappée au coin du dogmatisme, à l’image de cette
improbable semi-marocaine à qui l’on a imprudemment confié l’authentique
maroquin de l’éducation nationale et qui entend se venger des élites au prétexte
inavoué qu’elle a été recalée deux fois à l’ENA.
A entendre Valls, cette
réforme est absolument indispensable. Curieux tout de même, ce n’était pas
exactement l’opinion de son prédécesseur J-M Ayrault, ni d’ailleurs de F.
Hollande jusqu’à ces derniers jours. Grâce à sa ministre, Valls aura tout de
même réussi à se mettre à dos une partie de la gauche, au sein de laquelle une
forte proportion d’enseignants qui constituent en principe le gros de la
clientèle socialiste. Il n’empêche. Valls déclare vouloir aller jusqu’au bout
et avoir même déjà préparé à cet effet les décrets d’application. Il est vrai
que l’enseignement obligatoire de l’islam, tel qu’il ressort de la réforme, ne
peut attendre un seul instant. De même ne faut-il pas accorder le moindre répit
à la déconstruction systématique de l’enseignement de l’histoire, le directeur
supérieur des programmes ayant même déclaré à ce sujet que l’exposition du « roman
national » n’était guère sa tasse de thé.
Comme d’habitude, il
est à espérer que la droite, une fois revenue au pouvoir, aura le courage de
faire le ménage de ces soi-disant pédagogues ou responsables de l’enseignement
qui n’ont de cesse de complètement à terre un système éducatif déjà sinistré.
Il faudra reconstruire ce qui a été massacré et, forcément, pas avec les mêmes
gens. Mais rien n’est moins sûr, tant la droite se montre d’une poltronnerie
singulière en matière de nomination comme d’éviction là où la gauche s’est toujours
cru tout permis.
Un dernier exemple en
date vient d’en être administré par la nomination à un des postes les plus
prestigieux de la magistrature française - Procureur général de Paris, excusez
du peu - de Mme Champrenault qui était jusqu’alors Procureur de Basse-Terre en
Guadeloupe. Le moins qu’on puisse dire est que la promotion s’avère étonnamment
fulgurante. La Chancellerie s’en explique, d’ailleurs sans le moindre complexe,
en faisant valoir que l’heureuse élue est « très appréciée » de la
Garde des Sceaux. On ne saurait mieux dire. Du reste, l’intéressée a
immédiatement fait part de son souhait de faire prévaloir le « social »
et l’« humain » dans ses décisions. On imagine déjà le désastre, les
prisons qui se vident et la théorie de l’excuse à la boutonnière. Décidément le
sectarisme de Mme Taubira aura été jusqu’au bout un fléau dont la droite devra
se préoccuper, toutes affaires cessantes, de réparer les immenses dégâts.
Quid de la République
exemplaire dans cette affaire où l’orientation partisane aura une fois de plus prévalu
sur la compétence propre ? On ne nous fera pas croire, en effet, qu’il n’existait
pas, des magistrats plus qualifiés, plus expérimentés et, en un mot, plus appropriés
à cette fonction éminente. Nul n’ignore que le poste de procureur à Basse-Terre
est un peu, pour la justice, ce qu’un poste de Préfet de Lozère ou des
Alpes-de-Haute-Provence est pour l’administration préfectorale. Le ministre de
l’intérieur aurait-il eu l’idée saugrenue de nommer à la tête de la région
Ile-de-France le préfet de Digne-les-Bains ? Soulever l’interrogation
équivaut à y répondre.
On ne doute pas que Mme
Taubira sera prompte à taxer de racisme tous ceux qui s’aviseront la moindre objection
contre une nomination qui est à l’évidence idéologique et abusive. Mais la
"République exemplaire" est là, qu’on se le dise. Continuons à nous en esbaudir,
bordés par le sourire inébranlablement béat de M. Hollande.
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