Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

mardi 19 mai 2015

Des nouvelles de la « République exemplaire »



Passage en force sur la réforme scolaire, nomination extravagante d'un haut magistrat, tel est décidément le visage de la "République exemplaire", façon Hollande

Même en ayant la mémoire courte on ne peut que garder en tête l’anaphore, aussi inoubliable qu’impayable, de « Moi président, je … » 

On sait déjà ce qu’il en est sur les promesses solennelles relatives à sa vie privée, ou au recul du chômage ou encore sur le non recours à l’avion, supposé trop onéreux, pour ses déplacements présidentiels. Deux nouvelles promesses télévisuelles de 2012 viennent de se fracasser en peu de temps.

La première de ces promesses concerne l’exemplarité du dialogue social. Dieu sait qu’on l’aura reproché à Nicolas Sarkozy, lui qui n’eut pratiquement jamais l’occasion d’instaurer un dialogue social digne de ce nom tant les syndicats comme le Parti socialiste furent prompts à descendre dans la rue sans même daigner discuter autour d’une table ! Eh bien voici que l’inénarrable Manuel Valls nous refait un de ses numéros préférés, celui du passage en force, à propos de la réforme scolaire. Peu importe que cette réforme soit frappée au coin du dogmatisme, à l’image de cette improbable semi-marocaine à qui l’on a imprudemment confié l’authentique maroquin de l’éducation nationale et qui entend se venger des élites au prétexte inavoué qu’elle a été recalée deux fois à l’ENA. 

A entendre Valls, cette réforme est absolument indispensable. Curieux tout de même, ce n’était pas exactement l’opinion de son prédécesseur J-M Ayrault, ni d’ailleurs de F. Hollande jusqu’à ces derniers jours. Grâce à sa ministre, Valls aura tout de même réussi à se mettre à dos une partie de la gauche, au sein de laquelle une forte proportion d’enseignants qui constituent en principe le gros de la clientèle socialiste. Il n’empêche. Valls déclare vouloir aller jusqu’au bout et avoir même déjà préparé à cet effet les décrets d’application. Il est vrai que l’enseignement obligatoire de l’islam, tel qu’il ressort de la réforme, ne peut attendre un seul instant. De même ne faut-il pas accorder le moindre répit à la déconstruction systématique de l’enseignement de l’histoire, le directeur supérieur des programmes ayant même déclaré à ce sujet que l’exposition du « roman national » n’était guère sa tasse de thé.

Comme d’habitude, il est à espérer que la droite, une fois revenue au pouvoir, aura le courage de faire le ménage de ces soi-disant pédagogues ou responsables de l’enseignement qui n’ont de cesse de complètement à terre un système éducatif déjà sinistré. Il faudra reconstruire ce qui a été massacré et, forcément, pas avec les mêmes gens. Mais rien n’est moins sûr, tant la droite se montre d’une poltronnerie singulière en matière de nomination comme d’éviction là où la gauche s’est toujours cru tout permis.

Un dernier exemple en date vient d’en être administré par la nomination à un des postes les plus prestigieux de la magistrature française - Procureur général de Paris, excusez du peu - de Mme Champrenault qui était jusqu’alors Procureur de Basse-Terre en Guadeloupe. Le moins qu’on puisse dire est que la promotion s’avère étonnamment fulgurante. La Chancellerie s’en explique, d’ailleurs sans le moindre complexe, en faisant valoir que l’heureuse élue est « très appréciée » de la Garde des Sceaux. On ne saurait mieux dire. Du reste, l’intéressée a immédiatement fait part de son souhait de faire prévaloir le « social » et l’« humain » dans ses décisions. On imagine déjà le désastre, les prisons qui se vident et la théorie de l’excuse à la boutonnière. Décidément le sectarisme de Mme Taubira aura été jusqu’au bout un fléau dont la droite devra se préoccuper, toutes affaires cessantes, de réparer les immenses dégâts.

Quid de la République exemplaire dans cette affaire où l’orientation partisane aura une fois de plus prévalu sur la compétence propre ? On ne nous fera pas croire, en effet, qu’il n’existait pas, des magistrats plus qualifiés, plus expérimentés et, en un mot, plus appropriés à cette fonction éminente. Nul n’ignore que le poste de procureur à Basse-Terre est un peu, pour la justice, ce qu’un poste de Préfet de Lozère ou des Alpes-de-Haute-Provence est pour l’administration préfectorale. Le ministre de l’intérieur aurait-il eu l’idée saugrenue de nommer à la tête de la région Ile-de-France le préfet de Digne-les-Bains ? Soulever l’interrogation équivaut à y répondre.

On ne doute pas que Mme Taubira sera prompte à taxer de racisme tous ceux qui s’aviseront la moindre objection contre une nomination qui est à l’évidence idéologique et abusive. Mais la "République exemplaire" est là, qu’on se le dise. Continuons à nous en esbaudir, bordés par le sourire inébranlablement béat de M. Hollande.

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