Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

samedi 6 mai 2017

Définitivement nul !




La coupe est pleine et la meilleure chose qui puisse arriver à cette campagne présidentielle finissante est qu'on l'oublie vite. Très vite.
 
On connaissait déjà la quinzaine du blanc, la quinzaine des réalisateurs à Cannes, la quinzaine de Roland Garros. Voici que s’achève la quinzaine de l’antifascisme (l’expression est de Natacha Polony, rendons à César …). Il était d’ailleurs temps que cette campagne présidentielle vienne à son terme. Rien ne nous aura été épargné dans le registre de l’écoeurement et dans ce que la politique peut avoir de pire en fait de pratiques et de comportements : la palme revenant évidemment au fameux débat d’entre-deux-tours.
 
Peut-être cela en consternera-t-il plus d’un, et j’en suis sincèrement désolé par avance, mais il n’y aura pas eu un camp pour rattraper l’autre dans cette affaire. Certes, je puis admettre sans finasser tout ce que le Front national, fût-il dé-diabolisé par Mme Le Pen, peut avoir de dangereux ; tout ce qu’une partie de son entourage peut encore avoir de vénéneux ; tout ce que son programme économique peut avoir d’ubuesque.
 
Et pourtant, j’avoue « en même temps » pour parler comme notre futur président, que j’ai le plus grand mal à accorder du crédit au camp d’en face, celui du bien autoproclamé et du politiquement correct. Le temps de cette campagne détestable qu’il faudra très vite oublier, il est devenu trivial d’aborder les vrais sujets, sociétaux tout autant qu’économiques, qui assaillent notre pays. En revanche, il est devenu du dernier chic et du convenable le plus achevé d’ajouter son grain de sel personnel sinon de déverser carrément sa bile contre le « populisme » : étant entendu que celui-ci, tout comme le racisme d’ailleurs, ne peut qu’être d’extrême-droite.
 
Ainsi, on ne nous aura fait grâce d’aucun engagement – forcément « courageux » - d’artiste ou d’intellectuel souvent en mal de reconnaissance ; d’aucune intervention péremptoire de patrons du CAC 40, ceux-là même qui « optimisent fiscalement » d’une manière éhontée ; d’aucune pétition émanant de groupuscules, qui pour être montés artificiellement en épingle par des médias complaisants, ne représentent souvent qu’eux-mêmes ; d'aucun commentaire journalistique tendancieux, l'objectivité ayant été passée par profits et pertes ; d’aucune injonction assénée par des sommités morales de l’acabit de BHL dont se souviennent encore amèrement les Bosniaques et, plus récemment, les Libyens.
 
Or, ce n’est pas parce que la vision du Front national est hors sol voire dangereuse et détestable que la vision de ses détracteurs doive être sanctifiée mécaniquement de toutes les vertus. Contrairement au fameux adage, les ennemis de mes ennemis ne sont pas forcément mes amis.
 
Mes amis, ceux qui sont d’accord avec M. Macron pour affirmer qu’il n’existe pas de culture française mais des cultures en France ? Mes amis, ceux qui, sous couvert d'une réconciliation aux allures de soumission, ne retiennent de l'histoire de France que ses prétendus "crimes contre l'humanité" ? Mes amis, ceux qui ont grand soin de ne jamais évoquer l’islamisme, y compris à l'occasion des attentats qui ont frappé la France ? Mes amis, ces antifascistes de pacotille mais authentiques islamo-gauchistes qui profitent des manif pour casser et piller à tout va, quand ils ne transforment pas les policiers en torches vivantes, dans la quasi-indifférence des pouvoirs publics qui ne se font pas violence pour oublier, en de telles occasions, qu'il existe un état d'urgence ? A ce propos, du reste, j’attends encore que notre fameuse « gauche morale » - celle qui n'a de cesse qu'elle ne vitupère les "violences policières" - se scandalise de la dernière tentative d’assassinat contre un représentant de l’ordre ou qu’Hollande se rende illico au chevet du policier blessé comme il l’a fait s’agissant d’un jeune des « quartiers », pour employer la nov’langue. On peut toujours attendre mais sans trop rêver ...
 
Mes amis, ceux qui récupèrent la rhétorique de l’antiterrorisme alors qu’ils n’ont aucune envie de traduire en actes leurs vaines (quoique profitables électoralement) exhortations ? Mes amis, ceux qui, contre toute évidence, ont décrété une fois pour toutes que l’immigration était une chance pour la France – quels que soient le nombre et la qualité des nouveaux arrivants – et que le « vivre ensemble » (avec nos « fichiers S », ceux-là même qui sont connus des services mais qu'on n'interpelle qu'après la bataille, qui sait ?) était un credo indépassable ?
 
Non, ces gens-là ne sont pas mes amis. Et, d’ailleurs, quand on compte de tels amis, mieux vaut s'accommoder de ses ennemis. Tout en accusant le FN de prospérer sur la peur, ils ne se seront pas eux-mêmes gênés pour entretenir sans vergogne la peur d’un fascisme imaginaire. Quitte à convoquer fallacieusement, comme il se doit, la soi-disant histoire et les sempiternelles années trente. Quitte aussi à multiplier les rappels mémoriels en tentant notamment d’instrumentaliser la Shoah.
 
Jusqu’à quand devrons-nous supporter cette lamentable et fastidieuse comédie du fascisme qui « ne passera pas » ? Même si elle fait toujours recette, il n'y a aucune raison de consentir à cette peur habilement organisée plus de respectabilité qu'à celle entretenue par un Front national jouant sur le déclassement de la "France périphérique".
 
Non, je puis me résigner à applaudir à ce bal des hypocrites. Et, du reste, si l’histoire de ces dernières années devait avoir un sens, elle mettrait en exergue le fait que c’est sous les régimes de gauche que l’extrême-droite en France a le mieux prospéré. Pourquoi donc ? Au regard de la faillite des conséquences sociales désastreuses des politiques économiques qu’elle a mises en œuvre, sans doute. Mais il y a pire lorsqu’on s’aperçoit qu’à plusieurs reprises la gauche a sciemment favorisé la montée du Front national afin de conserver la main. N’était-ce pas déjà le cas avec Mitterrand qui, au milieu des années 1980, aura favorisé par le biais d’un changement de mode de scrutin la représentation parlementaire des amis de M. Le Pen ? N’est-ce pas le cas aujourd’hui avec Hollande qui joue les Cassandre, dans ce style « comique troupier » qui lui est propre, alors qu’il y au moins  20 points d’écart entre Macron et Le Pen dans les sondages et que toute comparaison avec le match Clinton-Trump de novembre dernier relève de la pure escroquerie intellectuelle ?
 
Quand on favorise à ce point le FN et qu'on fait ainsi ouvertement "son jeu", pour reprendre une expression aussi horripilante que récurrente, gageons qu"on n’est pas le mieux fondé pour crier ensuite au loup. Mais qui s’en soucie vraiment ? Décidément, en politique comme en d'autres domaines, la décence est vraiment devenue une valeur du passé, ringarde et rétrograde. Rance ? On n’est hélas plus très éloigné de le penser.

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