Revu pour la énième fois Breakfast at Tiffany’s avec l’inoubliable Audrey Hepburn,
personnification de la classe d’une époque qu’incarnaient tout aussi bien Grace
Kelly, Ingrid Bergman ou encore Cary Grant. Certes, sans la musique d’Henry
Mancini, ce film-culte, comme on dit aujourd'hui, n’eut sans doute pas été le même. Il n’en
resterait pas moins l’élégance discrète d’Hepburn et sa désinvolture de jeune
fille sage et bien née. Mais je vous parle là d’un monde …
Association d’idée quasi inévitable en ce qui
me concerne, cette sophistication classieuse renvoie tout droit à John F.
Kennedy qui aurait eu cent ans ce 29 mai. Une des nombreuses maîtresses qu’on
lui prêta aurait dit de lui au lendemain de son assassinat : « Il a donné à
l’Amérique la seule chose qui lui manquait : la majesté ». En vérité,
il s’agissait moins de majesté – Franklin D. Roosevelt n’en était pas dépourvu
– que d’élégance et de glamour,
choses jusque-là inconnues. Inutile de s’attarder sur le charisme hors normes de
JFK ou sur l’image rayonnante de Jackie. Ceux qui n’ont pas déjà compris cet exceptionnalisme
ne le comprendront probablement jamais.
L’élégance, une vertu en voie de disparition
ai-je l'habitude de ressasser sans en éprouver le moindre complexe, au mépris des railleries visant habituellement
le « c’était mieux avant ». Et pourquoi pas, après tout ? Oui,
en matière d’élégance au moins, c’était mieux, c’était beaucoup mieux avant. C’était
mieux en tout cas avant Trump qui ne pourra jamais, quoi qu’il en ait, se débarrasser
du sparadrap de sa vulgarité. Jusque dans sa façon de se comporter avec son
épouse voire d’asséner quelque petite tape amicale et paternelle à Emmanuel
Macron qui se situe à des années-lumière de ce que l’Américain représente.
Mais il faut être équitable. C’était mieux
aussi avant Hillary Clinton et son hypocrisie typiquement WASP. Elle a beau s’évertuer
à nous jouer la vertu en étendard et le féminisme en bandoulière. Elle restera pour la postérité celle
qui s’assit sur les infidélités de son époux, du moment que celles-ci ne
contrariaient ses propres ambitions présidentielles et même les servaient d'une certaine façon. Au fond, la
Claire Underwood d’House of Cards n’aurait
pas fait mieux.
Voici aujourd’hui qu’Hillary, lasse sans doute de remâcher
son amertume, entend exister de nouveau en se lançant dans une comparaison fielleuse
entre Trump et Nixon. Inutile de préciser pourquoi. Il est vrai qu’elle est une
experte sur ce terrain. En 1973-1974, jeune et brillante avocate, elle fit
partie du team juridique du parti démocrate qui
finit par arracher la démission du président Nixon avant qu’il ne fût
destitué. Dans ce team figuraient des libéraux poursuivant Nixon de leur haine
depuis une bonne vingtaine d’années : depuis précisément « l’affaire
Alger Hiss », à l’occasion de laquelle il avait eu l’outrecuidance de
mettre en cause puis de faire condamner pour espionnage un diplomate de haute
volée, représentant flamboyant de l’élite « progressiste ». Les
nantis ne l’avaient jamais pardonné au jeune représentant républicain qui n’avait, lui,
pour seul mérite que d’avoir échappé par sa persévérance et par son talent à la
pauvreté d'où il était issu.
Dans le combat de madame Clinton contre
Nixon, je ne puis m’empêcher de voir, au-delà de la justice ou d’une prétendue morale contre le Mal, la vengeance irréductible des élites contre le « petit
chose ». Non, décidément, madame Clinton n’est ni sympathique, ni élégante.
Je suis d’autant moins partial à cet égard que je reconnais, pour m'en louer, que son mari Bill reste, pour sa part, fondamentalement sympathique aux yeux des
Américains et au-delà. A propos, lui au moins eut l’élégance de convier Nixon à la Maison
Blanche afin de recueillir ses conseils politiques. Ce n’est guère fortuit. Bill Clinton
fut président des Etats-Unis tandis qu’Hillary ne le sera jamais.
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