« L’éternité c’est
long, surtout vers la fin » plaisantait naguère Woody Allen. Nul doute que
le terme programmé de la présidence Obama ressemblera à cette éternité et n’en
finira plus de finir. Et ce sera dans la déception totale, quand viendra
l’heure des bilans.
La chose était
prévisible tant « on » – surtout les Européens et les libéraux
américains, d’ailleurs – avait misé sinon fantasmé sur cet homme brillant et
charismatique. A lui seul, il était censé résoudre les problèmes de la planète
et redorer le blason de l’Amérique prétendument terni par George W. Bush. Lui
seul possédait la vertu de pouvoir changer le plomb en or et la détresse en
lendemains qui chantent. Et s’il le pouvait, c’était parce qu’il était noir et
qu’il fallait bien que le politiquement correct rencontre la réalité de l’histoire.
Sous le charme, la
communauté internationale avait été jusqu’à se ridiculiser en décernant dès
2009 à un Barack Obama passablement gêné un prix Nobel de la paix pour
l’ensemble d’une œuvre … qu’il n’avait pas encore construite. Le bilan à
présent n’en est que plus douloureux.
Il y a cinq ans, dans
l’euphorie ambiante, on supputait sur la présidence Obama en matière
internationale : ressemblerait-elle à celle de Carter – un autre prix
Nobel de la Paix et ce certainement pas fortuit – ou à celle de Clinton ?
Aujourd’hui, hélas d’ailleurs, la réponse ne fait plus de doute. C’est bien à celle
de Jimmy Carter, qui aura été de très loin le plus mauvais président américain
du XXe siècle, que s’apparente la présidence Obama.
D’ores et déjà, on s’aperçoit
que l’Amérique s’est affaiblie à l’échelle des nations tandis que la Chine s’est
renforcée et que la Russie a repris du poil de la bête au point de mener le jeu
lors du dernier sommet G8 en Irlande. Peut-être s’agissait-il là d’une
évolution quasi-structurelle vers un monde multipolaire qui se fût de toute
façon produite. Il n’empêche que les Etats-Unis pêchent par leur irrésolution
et que leur parole n’est plus entendue comme elle l’était auparavant. Irrésolution
à fermer Guantanamo après en avoir fait un thème de campagne électorale ;
irrésolution à rompre véritablement avec cette politique anti-terroriste qui
avait valu à Bush d’être cloué au pilori.
Faut-il revenir sur le « printemps
arabe », une des plus grandes supercheries de ce début de XXIe siècle, que
B. Obama n’aura pas peu appelé de ses vœux lors de son fameux discours du Caire ?
Obama aura joué les apprentis sorciers exactement de la même façon que Carter
avait joué avec le feu, en 1979, en encourageant la chute du Shah et l’avènement
des mollahs en Iran. On peut même ajouter qu’Obama a moins d’excuses que
pouvait en avoir Carter en son temps. Du point de vue des intérêts occidentaux
comme de celui de la démocratie, le bilan de ces révolutions arabes est
consternant.
Vis-à-vis de l’Iran, la
situation n’est guère plus favorable. Téhéran n’aura pas peu profité des années
Obama pour continuer son programme nucléaire tout en jouant au chat et à la
souris avec Washington (les Européens ayant déjà capitulé de longue date malgré
les coups de menton de pays comme la France, hier avec Sarkozy aujourd’hui avec
Hollande). Sur la Syrie, Obama avait cru pouvoir montrer son autorité en
édictant une ligne rouge liée à l’emploi d’armes chimiques dans la guerre
civile qui déchire le pays. L’emploi de telles armes vient d’être avéré mais,
pour autant, l’Amérique hésite encore. Quelle confiance accorder à sa parole ?
Si l’Amérique est en
déclin relatif sur le plan international, les hésitations chroniques d’Obama,
ses atermoiements érigés en action politique en sont hélas une illustration
parfaite. Pour le moment, Barack Obama est préservé de l’impopularité par sa
personnalité charismatique, ce suffit à le différencier d’un Jimmy Carter dont
l’image restera à jamais celle d’un « looser ». Mais pour combien de
temps encore ?
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