Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

mercredi 19 juin 2013

LA FAILLITE OBAMA


« L’éternité c’est long, surtout vers la fin » plaisantait naguère Woody Allen. Nul doute que le terme programmé de la présidence Obama ressemblera à cette éternité et n’en finira plus de finir. Et ce sera dans la déception totale, quand viendra l’heure des bilans. 

La chose était prévisible tant « on » – surtout les Européens et les libéraux américains, d’ailleurs – avait misé sinon fantasmé sur cet homme brillant et charismatique. A lui seul, il était censé résoudre les problèmes de la planète et redorer le blason de l’Amérique prétendument terni par George W. Bush. Lui seul possédait la vertu de pouvoir changer le plomb en or et la détresse en lendemains qui chantent. Et s’il le pouvait, c’était parce qu’il était noir et qu’il fallait bien que le politiquement correct rencontre la réalité de l’histoire.

Sous le charme, la communauté internationale avait été jusqu’à se ridiculiser en décernant dès 2009 à un Barack Obama passablement gêné un prix Nobel de la paix pour l’ensemble d’une œuvre … qu’il n’avait pas encore construite. Le bilan à présent n’en est que plus douloureux. 

Il y a cinq ans, dans l’euphorie ambiante, on supputait sur la présidence Obama en matière internationale : ressemblerait-elle à celle de Carter – un autre prix Nobel de la Paix et ce certainement pas fortuit – ou à celle de Clinton ? Aujourd’hui, hélas d’ailleurs, la réponse ne fait plus de doute. C’est bien à celle de Jimmy Carter, qui aura été de très loin le plus mauvais président américain du XXe siècle, que s’apparente la présidence Obama.

D’ores et déjà, on s’aperçoit que l’Amérique s’est affaiblie à l’échelle des nations tandis que la Chine s’est renforcée et que la Russie a repris du poil de la bête au point de mener le jeu lors du dernier sommet G8 en Irlande. Peut-être s’agissait-il là d’une évolution quasi-structurelle vers un monde multipolaire qui se fût de toute façon produite. Il n’empêche que les Etats-Unis pêchent par leur irrésolution et que leur parole n’est plus entendue comme elle l’était auparavant. Irrésolution à fermer Guantanamo après en avoir fait un thème de campagne électorale ; irrésolution à rompre véritablement avec cette politique anti-terroriste qui avait valu à Bush d’être cloué au pilori.

Faut-il revenir sur le « printemps arabe », une des plus grandes supercheries de ce début de XXIe siècle, que B. Obama n’aura pas peu appelé de ses vœux lors de son fameux discours du Caire ? Obama aura joué les apprentis sorciers exactement de la même façon que Carter avait joué avec le feu, en 1979, en encourageant la chute du Shah et l’avènement des mollahs en Iran. On peut même ajouter qu’Obama a moins d’excuses que pouvait en avoir Carter en son temps. Du point de vue des intérêts occidentaux comme de celui de la démocratie, le bilan de ces révolutions arabes est consternant.  

Vis-à-vis de l’Iran, la situation n’est guère plus favorable. Téhéran n’aura pas peu profité des années Obama pour continuer son programme nucléaire tout en jouant au chat et à la souris avec Washington (les Européens ayant déjà capitulé de longue date malgré les coups de menton de pays comme la France, hier avec Sarkozy aujourd’hui avec Hollande). Sur la Syrie, Obama avait cru pouvoir montrer son autorité en édictant une ligne rouge liée à l’emploi d’armes chimiques dans la guerre civile qui déchire le pays. L’emploi de telles armes vient d’être avéré mais, pour autant, l’Amérique hésite encore. Quelle confiance accorder à sa parole ? 

Si l’Amérique est en déclin relatif sur le plan international, les hésitations chroniques d’Obama, ses atermoiements érigés en action politique en sont hélas une illustration parfaite. Pour le moment, Barack Obama est préservé de l’impopularité par sa personnalité charismatique, ce suffit à le différencier d’un Jimmy Carter dont l’image restera à jamais celle d’un « looser ». Mais pour combien de temps encore ?

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