Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

vendredi 14 juin 2013

REGLEMENT DE COMPTES



Tout le monde le sait mais personne ne veut l’admettre en dehors de quelques rares éditorialistes lucides ou tout simplement courageux. Ce qui se passe actuellement dans ce qu’il est convenu d’appeler l’« affaire Tapie » mais que certains rêvent d’appeler l’« affaire Sarkozy » est rien moins qu’un règlement de comptes. Celui-ci est directement piloté par l’Elysée via le bras armé de Matignon le cas échéant.

Les médias s’accordent à reconnaître que l’Elysée a directement fait pression pour que Mme Lagarde ne soit pas mise en examen. Après DSK, cela aurait fait mauvais genre auprès du FMI et terni encore davantage l’image internationale de la France qui ordinairement, surtout depuis mai 20112 d’ailleurs, n’est guère fameuse. Soit mais qui s’en est ému ? Ne s’agit-il pas d’une pression caractérisée de l’exécutif auprès de la justice. Quel syndicat de la magistrature est-il venu à s’en plaindre ?

En revanche, ces mêmes personnes trouveront inévitable sinon normal que Stéphane Richard, le directeur de cabinet de Mme Lagarde, fasse quant à lui l’objet d’une mise en examen. Ce qui reviendrait à dire que Mme Lagarde n’était pas tout à fait au courant des agissements de son bras droit alors même qu’elle revendique la maternité de la décision d’arbitrage …

A propos d’arbitrage, c’est le bal des incompétents qui s’en donne à cœur joie pour insinuer que la procédure d’arbitrage n’avait aucune légitimité au cas d’espèce et que la procédure se passait tout à fait normalement : oui, si ce n’est qu’elle n’en finissait plus de finir depuis … 1994. Normal que la justice traîne à ce point ? Vraiment ? N’était-il pas logique qu’on cherche à en finir une bonne fois ? A ceux qui semblaient l’ignorer jusqu’à présent, il y a lieu de préciser que l’arbitrage, dans tout pays civilisé – dont la France des élites de gauche, plus quelques ignares de mauvaise foi classés à droite genre Charles de Courson, ne fait sans doute pas partie – est un mode de résolution des litiges commerciaux très répandu et même privilégié dans certains cas : et qu’en tout état de cause, l’arbitrage n’est ni une procédure exceptionnelle ni une procédure dérogatoire au droit commun.

Il n’empêche, certains persisteront à prétendre que l’arbitrage ne s’appliquait pas au cas de B. Tapie et que d’ailleurs, ce dernier n’avait pas du tout été grugé par le Crédit Lyonnais : vous comprenez, entre la parole d’un haut fonctionnaire, « gestionnaire exceptionnel » (et de gauche comme par hasard) qu’était M. Peyrelevade et B. Tapie, il n’y a pas photo comme on dit ainsi qu’il en va entre les gens biens et les voyous ou encore entre la soi-disant élite et la plèbe fût-elle enrichie.

Il se trouve tout de même que la justice a déjà reconnu que B. Tapie avait été floué dans cette histoire et que personne n’avait bronché à l’idée de recourir à l’arbitrage : pas plus le Lyonnais que le Consortium de réalisation (CDR) non plus que M. de Courson. Personne n’avait alors tiqué en établissant ex ante les plafonds d’indemnisation, ces mêmes plafonds qu’on juge aujourd’hui extravagants. Aurait-on remis en cause l’arbitrage s’il s’était avéré en faveur du Lyonnais ? Poser la question revient à y répondre. 

Il est clair que l’Elysée se moque pas mal de l’argent public soi-disant dilapidé. Il y a du règlement de comptes dans l’air, ce qui aboutit à la situation tragi-comique de la volonté du pouvoir de bouter Stéphane Richard hors de la présidence d’Orange alors même qu’il est défendu bec et ongles par le personnel et les syndicats. On avait connu les gens de gauche, naturellement moralisateurs, moins diserts à l’époque du Carrefour du Développement sous Mitterrand (n’était-ce pas de l’argent public ?) ou plus récemment lors de l’affaire Cahuzac. Assez curieusement d’ailleurs, on ne parle plus de cette affaire et la justice se comporte comme si elle se hâtait avec lenteur en espérant se perdre un jour dans les sables, lorsque la seule évocation de cette affaire deviendra incongrue comme elle l’est déjà pour les affaires que traîne DSK. Il faut que ce soit Mediapart qui, une fois de plus, alimente les éléments sur des agissements de corruption de M. Cahuzac. Pourquoi cela n’émane-t-il pas de la justice ? Ne sait-elle donc plus enquêter ? Ah oui, on évoquera opportunément le fameux « temps de la justice » : entendons le temps soit de lapider soit d’enterrer les dossiers.

Affaires DSK, affaire Cahuzac, affaire Tapie : le deux poids, deux mesures relève de l’euphémisme. Telle est la justice sous un régime de gauche. Et l’inénarrable Mme Taubira ? Aux dernières nouvelles, elle existe encore mais elle est fort occupée à imposer aux magistrats un stage sur … l’identité de genre. Il paraît que les magistrats ont fort peu apprécié. Sous Sarkozy, nul doute qu’ils se fussent mis en grève. Avec la gauche, ils en sont réduits à avaler des couleuvres. Allons, ne pleurons pas trop sur leur sort. Il y a pire en ce pays qui est en passe de devenir, outre celle où le ridicule ne tue pas, la patrie du chômage.

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