Tout le monde le sait
mais personne ne veut l’admettre en dehors de quelques rares éditorialistes
lucides ou tout simplement courageux. Ce qui se passe actuellement dans ce
qu’il est convenu d’appeler l’« affaire Tapie » mais que certains
rêvent d’appeler l’« affaire Sarkozy » est rien moins qu’un règlement
de comptes. Celui-ci est directement piloté par l’Elysée via le bras armé de
Matignon le cas échéant.
Les médias s’accordent à
reconnaître que l’Elysée a directement fait pression pour que Mme Lagarde ne
soit pas mise en examen. Après DSK, cela aurait fait mauvais genre auprès du
FMI et terni encore davantage l’image internationale de la France qui
ordinairement, surtout depuis mai 20112 d’ailleurs, n’est guère fameuse. Soit
mais qui s’en est ému ? Ne s’agit-il pas d’une pression caractérisée de
l’exécutif auprès de la justice. Quel syndicat de la magistrature est-il venu à
s’en plaindre ?
En revanche, ces mêmes
personnes trouveront inévitable sinon normal que Stéphane Richard, le directeur
de cabinet de Mme Lagarde, fasse quant à lui l’objet d’une mise en examen. Ce
qui reviendrait à dire que Mme Lagarde n’était pas tout à fait au courant des
agissements de son bras droit alors même qu’elle revendique la maternité de la
décision d’arbitrage …
A propos d’arbitrage,
c’est le bal des incompétents qui s’en donne à cœur joie pour insinuer que la
procédure d’arbitrage n’avait aucune légitimité au cas d’espèce et que la
procédure se passait tout à fait normalement : oui, si ce n’est qu’elle
n’en finissait plus de finir depuis … 1994. Normal que la justice traîne à ce
point ? Vraiment ? N’était-il pas logique qu’on cherche à en
finir une bonne fois ? A ceux qui semblaient l’ignorer jusqu’à présent, il
y a lieu de préciser que l’arbitrage, dans tout pays civilisé – dont la France
des élites de gauche, plus quelques ignares de mauvaise foi classés à droite
genre Charles de Courson, ne fait sans doute pas partie – est un mode de
résolution des litiges commerciaux très répandu et même privilégié dans
certains cas : et qu’en tout état de cause, l’arbitrage n’est ni une
procédure exceptionnelle ni une procédure dérogatoire au droit commun.
Il n’empêche, certains
persisteront à prétendre que l’arbitrage ne s’appliquait pas au cas de B. Tapie
et que d’ailleurs, ce dernier n’avait pas du tout été grugé par le Crédit
Lyonnais : vous comprenez, entre la parole d’un haut fonctionnaire,
« gestionnaire exceptionnel » (et de gauche comme par hasard)
qu’était M. Peyrelevade et B. Tapie, il n’y a pas photo comme on dit ainsi
qu’il en va entre les gens biens et les voyous ou encore entre la soi-disant
élite et la plèbe fût-elle enrichie.
Il se trouve tout de
même que la justice a déjà reconnu que B. Tapie avait été floué dans cette
histoire et que personne n’avait bronché à l’idée de recourir à
l’arbitrage : pas plus le Lyonnais que le Consortium de réalisation (CDR)
non plus que M. de Courson. Personne n’avait alors tiqué en établissant ex ante
les plafonds d’indemnisation, ces mêmes plafonds qu’on juge aujourd’hui
extravagants. Aurait-on remis en cause l’arbitrage s’il s’était avéré en faveur
du Lyonnais ? Poser la question revient à y répondre.
Il est clair que
l’Elysée se moque pas mal de l’argent public soi-disant dilapidé. Il y a du
règlement de comptes dans l’air, ce qui aboutit à la situation tragi-comique de
la volonté du pouvoir de bouter Stéphane Richard hors de la présidence d’Orange
alors même qu’il est défendu bec et ongles par le personnel et les syndicats. On
avait connu les gens de gauche, naturellement moralisateurs, moins diserts à
l’époque du Carrefour du Développement sous Mitterrand (n’était-ce pas de
l’argent public ?) ou plus récemment lors de l’affaire Cahuzac. Assez
curieusement d’ailleurs, on ne parle plus de cette affaire et la justice se
comporte comme si elle se hâtait avec lenteur en espérant se perdre un jour
dans les sables, lorsque la seule évocation de cette affaire deviendra
incongrue comme elle l’est déjà pour les affaires que traîne DSK. Il faut que
ce soit Mediapart qui, une fois de
plus, alimente les éléments sur des agissements de corruption de M. Cahuzac.
Pourquoi cela n’émane-t-il pas de la justice ? Ne sait-elle donc plus
enquêter ? Ah oui, on évoquera opportunément le fameux « temps de la
justice » : entendons le temps soit de lapider soit d’enterrer les
dossiers.
Affaires DSK, affaire
Cahuzac, affaire Tapie : le deux poids, deux mesures relève de
l’euphémisme. Telle est la justice sous un régime de gauche. Et l’inénarrable Mme
Taubira ? Aux dernières nouvelles, elle existe encore mais elle est fort
occupée à imposer aux magistrats un stage sur … l’identité de genre. Il paraît
que les magistrats ont fort peu apprécié. Sous Sarkozy, nul doute qu’ils se
fussent mis en grève. Avec la gauche, ils en sont réduits à avaler des
couleuvres. Allons, ne pleurons pas trop sur leur sort. Il y a pire en ce pays
qui est en passe de devenir, outre celle où le ridicule ne tue pas, la patrie
du chômage.
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