Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

dimanche 6 octobre 2013

Mourir en bonne santé ?


Bertrand Delanoë, à qui on ne saurait dénier une fibre d’homme de spectacle et qui est par ailleurs un amoureux authentique de football, aurait peut-être dû glisser un mot à la ministre socialiste. Toujours est-il que l’affaire a été tranchée et c’est Valérie Fourneyron, la bouche en cœur comme d'habitude, qui est venue annoncer la bonne nouvelle au monde du football : la taxe à 75% s’appliquera donc également aux joueurs dont le revenu annuel dépasse le million d’euros, donc de facto à la charge des clubs. Le président de la Ligue professionnelle, Frédéric Thiriez, dont le cœur est ou fut semble-t-il à gauche et à qui on prêtait une certaine influence, n’a sans doute pas dû en revenir.

Certes, si l’on entend situer l’affaire sur le plan étroitement moral, il n’y a effectivement aucune raison d’épargner le domaine sportif. Et pourtant, que ne voit-on au-delà de cette fameuse « justice » élémentaire que brandissent les socialistes en toute occasion pour faire passer les mesures les plus aberrantes : justice sociale, justice fiscale, entendons clairement « faire payer les riches ». Entendons, plus précisément, faire payer les classes moyennes (vous savez, ceux qui gagnent plus de 4 000 euros par mois comme disait Hollande) et pour qui ? Pour quoi ? Pour abonder des dépenses publiques tellement pléthoriques, et creusées allègrement par la gauche, qu’elles en deviennent ubuesques ? Pour combler le trou d’une sécurité sociale grevée d’abus et d’aberrations en tous genres ? Pour faire jouer ce qu’on appelle « solidarité » et qui n’est en fait que de l’assistanat dont les bénéficiaires croissent et multiplient sans fin ?

Revenons au football. Libre aux gens de considérer que les stars du ballon rond sont des profiteurs et ne méritent pas leur salaire. Oui, tout le monde le sait : la crise, le chômage, les bas salaires, l’indécence des hauts revenus, etc, etc. Il n’en reste pas moins que les stars de la NBA aux Etats-Unis gagnent bien davantage au basket et que les golfeurs restent de loin les sportifs les mieux lotis. Donc, tout est relatif.

Il y a ensuite la réalité. Taxer tous azimuts, comme nos socialistes français en ont l’art exclusif, est peut-être concevable mais à condition de ne pas scier la branche sur laquelle on est assis. Or ces charges supplémentaires qui, répétons-le encore, vont peser sur les clubs vont handicaper dramatiquement ceux-ci par rapport à leurs concurrents étrangers, les grands du genre Real, Manchester ou Milan pour ne citer qu’eux.

En effet, un grand joueur y regardera désormais à deux fois et même davantage avant de rallier notre Ligue 1 et ce, au moment même où la montée en puissance du PSG et de Monaco représentait un appel d’air salutaire. Par conséquent, notre championnat déjà peu attractif risque fort de retomber tout à fait dans ce qu’il est depuis des lustres : une compétition de seconde zone par rapport au calcio italien, à la premier league anglaise ou à la liga espagnole. Est-ce là ce qu’on souhaite, quitte à verser ensuite des larmes de crocodile sur des stades vides ?

N’oublions pas que le foot est un spectacle. Un joueur comme Zlatan Ibrahimovic, pour ne citer que lui, est incomparable à cet égard. Il peut enchanter, fasciner ou horripiler, il ne laissera personne indifférent. Surtout, il provoquera un engouement et fera vendre - maillots, abonnements TV - et son rayonnement rejaillira sur tout notre football et fera des émules voire des fortunes. Mais cet homme a un prix. Ceux qui le trouvent excessif ont des œillères, au nom d’une idéologie et d’une soi-disant éthique bon marché, et sont tout bonnement incapables d’en évaluer les retombées économiques globales.

Affirmer cela équivaut cependant à prêcher dans le désert face à des gens dont l’ouverture d’esprit n’a jamais été le point fort et qui continuerons, n’en doutons pas, à camper sur leurs positions. Et pendant ce temps, nos clubs français se font platement éliminer par des chypriotes ! L’histoire a montré qu’il était rare qu’un pays fort, en ascension économique et en pleine confiance, ait un football médiocre. L’inverse est évidemment vrai.

L’état de notre pays est un peu à l’image de notre football : affaibli, désorienté, timoré, courant après une gloire passée qu’il ne retrouvera sans doute plus. Qui plus est, nous continuons de nous enfoncer encore davantage par la volonté d'une puissance publique qui somme les entreprises publiques que sont les clubs de plier. Nul doute qu'ils devront s'y résoudre.

Pendant ce temps, nos voisins italiens, espagnols, anglais ou allemands rigolent. Mais peu importe. Nous Français, continuerons derechef à courir comme des dératés après une morale hypothétique ainsi qu’une prétendue « bonne santé » qu’on s’empressera d’ériger en modèle universel … quitte à en crever. 


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