Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

vendredi 24 mars 2017

Clap de fin (II) : Fausses manœuvres et pusillanimité



François Fillon et la droite sont largement responsables des difficultés dans lesquelles ils se trouvent empêtrés et de leur probable désastre électoral à venir.

J’ai eu l’occasion, dans ma contribution précédente, de suggérer à quel point dans l’affaire Fillon l’attitude des juges, notamment leur célérité singulière, confine à un acharnement plus que suspect. A tout esprit non crédule ou sectaire viendrait tout naturellement à l’idée que cette affaire a été sans nul doute savamment étudiée et orchestrée en amont. Elle apparaît même trop parfaitement montée pour être le simple fruit du hasard. Son timing interpelle tout particulièrement : à quel benêt fera-t-on croire que c'est par le plus grand des hasards que le fameux "temps de la justice" a déclenché la mise en cause de Fillon au lendemain même de la primaire de droite qu'il avait remportée haut-la-main ? N'était-ce pas à l'évidence une face de placer la droite en porte-à-faux et de lui voler l'élection présidentielle ?

Mais il faut reconnaître aussi que la droite aura largement contribué à creuser le bourbier dans lequel elle se trouve aujourd'hui empêtrée. A commencer par le principal intéressé, François Fillon lui-même. Si ce dernier n’est plus audible aujourd’hui, il n’a qu’à s’en prendre à lui-même. Certes, il s'attache désormais, en une manoeuvre un peu désespérée, à dénoncer l’Elysée et le cabinet noir qui a programmé sa perte. Et que F. Hollande, l’archétype du « faux-gentil », ose invoquer la dignité de l’action politique – lui avec son scooter comme avec ses révélations sur ce qu’un président ne devrait pas dire – prête au minimum sourire.

Le drame est que Fillon a sans doute raison en dénonçant la minutieuse machination dont il a été victime même s’il s’avérera quasiment impossible – sauf miracle ou énième rebondissement dont cette campagne présidentielle est cependant prodigue – de le démontrer à l’aide de preuves irréfutables. Mais n’est-on pas fondé à lui rétorquer que lui, Fillon, n’a pas répugné il y a quelques mois à tenter de frayer avec ce même cabinet noir, en l’occurrence Jean-Pierre Jouyet le Secrétaire Général de la Présidence, dans le but d’obtenir une accélération de la justice dans les affaires visant Nicolas Sarkozy ? C’est la fable classique de l’arroseur arrosé et il est bien connu qu’on n’éprouve guère de compassion particulière pour l’arrosé …

En outre, ce même Fillon n’a-t-il pas été jusqu’à se prévaloir du général de Gaulle pour mieux discréditer Sarkozy mis en examen … avant de reprendre sa parole et de décider de ne pas se retirer de la campagne présidentielle après sa propre inculpation par la justice ?


Il est clair que François Fillon s’est trop tiré de balles dans le pied pour demeurer aujourd’hui crédible. Le seul fait aujourd’hui que nombre de militants des Républicains déclarent voter pour le programme et non forcément pour l’homme est plus que révélateur.

Mais Fillon est loin d’être le seul à incriminer en ce domaine car les responsables de son parti ne ressortent pas indemnes de ce chaos annoncé. Il est tout de même sidérant qu’à de rares exceptions tel le député Georges Fenech, ils se soient abrités aussi peu glorieusement derrière le résultat de la primaire pour décider de ne rien faire. Eux aussi portent la responsabilité du crash prévisible du 23 avril prochain. N'existe-t-il donc pas dans ce parti au moins une personnalité de poids pour ne pas avoir fait comprendre à Fillon qu’il allait dans le mur et les siens avec lui ? N'y avait-il pas un seul leader doté de l’autorité nécessaire pour faire changer de fusil d’épaule à la droite quand il était encore temps ? Et au diable le juridisme tatillon et le soi-disant règlement de la primaire : quand le bateau coule, on ne brandit pas le règlement intérieur pour s'abstenir de bouger. Il est des circonstances où l'impéritie flirte dangereusement avec une certaine lâcheté.


Oui, François Hollande, dont la présidence a été tellement lamentable qu’il n’a même pas eu le courage de se représenter, a sans doute inspiré sinon fomenté ce complot afin de faire gagner paradoxalement celui-là même qui l'aura trahi, Emmanuel Macron : ce qui est une façon pour lui de préserver en partie son image et pour la gauche de revenir par la fenêtre – il n’est que d’observer l’engouement et le soulagement avec lesquels les 'Hollandais" se reportent sur Macron - après en avoir été chassée par la porte. Mais la droite, elle, n’a eu ni le vice ni même la simple habileté de parer au péril qui la menaçait d'emblée. Elle est ainsi vouée à perdre dans un mois en un "21 avril" inversé où elle n'aura plus qu'à faire le compte de son inanité. Le drame est qu'elle ne sera pas la seule à payer ses erreurs : le pays dans son ensemble en subira les conséquences.

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