Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

samedi 25 mars 2017

Dignité ?



Il est scandaleusement affligeant d’entendre Hollande parler de dignité, lui qui n’a eu de cesse qu’il n’abaisse la fonction présidentielle.
 
Ce qui restera à coup sûr du si calamiteux quinquennat de Hollande, c’est cette façon si particulière qu’il a d'émasculer les faits au point que leur signification s’en trouve souvent inversée. C’est aussi ce maniement des mots qui aboutit à les rendre creux et ambivalents : paroxysme ultime, sans doute, de ce relativisme idéologique qui s’est emparé des élites de notre pays depuis les années 1968.
 
Un exemple ? Le bilan que tire aujourd’hui Hollande de son quinquennat. Certes, on peut volontiers concevoir que, chez les politiques, l’autosatisfaction et le plaidoyer pro domo ne soient jamais très éloignés. Mais tout de même ! Affirmer froidement, à l’encontre de la vraisemblance la plus élémentaire, que sa fierté est de laisser la France plus forte et plus juste qu’il ne l’a trouvée en arrivant à l’Elysée est en soi un morceau d’anthologie.
 
Mais il y a mieux encore quand cet inénarrable « moi Président » se dit outré des propos de François Fillon, qui a eu l’audace de dénoncer un cabinet noir élyséen, en pointant un « manque de dignité » de l’intéressé. On peut toujours se dire, surtout en lisant l’ouvrage Bienvenue place Beauvau auquel s'est référé Fillon et qui est littéralement accablant pour Hollande quoiqu'en dise après coup un de ses auteurs (journaliste au Canard Enchaîné ...), que le candidat de la droite a frappé là où ça fait mal. Mais on peut également se dire qu’Hollande restera jusqu'au bout d’un cynisme impavide, appuyé il est vrai sur un monde médiatique qui lui demeure en grande partie acquis. A ce sujet, on ne peut résister à la tentation de filer à notre tour l’anaphore.
 
Dignité ? Le vocable peut prêter à sourire s’agissant de Hollande. Car on parle bien de cet homme qui, le jour funeste de son investiture en mai 2012, a refusé ostensiblement de raccompagner dignement son prédécesseur sur le perron de l’Elysée, le traitant comme un simple quidam et bafouant ainsi les usages républicains ainsi d’ailleurs que la courtoisie la plus élémentaire.
 
Dignité ? On parle bien de cet homme qui, après avoir critiqué le show off de Nicolas Sarkozy, n’a pas hésité à se donner publiquement en spectacle, lui et sa maîtresse qu’il a d’ailleurs cru bon de congédier sans le moindre égard, comme il en serait d’une gourgandine de bas étage. 
 
Dignité ? On parle bien de cet homme qui, aux dires de la maîtresse susdite et quelles que soient ses velléités revanchardes, qualifierait avec un mépris consommé les pauvres de « sans dents ». Du reste, comment ne pas y croire quand on mesure le dédain insondable de la gauche caviar pour ce peuple qui l’a portée au pinacle et qu’elle manipule à volonté. Une gauche dont la hantise du soi-disant « populisme » n’est au fond que le reflet de sa défiance profonde du peuple. Il est vrai que, vu du Café de Flore ou de la place des Vosges, le peuple ... Jusqu'à certains petits marquis qui en viendraient presque aujourd’hui à s’offusquer de ce que le suffrage électoral de leur concierge ait la même valeur que le leur.
 
Dignité ? On parle bien de cet homme qui s’en va en « lousdé », pour reprendre le sabir de ses grands amis rappeurs des banlieues - son électorat naturel - avec son casque et son petit scooter tromper minablement sa légitime sitôt qu’elle a le dos tourné.
 
Dignité ? On parle bien de cet homme qui, dans ses confidences aux journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme – qui les ont relatées dans leur best-seller « Un président ne devrait pas dire ça … » - qualifie la justice « d’institution de lâcheté... Parce que c'est quand même ça, tous ces procureurs, tous ces hauts magistrats, on se planque, on joue les vertueux... » Au point que les plus hauts hiérarques de l’institution judiciaire –devenue à présent sacro-sainte aux yeux de Hollande parce qu’elle s’acharne contre la droite - s’en sont légitimement émus à commencer par la Cour de Cassation qui a estimé qu’il n’était « pas concevable que la charge de président (...) puisse être utilisée par son titulaire pour contribuer à diffuser parmi les Français une vision aussi dégradante de leur justice". Au point aussi que l’auteur pitoyable de cette énième « petite blague » à deux balles n’a pu faire autrement que s’en excuser.
 
Dignité ? On parle bien de cet homme, dont l’humour ne fait décidément rire que lui et les habituels flagorneurs de Cour, qui a dénigré ouvertement, en février de cette année, la Cour des Comptes à l’occasion du pot de départ de son ancien conseiller politique Vincent Feltesse nommé dans la vénérable institution de la rue Cambon (à ce propos, bonjour les recasages dans la soi-disant « République exemplaire ») : «Je connais bien cette institution… Je l'ai choisie après l'ENA pour pouvoir trouver le temps de faire, parallèlement, de la politique… D'ailleurs, les membres y sont deux par bureau, pour que chaque personne puisse vérifier que l'autre n'est pas en train de dormir
 
Là encore, Hollande a dû s’excuser piteusement de propos manquant aussi ouvertement de dignité, tout en n’étant peut-être pas au bout de son humiliation. En effet, ne pouvant s’empêcher de gloser sur l'emploi du temps prétendument allégé des grands corps de l'Etat, il en a même rajouté une couche, bien épaisse cela va de soi : «Si à la Cour des comptes, les membres y sont deux par bureau, pour se surveiller, au Conseil d'État, c'est pire. Il n'y a pas de bureau. Tous les conseillers sont au même endroit.» De quoi faire pousser les hauts cris – même dans l’ambiance feutrée qui leur est   propre – des Sages du Palais Royal. C’est au point que l’avocat Jean-Pierre Mignard, pourtant « hollandais » de stricte engeance, a dû reconnaître sur une radio publique (donc « amie » par définition) qu'il était nécessaire que François Hollande présente ses excuses aux magistrats.
 
Oui, en un sens, Hollande est idéalement placé pour parler de dignité lui qui en est tant dépourvu et aura travaillé avec un zèle particulier, en cinq trop longues années, à avilir la fonction présidentielle. La « dignité hollandaise » ? Rien qu'un lamentable et consternant oxymore.

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