Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

vendredi 21 avril 2017

Plus d’un Français sur cinq …




Il est consternant de constater que, dans un pays aussi évolué que la France, un électeur sur cinq au bas mot vote encore pour le populisme révolutionnaire d’extrême-gauche.
 
Il y a trente-trois ans, autant dire la préhistoire, Valéry Giscard d’Estaing publiait son retentissant Deux Français sur trois dans lequel il expliquait doctement que la France avait besoin d’être gouvernée au centre : la preuve par neuf de son succès aux présidentielles de 1974 ; l'illustration modernisée tout autant – giscardisme oblige - du vieil adage de Paul Valéry suivant lequel le monde, pour ne vivre que par les extrêmes, « ne dure que par les moyens ».
 
Aujourd’hui, on n’en est plus là. Si le fameux théorème de VGE est désormais communément admis, une autre proportion inhérente au corps électoral ne laisse d’intriguer : plus d’un Français sur cinq, à se fier aux derniers sondages, accorderait ses suffrages à l’extrême-gauche. Et, à l'élection présidentielle, on ne compte pas moins de deux trotskystes, un candidat soutenu par le parti communiste et un autre, le vainqueur de la primaire à gauche, dont certaines idées flirtent ouvertement avec le jusqu'au-boutisme social.
 
Non, on ne rêve pas. Il y a dans ce beau pays, qui a bonne conscience en affectant de se faire peur avec la montée du populisme de l’extrême-droite lepéniste, plus de 20% de nos concitoyens qui font un autre choix de populisme extrémiste. Car c’est bien de cela dont il s’agit quand il est incarné par Nathalie Arthaud qui n’est que la version rajeunie, à défaut d’être plus sympathique, d’une Arlette Laguiller à ce point inoxydable que, pour peu, on aurait fini par la confondre avec la mère Denis. 
 
C’est bien également de cela dont il s’agit avec l’ineffable Poutou qui se croit révolutionnaire parce qu’il s’affiche à un débat télévisé en arborant un teeshirt blanc à la propreté douteuse. De toute évidence ignare, ce révolté en peau de lapin n’a-t-il donc pas lu au moins Lénine qui prescrivait à ses camarades d’être irréprochables quant à leur mise, lui-même donnant d’ailleurs l’exemple ? Pour autant, Poutou, dont le sens inné du grotesque le dispute à l’ignoble, ne fait plus rire du tout : apprenant en direct l’attentat terroriste sur les Champs Elysées et la mort d'un policier, il a jugé opportun de continuer à s’en prendre aux « violences policières » qui ne cessent « emmerder les jeunes des banlieues ». Et il se trouverait encore 1,5% d’électeurs prêts à voter pour un tel énergumène ?
 
C’est aussi de cela dont il s’agit avec un Mélenchon dont les talents d’orateur – tout comme dans le cas de Christiane Taubira, du reste – contribuent à brouiller la teneur de son discours politique. Et pourtant, Mélenchon n’a jamais renié son adulation de Fidel Castro, ce grand humaniste internationalement reconnu, ou d’Hugo Chavez, cet autre bienfaiteur de son peuple qu'il aura conduit à la ruine en dépit de ses richesses pétrolières. 
 
C’est bien de cela dont il s’agit à considérer les soutiens dudit Mélenchon. Clémentine Autain, par exemple, cette harpie extrémiste qui en veut à une partie de l’humanité au motif qu’elle aurait été violée lorsqu’elle était adolescente. Sans parler des communistes du PCF. Depuis près de trente ans, dans l’indifférence générale – c’est-à-dire politique, médiatique et académique, ces trois milieux ayant été systématiquement infiltrés par une gauche souvent radicale - ils se sont refait une virginité comme s’ils n’avaient jamais été les complices du totalitarisme soviétique et comme s’ils n’avaient pas durablement nié en leur temps l’existence du goulag. Une virginité qui aura même réussi le tour de force de passer sous silence leur longue inféodation au stalinisme tout comme le fait qu’ils n’auront commencé à lutter contre l’occupation nazie qu’à la mi-1941, au moment seulement de l’entrée en guerre de l’URSS. 
 
Les socialistes d'aujourd’hui se gardent bien de condamner leurs « camarades » communistes et font bloc dès que ceux-ci sont critiqués. Ils sont trop antimolletistes d'instinct pour se souvenir que Guy Mollet, l'ancien chef du parti socialiste au temps de la SFIO, soutenait fort justement naguère que "les communistes ne sont pas à gauche mais à l'Est". Savent-ils seulement qu’en 1942, lors de l’ignominieux procès de Riom organisé par le régime de Vichy, sept députés communistes écrivirent officiellement au maréchal Pétain afin de solliciter "l’honneur" de témoigner à charge contre Léon Blum et d’autres dirigeants politiques ? Rappelons le nom de ces tristes parlementaires qui font le déshonneur de la représentation populaire : Joanny Berlioz, Georges Lévy (!) Gaston Cornavin, Virgile Barel, Lucien Midol, Alfred Costes et François Billoux. Aura-t-on jamais entendu le PCF, après la guerre ou même plus tard, s’excuser pour cette infamie ? Pour la petite histoire, F. Billoux deviendra plus tard ministre tandis que V. Barel deviendra président de l’Assemblée nationale en tant que doyen d’âge …
 
Les bonnes âmes pourront bien nous rétorquer que c’est de l’histoire ancienne et que de l’eau a coulé sous les ponts. Toujours est-il que l’existence même d’un parti communiste reste une particularité consternante et en tout cas hélas bien française qui suscite la commisération sidérée du monde entier. Elle dénote à tout le moins l’archaïsme stupéfiant d’une partie de notre société française qui continue de nourrir ses rêves de Grand Soir, ne jure que par la lutte des classes et n’entrevoit la politique que par le prisme de l’utopie. Des gens prompts à combattre la paille du populisme de droite tout en négligeant la poutre d’un populisme de gauche animé par le ressentiment social et l’esprit de revanche. Un populisme laudateur des « quartiers », aveuglément pro-palestinien et ne cessant de sous-estimer, quand il ne le nie pas carrément, le danger terroriste. 

Au fond, pourquoi le populisme de l'extrême-gauche serait-il plus respectable que celui de droite ? Ses valeurs ? Celles qui consistent à applaudir à toutes les dictatures du prolétariat sous toutes les latitudes ? Celles qui proclamaient "pas de liberté pour les ennemis de la libertés" ? Celles qui font du guillotineur Robespierre, du massacreur Dzerjinsky (le fondateur de la redoutable Tchékha, police secrète soviétique) ou du boucher "Che" Guevara des modèles de vertus  sinon de romantisme révolutionnaire ? Il n'est que temps d'en finir avec ce double standard consistant à condamner les uns avec toute l'indignation convenue tout en fermant les yeux avec indulgence sur les turpitudes des autres.
 
Naguère, en 1971, dans un ouvrage publié à l’occasion du centenaire de la Commune de Paris (Tombeau pour la Commune), l’historien Max Gallo évoquait explicitement le scandale intellectuel qu’il y avait à mythifier au-delà de toute rationalité ces communards révoltés « partis à l’assaut du ciel ». Aujourd’hui le scandale est d’ordre sociétal : comment un pays moderne, apparemment évolué au point de persister à administrer des leçons au monde entier, peut-il continuer à sombrer dans un ridicule aussi stupidement dangereux en accordant du crédit à ces joueurs de flûte d’un genre nouveau ? Tout comme le flûtiste de la légende médiévale germanique de Hameln, les nôtres entraîneront très certainement les rats (devenus les électeurs) vers la rivière. Et, en plus, ils jouent de plus en plus faux et à contretemps …

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