Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

dimanche 1 septembre 2013

Ah ! L'histoire ...

Invoquer l'histoire est un réflexe parfois assez normal et même plutôt sain dans certaines situations. Les politiques s'en prévalent à longueur de temps. Qui viendrait à le leur reprocher, même si l'entreprise relève souvent de la manipulation ? Là où l'affaire devient franchement risible, c'est quand l'histoire est avancée par des illettrés ou des analphabètes qui semblent obéir à des réflexes de type pavlovien.

Il en va ainsi de cette brave (dans l'acception toute méditerranéenne du terme) électrice de gauche qui paraissait scandalisée voire révulsée de ce que le représentant du Front national ait commis le crime imprescriptible de se retrouver au second tour de l'élection partielle de Villeneuve-sur-Lot (vous savez, la circonscription de Jérôme Cahuzac) il y a quelques semaines. Il fallait la voir et l'entendre à la télé éructer telle une hystérique : "No pasaran !" ... le cri des Républicains espagnols au temps de la guerre civile. Grotesque d'abord, dans la mesure où la plupart de nos compatriotes ne comprennent pas (hélas) un mot d'espagnol. Mais peut-être souhaitait-elle simplement que chacun comprenne qu'elle appartenait à l'élite cultivée de notre beau pays.

Stupide ensuite car cette brave dame, trois quarts de siècle après la fin de cette guerre d'Espagne qui vit volens nolens triompher Franco, ne semble pas s'être aperçue qu'à l'époque "ils étaient passés" ! Que le fascisme avait bel et bien gagné la partie ! Que peut signifier, dans ces conditions, un cri aussi dérisoire ... surtout quand on sait qu'il fut également prononcé par des gens qui n'avaient rien à voir avec la démocratie comme les staliniens, les trotskystes ou les anarchistes ? (qu'on revoie pour s'en convaincre le très beau film d'Alain Resnais "La guerre est finie").

Absurde, enfin, car on se demande en quoi le (très) jeune homme représentant le Front national, qui n'avait connu ni la guerre d'Espagne ni la guerre mondiale et pas davantage celle d'Algérie ou du Vietnam, pouvait être concerné par l'apostrophe. Ah oui, j'oubliais, l'idéologie. Soit, mais en ce cas, il faudrait demander à tous les braves gens comme cette dame de se rappeler l'attitude de nombreux élus socialistes à l'époque de Vichy. Il faudrait aussi qu'elle s'interroge sur l'idéologie de leurs chers camarades communistes et les crimes qui ont été commis en son nom. Sait-elle seulement, cette dame qui se pare d'une vertu sélective, qu'en France même quatre députés communistes demandèrent personnellement au maréchal Pétain l'autorisation de témoigner contre Léon Blum lors du tristement célèbre procès de Riom ? "No pasaran" ! Cessons donc ces billevesées pseudo-historiques révélatrices d'un psittacisme primaire. 

Mais enfin, objectera-t-on non sans pertinence, il ne faut pas faire toute une histoire d'une personne sans doute limitée et vraisemblablement excitée par la rage d'une défaite peu glorieuse. Beaucoup plus pittoresque, en réalité, est l'invective d'Harlem Désir envers l'opposition, évoquant l'"esprit munichois" de ceux qui osent émettre des réserves sur une éventuelle intervention militaire française en Syrie. Bon, c'est vrai, il y a longtemps que personne - y compris et même surtout à gauche - ne nourrit plus aucune illusion sur les capacités intellectuelles de M. Désir. L'expression de "crétin qu'on mènera", utilisée jadis par  Thiers à l'égard de Louis-Napoléon Bonaparte, va comme un gant à ce monsieur dont on oublie par ailleurs un peu facilement qu'il fut condamné définitivement par la justice : 18 mois de prison avec sursis pour emploi fictif en 1998, sans compter l'amnistie dont il bénéficia de F. Mitterrand pour une dette de 80 000 francs de l'époque envers le trésor public Une paille ! Il est vrai que ces espiègleries ne sont pas pas vraiment choquantes dans un parti qui a élevé en son sein M. Guérini à Marseille ou encore les hiérarques corrompus de la fédération socialiste du Nord.

On ne doute pas de la gêne de certains dirigeants socialistes face à la nullité et à la vacuité de ce monsieur qui, pour être le chef de leur parti, est à lui seul une sorte de gag improbable. "Esprit munichois" ! Faut-il en déduire que les parlementaires anglais, qui ont empêché David Cameron de participer à une telle intervention en Syrie, sont aussi munichois ? Mais peut-être M. Désir entend-il en remontrer aux Anglais sur le chapitre de la résistance, qui sait ? Comme faisait dire Audiard, dans un de ses dialogues inimitables, "les cons ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît". 

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