Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

lundi 9 septembre 2013

L'odeur de la France

Se croyant encore sans doute en vacances, les modérateurs du Figaro doivent sûrement faire la sieste. Ou alors ils estiment que les blogs qui se succèdent sur le site du journal sont à ce point significatifs de l'opinion publique française qu'ils ne croient pas devoir les modérer alors que c'est normalement leur rôle. Le fait est que les déclarations ouvertement antisémites s'accumulent sans frein et sans la moindre vergogne sur la question syrienne.

En voudrait-on une illustration édifiante ? Tel blogueur qualifie L. Fabius et P. Moscovici, ministres de la République, "très proches d'Israël".  Il ne juge même pas utile d'apporter la preuve de cette allégation, laissant implicitement le lecteur se débrouiller avec les origines juives des deux ministres. Tel autre est un peu plus explicite en accusant L. Fabius de "rouler pour Israël". Ce n'est encore rien en comparaison de ce blogueur qui évoque Serge Dassault dont "le corelegionnaire Fabius a les mains tâchées de sang et a trempé dans toutes les saloperies du PS". Et de poursuivre en fustigeant Fabius, "un triste sire dévoué à Israël qui nous entraînera dans une guerre immonde sur le plan de la morale ... au moins papa Bloch avait plus de panache que son rejeton". Un autre encore, plus inhibé probablement, se contente de souligner "la proximité de Fabius avec Israël" qui est un "véritable problème". Cette inhibition n'est pas celle du blogueur qui compare L. Fabius à DSK "qui annonçait le matin quand il se réveillait qu'il pensait à ce qu'il pouvait faire pour Israël". Fermez le ban !

Qu'il y ait encore des antijuifs en France, nul n'en doutait. Que, depuis ces dernières années, les vannes de l'antisémitisme aient été ouvertes, à l'extrême-gauche comme à l'extrême-droite, à travers une critique systématique et aveugle du sionisme : il n'y a que les naïfs pour s'interroger encore à ce propos. On peut d'ailleurs se demander ce que vient faire Israël dans cette affaire alors que ce pays a été jusqu'à présent d'une discrétion extrême sur le conflit syrien. Et pour cause ! On ne voit pas pourquoi Jérusalem viendrait à prendre parti entre un régime qui lui est hostile depuis toujours et des cliques islamistes - celles que défend curieusement notre gouvernement - qui sont encore pires. Mais cela ne fait rien, il faut bien trouver n'importe quel prétexte pour remettre en cause la légitimité d'Israël, fauteur de guerre, et accuser les juifs "assoiffés de sang" dans la droite ligne des Protocoles de Sion.

Mais que des propos ignobles circulent tranquillement sur le site même du Figaro, il y a de quoi s'inquiéter. Le terrorisme intellectuel aidant, celui que font notamment peser ceux qui hurlent à tout propos à l'islamophobie, on banalise dangereusement l'antisémitisme qui est en train de devenir une opinion comme une autre dans ce pays.

Qu'il est dérisoire, dès lors, pour les pouvoirs publics de participer annuellement aux cérémonies de commémoration du Vel d'Hiv ou de dénoncer comme "inacceptable" les actes antisémites quand ils se produisent.

La France comme l'Europe ont déjà capitulé et ce n'est pas ce gouvernement veule qui y remédiera. Ce gouvernement qui n'ose avouer qu'il y a belle lurette que les enseignants qui le souhaitent ne peuvent même plus évoquer la Shoah dans nos établissements secondaires. Au nom d'une certaine idée de la paix sociale ? Il se peut mais alors cette société, on la laisse volontiers avec ses odeurs répugnantes à ceux qui s'en satisfont.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire