Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

jeudi 19 septembre 2013

Humoristes

L'humour est traditionnellement lié aux Britanniques et ce n'est pas vraiment scandaleux. Du côté français, en tout cas, ceux qu'on qualifie volontiers d'"humoristes" en donnent une illustration pour le moins singulière.

Je ne m'attarderai pas outre mesure sur le cas, manifestement désespéré, de Dieudonné dont l'antisémitisme compulsif relève depuis longtemps de la stricte pathologie. Ou alors il faudra qu'on m'explique en quoi la récurrence, d'une insistance consternante, des pires poncifs sur les juifs recèle la moindre once de comique ou d'humour. Sauf évidemment pour les simples d'esprit qui rient de tout ou les racistes congénitaux. Notons toutefois que les réactions à ce genre de postures antisémites font les délices de certains : quoi donc la même "blague" sur les juifs proférée par un Juif serait banale tandis qu'elle deviendrait ignoble dans la bouche d'un Gentil ? Ce genre de jésuitisme bon teint vaut son pesant de perversité. En raison de ce petit détail lepéniste qu'est la Shoah, une "histoire juive" ne peut avoir la même connotation qu'une "histoire belge" voire qu'une "histoire corse". La débilité ambiante pourra faire rire de la lourdeur supposée des Belges ou de la tout aussi prétendue paresse des Corses. Cela n'a pourtant n'a rien à voir avec une "histoire juive" qui touche, explicitement ou non, les ressorts essentiels d'un caractère supposé collectif qu'on caricature et stéréotype à traits grossiers : le rapport à l'argent (le Juif avide et avare) ou au sexe (le Juif libidineux) voire la propension à l'autocomplaisance ou à susciter la compassion (le Juif traditionnellement pleureur).

Autre exemple, celui de Stéphane Guillon dont l'humour bien particulier consiste à humilier sa cible en la ridiculisant jusque dans ses aspects physiques. On se rappellera les charges  odieuses à l'encontre d'Eric Besson, ancien ministre du gouvernement Fillon. Rien n'avait été épargné à ce dernier sous le regard goguenard non seulement de l'opposition de gauche mais aussi de la communauté journalistique dans son ensemble. En clair, l'humour permettrait tout.

C'est manifestement le précepte qu'a intégré Gérald Dahan qui s'est fait une notoriété, non sans une certaine complicité médiatique d'ailleurs, en piégeant certaines personnalités au téléphone. De la tromperie éhontée prétendant s'ériger en art ... à ceci près que ces soi-disant artistes adulés par l'audiovisuel brillent par leur inculture.Sa dernière victime en date a été tout récemment Jean-Vincent Placé, un des leaders d'EELV. Même si ce dernier n'est pas ma tasse de thé sur le plan politique, je trouvais déjà inadmissible qu'un élu de l'UMP, lors de la dernière campagne électorale, le qualifie de "coréen de service", en faisant allusion à ses origines. Que dire alors de la dernière sortie de Dahan qui voit en Placé, dont il se trompe au passage sur le prénom véritable, une "Eva Joly qui reviendrait de Fukushima ..." Jusqu'à plus ample informé, Fukushima est situé au Japon et non pas en Corée mais qu'importe ce détail géographique à notre "humoriste". Le rire n'a pas de frontière, n'est-ce pas ?

Pudiquement, la presse a parlé de "dérapage" à propos de Dahan. Ne pourrait-on, pour une fois, qualifier les choses avec un minimum d'exactitude ou de franchise et parler tout simplement de racisme ? Oui, l'"humoriste", dans notre beau pays, peut tout se permettre. Et il se trouvera toujours, hélas, des rieurs pour se mettre de son côté.

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