Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

vendredi 15 août 2014

L’administration française vraiment impartiale ?


Le conflit israélo-palestinien donne prétexte à des administrations françaises régaliennes à jeter aux orties la sacro-sainte neutralité de l’Etat.

On nous abreuve quotidiennement de grands principes sur la France, en tant que terre d’élection de la laïcité ou encore en tant que détentrice d'une administration dont la neutralité ferait l'admiration de nos voisins. Bornons-nous à relever que, sur ce dernier point comme sur beaucoup d'autres d'ailleurs, l’objet de notre orgueil est plutôt mal placé. 

En 2002, travaillant alors au cabinet du ministre des Affaires des étrangères, j’avais eu la stupéfaction de découvrir en visitant la direction Afrique du Nord-Moyen Orient (la fameuse ANMO) que les murs du « bureau Israël – Palestine » étaient tapissés de portraits de Yasser Arafat ainsi que d’affiches pro-palestiniennes. Je fus à l’époque encore plus étonné de constater que le directeur d’ANMO avec qui j’évoquais ce détail – « point de détail », aurait sans doute précisé quelqu’un d’autre – ne paraissait guère surpris, tout en ne voyant aucune raison d’ôter des murs du Quai d’Orsay le portrait et les affiches litigieuses. A contraire, il me parla alors des convictions personnelles de la personne concernée. 

Ce haut fonctionnaire, plusieurs fois ambassadeur sur des postes en vue du monde arabe, ne se souciait pas de ce qu’un serviteur de l'Etat, quel que soit son rang dans la hiérarchie, ne doit pas faire passer ses convictions personnelles avant l’intérêt public et la neutralité du service public. L’idée qu’un local public, celui d'un ministère régalien de surcroît, doit respecter des règles strictes d’impartialité ne semblait pas davantage le tarauder.

L’effet de l’habitude ? Nul n’ignore, en effet, la longue tradition pro-arabe du Quai d’Orsay ainsi que les inclinations du chef de l’Etat de l’époque, un certain Jacques Chirac. C’est au point que le moindre changement opéré à cet égard par l’actuel ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, entraîne une véritable bronca de la part de certains diplomates chevronnés. Il est vrai qu’il provoque tout aussi bien l’indignation de l’impayable Renaud Girard, journaliste au Figaro qui, à n'en point douter, ne pardonne pas à l’actuel ministre de lui avoir refusé le poste de diplomate qu'il convoitait tant. Toujours est-il que M. Girard croit devoir fustiger ce qu'il appelle l’inflexion pro-israélienne voire, à l’en croire, « néo-conservatrice » du Quai d’Orsay : étant entendu implicitement que l’orientation pro-arabe traditionnelle ne le choquait guère, bien au contraire même.

Mais délaissons les Affaires étrangères pour l’Intérieur, autre ministère régalien en vue dont le titulaire actuel, M. Cazeneuve, passe à juste raison pour un homme pondéré et honorable. Je ne doute pas qu’il ne restera pas indifférent à l’information avérée suivant laquelle le commissariat du XVe arrondissement de Paris arbore aujourd'hui ostensiblement dans un de ses bureaux, bien à la vue du public, un drapeau palestinien du plus bel effet. S’agirait-il d’une « prise de guerre », suite aux manifestations prétendument pacifiques en faveur du Hamas et des roquettes lancées en permanence sur Israël ? Sans avoir mauvais esprit, je n’irai pas jusqu’à le penser. Existerait-il alors, dans ce commissariat comme au Quai d’Orsay, des laudateurs de la cause palestinienne ? La question mérite d'être posée.

Quoi qu’il en soit, c’est à la hiérarchie administrative de faire respecter la neutralité impérative de l’Etat. Faute de quoi, il y a des sanctions prévues par les textes. Aurait-on peur de les appliquer ? Craindrait-on ce faisant de décourager les banlieues ? Au-delà des grandes déclarations, ce sont à ces petits signes, très peu visibles et dont les médias se gardent bien de parler, que se dessine un visage de la France qui me paraît inquiétant. J’ose espérer, en tout cas, que le ministre de l’intérieur saura remédier à de tels dérapages scandaleux. Car pour le Quai d’Orsay, et quel que soit le bon vouloir de M. Fabius, c’est déjà trop tard. Et depuis bien longtemps déjà.

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