Le souhait de faire évoluer les institutions du pays dans le sens d’une paralysie
molle est bien conforme à la mentalité socialiste.
Il a été beaucoup
glosé, et je dois confesser que je n’ai pas été le dernier en ce domaine, sur
la mollesse particulièrement affligeante de F. Hollande. Le grief était et demeure hélas totalement justifié,
jusques et y compris dans les accès d’autorité dont l'intéressé peut faire preuve, au
Mali ou ailleurs, à seule fin d'ailleurs de s’en dédouaner.
A présent, il convient non pas d’accoler un bémol à ce jugement sévère, en ce qu'il s’applique à un chef d’Etat,
mais de lui rendre d’une certaine façon justice. Car il est équitable de préciser que F. Hollande n’est pas le
seul dans sa famille politique à pécher de la sorte, loin s’en faut même. Si « Moi,
président » - accès préminitoire d’auto-affirmation tant la chose n'allait pas de
soi - est un mou par tempérament, d’autres à gauche le sont, et c’est plus grave
encore, par conviction.
L’exemple le plus
édifiant est la position de nos inénarrables socialistes français sur les institutions de la
Ve République. Ils auront d’abord été violemment, irréductiblement hostiles au
cadre institutionnel qu'avait dessiné en son temps le général de Gaulle en réaction à la
paralysie des IIIe et IVe Républiques. Ceux qui ont encore de la
mémoire se souviendront de la sortie polémique de François Mitterrand contre Le coup d’Etat
permanent, titre d’un de ses ouvrages demeuré célèbre. Ce même François
Mitterrand qui se sera tout de même présenté à l'élection de décembre 1965 avant d'enfiler ces mêmes habits gaulliens sans barguigner, au soir du
10 mai 1981 et … pour près de quinze ans !
Aujourd’hui, les choses semblent avoir changé. On parle
désormais beaucoup de VIe République à gauche. Sans doute que ne s’y trouve plus de
personnalité marquante qui serait encore capable d’endosser nos institutions. Alors,
chez les socialistes comme chez les Verts et naturellement chez les communistes,
on préfère décréter qu’est venu « le temps du Parlement ». Ah ! La belle
expression qui sent à plein nez ce que de Gaulle, pourtant encensé aujourd’hui
de toutes parts, aurait qualifié sur un ton goguenard de « démocrassouille ».
Certes, ce fut le
Parlement qui vota (à une voix près, il est vrai, et par la petite porte) l’avènement de la République par le truchement du célèbre amendement Wallon.
Mais ce fut aussi le Parlement – celui du Front populaire, par-dessus le
marché ! – qui vota les pleins pouvoirs au maréchal Pétain, en juin 1940.
Ainsi, s’il n'est pas contestable que le Parlement, institution honorable entre
toutes, est le pilier de tout régime démocratique, il serait prudent de ne pas la
sacraliser à l’excès.
Au fond, c’est toute la
différence entre régime parlementaire et régime d’assemblée, l’imposture de la
gauche consistant, aujourd’hui comme hier, à entretenir la confusion entre les
deux. Le régime parlementaire est un système qui incarne la séparation des
pouvoirs et fait notamment des assemblées le lieu où se font les lois : à
charge pour l’exécutif de s’y conformer en ayant la responsabilité exclusive de gouverner le pays. Le régime d’assemblée,
en revanche, instaure l’inféodation de l’exécutif envers le Parlement qui est le
véritable maître du jeu. Régime d’assemblée, c’est-à-dire domination des partis
et de leurs appareils, combinaisons permanentes et paralysie du pays.
C’est le choix de la
gauche que de souhaiter un exécutif paralysé et, tout particulièrement, un
président singulièrement affaibli au point de le ravaler ou peu s'en faut à l’inauguration des
chrysanthèmes. On ne se refait pas : nonobstant le changement de
générations, la gauche n’aura jamais intégré à son logiciel, tout en affectant de s’y
conformer de plus ou moins bonne grâce, l’élection du président de la
République au suffrage universel : le symbole d’une légitimité qu’il tire
de lui-même et non plus des partis ou d’assemblées.
Voilà donc ce que la
gauche veut au moins tacitement pour notre pays à l’heure où, devant relever des défis incroyablement complexes, celui-ci doit faire preuve d’autorité et d’esprit
de décision. On a bien compris que la gauche restait définitivement rétive à un tel
esprit et partant, à l’autorité en tant que telle. Au temps de F. Mitterrand,
elle n’avait pas tellement le choix et fut donc contrainte de manger son
chapeau en silence. Aujourd’hui, face à la faiblesse insigne d'un Elysée discrédité, elle révèle son vrai visage en même temps que
sa préférence ultime : celle d’un pays sans réelle volonté, bloqué et sur-administré,
ce qui va évidemment de pair.
Bien sûr, il y a bien
les rodomontades de M. Valls mais l’actuel premier ministre n’est pas
Mitterrand. Sinon cela se saurait déjà …
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