Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

lundi 15 juin 2015

Vive la démocratie sud-africaine !



Qui s'aviserait de critiquer un régime sud-africain tenu en Occident, l'esprit de repentance aidant, comme le Bien absolu. Que ce régime aide ouvertement un dictateur au mépris de la règle internationale n'est qu'un détail, bien sûr.

Pendant des années, on nous aura rabâché sur tous les tons l'exemplarité d'un modèle sud-africain post-apartheid devenu intouchable aux yeux de notre bienpensance. Imaginez un peu, un régime politique noir, forcément admirable, succédant à l’exécrable dictature blanche ! Plus vrai que nature. Et en plus, cette icône non moins intouchable qu’était Mandela aux obsèques duquel le monde entier s’est précipité comme un seul homme, les moindres chez nous n’étant pas Hollande et Sarkozy (presque) main dans la main. On en aurait presque oublié que le nouveau régime sud-africain est corrompu jusqu’à la moelle. On en aurait oublié également que Madiba, soit dit en passant, ne se cachait tout de même pas de soutenir le terrorisme palestinien …

Eh bien, les masques sont définitivement tombés avec l’épisode d’Omar el- Béchir. Président du Soudan et poursuivi pour crimes de guerre et pour génocide par la Cour pénale internationale, Béchir a été tranquillement invité par Pretoria à participer au 25e Sommet de l’Union africaine. 

Pour une fois, la CPI avait réagi à temps et était intervenue auprès de la justice sud-africaine pour que le président soudanais ne puisse pas repartir chez lui. Le pouvoir judiciaire avait donc demandé que Béchir reste sur le sol sud-africain jusqu’à ce qu’il ait pu être tranché sur ce cas. 

Les si exemplaires autorités politiques de Pretoria ont été cependant plus promptes en laissant entendre que la règle de la CPI était « floue » et en permettant au dictateur de repartir tranquillement le dictateur dans son pays. Peu après, la justice locale rendait pour la forme un jugement condamnant le gouvernement de Pretoria qui s’en moque d’ailleurs comme d’une guigne. La CPI, elle, « regrette » ce qui s’est passé.

Nul doute qu’à l’avenir, la si respectable République sud-africaine se montrera d’une intransigeance sourcilleuse pour que les dirigeants israéliens, qui sont poursuivis devant la même CPI par ce qu’il est convenu d’appeler l’Autorité palestinienne, ne puissent se déplacer à leur guise. Nul doute non plus qu’en cette occasion, Pretoria recevra le soutien de ses grands amis que sont l’Iran, le Hamas et le Hezbollah. Ne nous faisons aucune illusion : en France, pas plus que Rama Yade, Christiane Taubira ne fera aucun commentaire à ce sujet. Et pour cause, les Noirs sont définitivement et quoi qu’il advienne dans le camp des « bons ». Insinuer le contraire ne serait rien moins qu’une manifestation intolérable de racisme. On n’entendra pas non plus cet excellent Obama sinon, là encore, pour la forme. Qui viendrait à s’en étonner ?

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