Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

mercredi 10 juin 2015

Nullissime




En un temps où l’élitisme est montré du doigt, il est évident que le niveau de notre classe politique, tant moral qu’intellectuel, baisse à vue d’œil.

Après avoir longtemps gardé un silence pudique voire une réserve de bon aloi, certaines chaînes de radio se lâchent désormais sans retenue contre la classe politique. En ligne de mire, tout particulièrement, la nullité crasse de plusieurs de nos éminences. A vrai dire, il n’était pas besoin d’être grand clerc pour le découvrir : méconnaissance de faits apparemment classiques, de dates élémentaires, hésitations en tout genre … il y a belle lurette que nos hommes politiques nous ont habitués au pire.

Il est malheureusement évident que nombre de ministres ou secrétaires d’Etat, aujourd’hui sous la gauche comme hier sous la droite, ne sont pas dignes de leur maroquin. C’est pourquoi d’ailleurs, au pays des aveugles les borgnes étant rois comme chacun sait, une Taubira peut faire figure de femme politique hors pair : vous pensez, à la tribune de l’assemblée elle parle de ses dossiers sans note … ce qui n’est rien moins que la moindre des choses, si l’on y réfléchit.

Il est vrai que, d’une manière assez peu flatteuse, la classe journalistique est à l’unisson de cette médiocrité ambiante. Il n’est pas rare d’entendre sur les ondes tel journaliste politique totalement ignorant de faits survenus dans les années 1990 et n’en éprouvant aucune gêne. Prenez par exemple Le Monde, dont seule désormais la force de l’habitude incite à dire qu’il est un « journal de référence » : où sont donc passés les héritiers des Jacques Fauvet, Raymond Barrillon ou Pierre Viansson-Ponté, outre le fondateur Hubert Beuve-Méry ? Sans pour autant prétendre dans l’absolu que « c’était mieux avant », la comparaison n’est guère à l’avantage des journalistes actuels et que l’inculture de ces derniers est souvent affligeante.

Quant au sens moral, pour revenir à nos politiques, force est d’admettre que ce n’est pas plus reluisant. Il n’est que de considérer le dernier exemple en date  de la longue litanie – de Cahuzac à Thévenoud - par laquelle la République soi-disant « exemplaire » des socialistes a pris du plomb dans l’aile : le voyage éclair de Valls à Berlin pour la finale de la Champions League.

D’un côté, je me dis qu’un homme qui aime à ce point le Barça donc le beau football ne peut être vraiment mauvais, ce qui me rend l'intéressé plutôt sympathique. Mais, d’un autre côté, je ne puis m’empêcher de penser que la plupart de ses amis politiques sont consternants à tenter de justifier à toute force l’indéfendable : c’est-à-dire le fait que Valls a bel et bien utilisé des fonds publics – en l’espèce le coût du transport en jet privé – pour assouvir, lui et ses deux enfants, une passion indéniablement privée.

Eh bien, il s’est tout de même trouvé le Cambadélis de service – qui n’est certes pas un monument de probité puisque, au passage, il a déjà été condamné par la justice à titre définitif – pour alléguer qu’il était normal que le premier ministre saute toutes affaires cessantes dans l’aéroplane le plus vif pour Berlin étant donné qu’il y avait … quatre millions et demi de Français à regarder le match à la télé. Ou je n’ai pas compris à sa juste valeur intellectuelle la subtilité du propos de Cambadélis, ce dont je doute tout de même, ou la comparaison est totalement absurde. Enfin, si l’intéressé se comprend lui-même, c’est déjà ça. Je doute néanmoins que l’opinion publique apprécie comme il convient le byzantinisme du raisonnement. On imagine que ce même raisonnement eut été beaucoup plus clair et prosaïque si d'aventure Sarkozy avait pris le même avion ...

Mais il y a peut-être encore mieux dans le genre : le président de l’Assemblée nationale en personne, Claude Bartolone, à propos de qui Claude Durand pourrait affirmer sans risque d’erreur sur Radio Classique qu’« il n’est pas Lévi-Strauss », n’a pas trouvé mieux que de déclarer que Valls avait eu raison d’aller à Berlin … dans la mesure où la France était candidate aux Jeux Olympiques de 2024 ! Là encore, quel rapport ? Si ce n’est, dans le cas de Bartolone comme dans celui de Cambadélis, une tentative aussi dérisoire que stupide de noyer le poisson.

Dans un registre un brin plus affûté, le député Olivier Faure a cru bon de nous resservir le Fouquet’s de Sarkozy. Cela ne mange pas de pain, si l’on ose dire. A ceci près tout de même qu’à la différence de Manuel Valls, ce n’est pas le contribuable français qui a payé l’addition. Mais cela fait-il la différence pour des socialistes qui, sous Hollande, invitent leur maîtresse à l’Elysée après avoir fait vivre, au temps de Mitterrand, une seconde famille aux frais de la République ?

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