En
un temps où l’élitisme est montré du doigt, il est évident que le niveau de notre
classe politique, tant moral qu’intellectuel, baisse à vue d’œil.
Après avoir longtemps
gardé un silence pudique voire une réserve de bon aloi, certaines chaînes de radio
se lâchent désormais sans retenue contre la classe politique. En ligne de mire,
tout particulièrement, la nullité crasse de plusieurs de nos éminences. A vrai
dire, il n’était pas besoin d’être grand clerc pour le découvrir :
méconnaissance de faits apparemment classiques, de dates élémentaires,
hésitations en tout genre … il y a belle lurette que nos hommes politiques nous
ont habitués au pire.
Il est malheureusement
évident que nombre de ministres ou secrétaires d’Etat, aujourd’hui sous la
gauche comme hier sous la droite, ne sont pas dignes de leur maroquin. C’est
pourquoi d’ailleurs, au pays des aveugles les borgnes étant rois comme chacun
sait, une Taubira peut faire figure de femme politique hors pair : vous
pensez, à la tribune de l’assemblée elle parle de ses dossiers sans note … ce
qui n’est rien moins que la moindre des choses, si l’on y réfléchit.
Il est vrai que, d’une
manière assez peu flatteuse, la classe journalistique est à l’unisson de cette
médiocrité ambiante. Il n’est pas rare d’entendre sur les ondes tel journaliste
politique totalement ignorant de faits survenus dans les années 1990 et n’en
éprouvant aucune gêne. Prenez par exemple Le
Monde, dont seule désormais la force de l’habitude incite à dire qu’il est
un « journal de référence » : où sont donc passés les héritiers
des Jacques Fauvet, Raymond Barrillon ou Pierre Viansson-Ponté, outre le
fondateur Hubert Beuve-Méry ? Sans pour autant prétendre dans l’absolu que
« c’était mieux avant », la comparaison n’est guère à l’avantage des
journalistes actuels et que l’inculture de ces derniers est souvent affligeante.
Quant au sens moral,
pour revenir à nos politiques, force est d’admettre que ce n’est pas plus
reluisant. Il n’est que de considérer le dernier exemple en date de la longue litanie – de Cahuzac à Thévenoud
- par laquelle la République soi-disant « exemplaire » des
socialistes a pris du plomb dans l’aile : le voyage éclair de Valls à
Berlin pour la finale de la Champions
League.
D’un côté, je me dis qu’un homme qui aime à ce point le Barça donc le beau football ne peut
être vraiment mauvais, ce qui me rend l'intéressé plutôt sympathique.
Mais, d’un autre côté, je ne puis m’empêcher de penser que la plupart de ses
amis politiques sont consternants à tenter de justifier à toute force l’indéfendable :
c’est-à-dire le fait que Valls a bel et bien utilisé des fonds publics – en l’espèce
le coût du transport en jet privé – pour assouvir, lui et ses deux enfants, une
passion indéniablement privée.
Eh bien, il s’est tout de même trouvé le Cambadélis de service – qui n’est certes pas un monument de
probité puisque, au passage, il a déjà été condamné par la justice à titre définitif
– pour alléguer qu’il était normal que le premier ministre saute toutes
affaires cessantes dans l’aéroplane le plus vif pour Berlin étant donné qu’il y
avait … quatre millions et demi de Français à regarder le match à la télé. Ou
je n’ai pas compris à sa juste valeur intellectuelle la subtilité du propos de Cambadélis,
ce dont je doute tout de même, ou la comparaison est totalement absurde. Enfin,
si l’intéressé se comprend lui-même, c’est déjà ça. Je doute néanmoins que l’opinion
publique apprécie comme il convient le byzantinisme du raisonnement. On imagine que ce même raisonnement eut été beaucoup plus clair et prosaïque si d'aventure Sarkozy avait pris le même avion ...
Mais il y a peut-être
encore mieux dans le genre : le président de l’Assemblée nationale en
personne, Claude Bartolone, à propos de qui Claude Durand pourrait affirmer
sans risque d’erreur sur Radio Classique qu’« il n’est pas Lévi-Strauss », n’a pas trouvé
mieux que de déclarer que Valls avait eu raison d’aller à Berlin … dans la
mesure où la France était candidate aux Jeux Olympiques de 2024 ! Là
encore, quel rapport ? Si ce n’est, dans le cas de Bartolone comme dans
celui de Cambadélis, une tentative aussi dérisoire que stupide de noyer le
poisson.
Dans un registre un
brin plus affûté, le député Olivier Faure a cru bon de nous resservir le Fouquet’s de Sarkozy. Cela ne mange pas
de pain, si l’on ose dire. A ceci près tout de même qu’à la différence de
Manuel Valls, ce n’est pas le contribuable français qui a payé l’addition. Mais cela
fait-il la différence pour des socialistes qui, sous Hollande, invitent leur
maîtresse à l’Elysée après avoir fait vivre, au temps de Mitterrand, une
seconde famille aux frais de la République ?
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