Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

mercredi 5 octobre 2016

Pas de bol ?




Depuis plus d’une année à présent, je me suis imposé le silence et j’ai renoncé temporairement à mon blog. Il est bon, en effet, de rompre de temps à autre avec ses habitudes et, surtout, de prendre le temps d’écouter les autres et de sentir l’air du temps sans la contrainte de ses a priori. J’ai donc entendu, regardé, lu, parfois avec profit et souvent avec intérêt. Mais il faut savoir également refermer une parenthèse. C’est chose faite avec la reprise de ce blog, tant il est vrai qu’écrire revient à continuer de parler sans être interrompu.

Comme aurait dit Hollande, elle n’a pas eu de bol. Les plus espiègles en trivialité surenchériraient en soutenant qu’« elle n’a pas eu de cul » même si la vulgarité de la formule ne laisse d’apparaître incongrue en ce qui concerne madame Kim Kardashian car c’est bien d'elle dont il s’agit.

Le mauvais endroit au mauvais moment ? Toujours est-il que, séjournant dans un hôtel particulier du huitième arrondissement de Paris pour la fameuse fashion week, la star américaine de la télé-réalité s’est fait dépouiller de quelque neuf millions de dollars en bijoux. Pas de chance pour elle, en effet, mais pas de chance non plus pour Paris qui, après les attentats de janvier puis de novembre 2015, passe pour une des capitales les moins sûres au monde. 

Madame Hidalgo a beau minimiser l’épisode et le confiner dans l’ordre du rarissime, cela détériore encore davantage le regard que les étrangers portent sur nous. C’est assurément un coup dur pour la candidature de Paris aux Jeux Olympiques de 2024. On peut se dire, il est vrai, que les cambrioleurs ont rendu, après tout, un fier service aux Parisiens en les délestant d'un boulet financier possible dont les Romains, quant à eux, se sont empressés de se débarrasser.

Le problème cependant s’étend bien au-delà de cette péripétie qui en dit long sur l’état d’esprit de notre société française. Il n’est que de consulter les réseaux sociaux pour en prendre la mesure. L’écrasante majorité des intervenants n’a que mépris ou dérision pour ce qui a dû être tout de même une épreuve fort désagréable pour madame Kardashian, indépendamment même de l’ampleur du vol. Certains se demandent ce qu’elle faisait avec ces bijoux à Paris comme si elle était suspecte de les avoir acquis illégalement. D’autres insinuent clairement qu’elle n’a eu que ce qu’elle méritait car se balader avec tant de richesses sur soi est au mieux de l'imprudence coupable et au pire de la provocation. D’autres encore soulignent l’indécence consistant à se lamenter sur la star car trop de gens en France et ailleurs vivent en dessous du seuil de pauvreté.

Quel rapport entre la pauvreté des uns et le vol dont madame Kardashian a été victime car il serait plutôt oser d'accoler aux voleurs en question l'étiquette de nouveaux « Robin des bois ». Aucun, si ce n’est qu’il existe de plus en plus de gens dans notre pays qui sont jaloux de la fortune des autres et soulignent le problème récurrent qu’a décidément la société française dans son rapport à l’argent. Notez que, dans les médias français, on parle le plus souvent du « milliardaire » Trump pour bien suggérer en creux qu’il y a lieu de s’en méfier a priori.

Un vol reste un vol surtout s’il altère l’image extérieure de notre pays. Mais il ne semble pas que cela en taraude beaucoup. Il y a quelques années, une autre star américaine avait subi une avanie d'un autre genre et s’était juré en conséquence, comme madame Kardashian est sans doute en train de le faire aujourd’hui, de ne plus remettre les pieds en France. Il s’agissait de Robert de Niro qui avait commis le délit, selon des policiers trop zélés, de ramener une prostituée dans sa suite d’hôtel. Résultat : la justice et l’Etat français avaient dû s’excuser platement, de même qu’ils l’avaient fait à l’occasion d’un épisode visant cette fois l’oligarque russe Prokhorov lors d’une de ses escapades à Megève.

Notre société devient sans cesse plus envieuse, acrimonieuse, égalitariste façon Robespierre et de plus, tout en continuant mordicus de se penser comme un exemple pour le monde. Notre fameux modèle d’identité heureuse ne suscite autour de nous que des sourires apitoyés. Si ses ratés ne nous poussent pas encore au drame, ils nous font d'ores et déjà tomber dans le ridicule. De bons esprits allègueront qu’on peut fort bien se passer des Américains ou des Russes. Certes, mais l’ennui est que ce sont ces mêmes gens qui exaltent le multiculturalisme. Avec qui ? Devinez donc.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire