Depuis plus
d’une année à présent, je me suis imposé le silence et j’ai renoncé temporairement à mon blog.
Il est bon, en effet, de rompre de temps à autre avec ses habitudes et, surtout, de prendre le temps d’écouter
les autres et de sentir l’air du temps sans la contrainte de ses a priori. J’ai
donc entendu, regardé, lu, parfois avec profit et souvent avec intérêt. Mais il
faut savoir également refermer une parenthèse. C’est chose faite avec la
reprise de ce blog, tant il est vrai qu’écrire revient à continuer de parler
sans être interrompu.
Comme aurait dit Hollande, elle n’a pas eu de
bol. Les plus espiègles en trivialité surenchériraient en soutenant qu’« elle
n’a pas eu de cul » même si la vulgarité de la formule ne laisse d’apparaître
incongrue en ce qui concerne madame Kim Kardashian car c’est bien d'elle dont il s’agit.
Le mauvais endroit au mauvais moment ?
Toujours est-il que, séjournant dans un hôtel particulier du huitième
arrondissement de Paris pour la fameuse fashion
week, la star américaine de la télé-réalité s’est fait dépouiller de quelque neuf millions de dollars en
bijoux. Pas de chance pour elle, en effet, mais pas de chance non plus pour
Paris qui, après les attentats de janvier puis de novembre 2015, passe pour une
des capitales les moins sûres au monde.
Madame Hidalgo a beau minimiser l’épisode
et le confiner dans l’ordre du rarissime, cela détériore encore davantage le regard que les étrangers portent sur nous. C’est assurément un coup dur pour la
candidature de Paris aux Jeux Olympiques de 2024. On peut se dire, il est vrai, que les cambrioleurs ont rendu, après
tout, un fier service aux Parisiens en les délestant d'un boulet financier possible dont les Romains, quant à eux, se sont empressés de se
débarrasser.
Le problème cependant s’étend bien au-delà de
cette péripétie qui en dit long sur l’état d’esprit de notre société française.
Il n’est que de consulter les réseaux sociaux pour en prendre la mesure. L’écrasante
majorité des intervenants n’a que mépris ou dérision pour ce qui a dû être tout
de même une épreuve fort désagréable pour madame Kardashian, indépendamment
même de l’ampleur du vol. Certains se demandent ce qu’elle faisait avec ces
bijoux à Paris comme si elle était suspecte de les avoir acquis illégalement. D’autres insinuent
clairement qu’elle n’a eu que ce qu’elle méritait car se balader avec tant de
richesses sur soi est au mieux de l'imprudence coupable et au pire de la provocation. D’autres encore soulignent l’indécence
consistant à se lamenter sur la star car trop de gens en France et ailleurs vivent en dessous du seuil de
pauvreté.
Quel rapport entre la pauvreté des uns et le
vol dont madame Kardashian a été victime car il serait plutôt oser d'accoler aux voleurs en question l'étiquette de nouveaux « Robin des bois ».
Aucun, si ce n’est qu’il existe de plus en plus de gens dans notre pays qui sont jaloux
de la fortune des autres et soulignent le problème récurrent qu’a décidément la société
française dans son rapport à l’argent. Notez que, dans les médias français, on
parle le plus souvent du « milliardaire » Trump pour bien suggérer en
creux qu’il y a lieu de s’en méfier a priori.
Un vol reste un vol surtout s’il altère l’image
extérieure de notre pays. Mais il ne semble pas que cela en taraude beaucoup.
Il y a quelques années, une autre star américaine avait subi une avanie d'un autre genre et s’était
juré en conséquence, comme madame Kardashian est sans doute en train de le
faire aujourd’hui, de ne plus remettre les pieds en France. Il s’agissait de
Robert de Niro qui avait commis le délit, selon des policiers trop zélés, de
ramener une prostituée dans sa suite d’hôtel. Résultat : la justice et l’Etat
français avaient dû s’excuser platement, de même qu’ils l’avaient fait à l’occasion
d’un épisode visant cette fois l’oligarque russe Prokhorov lors d’une de ses
escapades à Megève.
Notre société devient sans cesse plus envieuse,
acrimonieuse, égalitariste façon Robespierre et de plus, tout en continuant mordicus de se penser comme un
exemple pour le monde. Notre fameux modèle d’identité heureuse ne suscite autour de nous que des sourires apitoyés. Si ses ratés ne nous poussent pas encore au drame, ils nous font d'ores et déjà tomber dans le ridicule.
De bons esprits allègueront qu’on peut fort bien se passer des Américains ou des
Russes. Certes, mais l’ennui est que ce sont ces mêmes gens qui exaltent le
multiculturalisme. Avec qui ? Devinez donc.
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