Tout ça pour ça ! Trois mois seulement après les attentats de Paris, que reste-t-il du "je suis Charlie" ... à part le trésor de guerre accumulé par l"hebdomadaire satirique ?
Presque trois mois
après les attentats de Paris, trois mois après ce qu’on nous a présenté à
grands renforts de tambour et de flonflons comme un sursaut national à la
française – sensé, comme de juste, donner l’exemple au monde entier - s’est
soldé par un flop monumental. Faut-il s’en étonner ?
Dès le départ, il y eut
trop d’ambiguïtés dans ce mouvement composite dont beaucoup ont cru pouvoir
tirer profit. L’extrême-gauche et les soi-disant associations antiracistes qui
espéraient détourner l’émotion populaire vers un élan antifasciste et anti-FN :
comme si, par une perversion de raisonnement assez singulière, le parti de
Marine Le Pen était responsable des attentats. Le pouvoir socialiste, ensuite,
qui n’a pas lésiné sur le travail de récupération politique – ah ! le
fameux esprit du 11 janvier … - allant même jusqu’à donner des gages à son
électorat communautariste en le dédouanant à force d’imposer une symétrie
fallacieuse entre antisémitisme et islamophobie : comme si ce n’étaient
pas des gens se réclamant de l’islam qui avaient tué des juifs parce qu’ils
étaient juifs, et comme si des juifs tuaient des musulmans.
Donc tout le monde fut Charlie, des plus petits aux plus
grands, des plus sincères aux plus fourbes. Le monôme dans les rues de la
capitale fut splendide, historique, Paris devenant « le centre du monde ».
Les queues d’attente devant les kiosques, dans l’espoir de se procurer le
numéro magique de Charlie Hebdo, le fameux
collector qui sentira bientôt la
naphtaline, furent tout aussi délirantes. Trop sans doute pour n’être pas qu’un
feu de paille.
Qu’est-ce qui aura
changé en réalité ? Apprend-on davantage la tolérance dans nos écoles ?
Enseigne-t-on désormais la Shoah dans les "quartiers" ? Madame
Vallaud-Belkacem a-t-elle donc changé d’avis sur le voile accompagnant les
sorties scolaires ? Vous n’y pensez pas, tout de même ! Car le « Je
suis Charlie » eut aussitôt pour
corollaire obligé les deux mots d’ordre imposés par la vulgate bienpensante :
« Pas d’amalgame ! », « Pas de stigmatisation ! »
Trois mois plus tard,
donc, on en est quasiment au même point. Non, pas exactement pourtant. "Je suis Charlie" est quasiment devenu une marque commerciale qu'on nous ressert non sans psittacisme à chaque attentat : hier au Danemark, aujourd'hui en Tunisie. "Je suis Danois", "Je suis Tunisien", cela donne une impression de vague solidarité et cela ne peut faire de mal. Les
nouveaux rédacteurs de Charlie, eux, en sont revenus à des thèmes supposés beaucoup
plus consensuels dans notre société française : la haine de l’église
catholique, de Sarkozy ou de Marine Le Pen. Pas de risque d’attentat, en effet,
avec de telles cibles. D’ailleurs, le conservatisme des gens de Charlie n’a pas fini de nous étonner et
pas seulement au strict point de vue éditorial. On apprend en effet que les
rédacteurs de l’hebdomadaire envisagent de partir en guerre contre la direction
au regard du pactole de 30 millions d’euros récoltés dans la foulée du massacre
de Cabu, Charb, Wolinski et consorts. La tentation était trop grande et nos
rédacteurs d’extrême-gauche, avec leurs principes, leurs valeurs et tout et
tout, n’ont pas mis longtemps à y succomber. Ils ambitionneraient ainsi de
devenir actionnaires du journal, histoire d’en croquer eux aussi. D’ici peu,
ils deviendront de vrais capitalistes … tout en continuant de tenir un discours
subversif, cela va de soi, dans la plus belle tradition bobo.
Trois mois après,
seulement. Les cadavres ne sont pas encore froids mais il est à parier qu’ils se
retournent déjà dans leur tombe.
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