Les
dernières manœuvres d’Alexis Tsipras afin de gagner du temps ne sauraient faire
illusion … sauf pour Hollande qui fait semblant de croire à leur sincérité.
Que les auteurs
dramatiques soient parfois prémonitoires, on le savait déjà depuis Giraudoux et
sa guerre de Troie. On en a une démonstration supplémentaire avec la réplique
cinglante de maître Panisse dans le Marius de Marcel Pagnol, face à la
tricherie aux cartes de César : « Je ne joue pas avec un Grec ».
Bon sens populaire, expliqueraient
benoîtement certains. Préjugé voire racisme, rétorqueraient d’autres. Toujours
est-il que le Grec, à tort ou à raison, est assimilé de longue date, au tricheur, au truqueur ou au
manipulateur. Comment, en ces temps européens incertains, s’empêcherait-on de
penser instinctivement à Alexis Tsipras ?
Habile et retors pour
les plus indulgents, le premier ministre grec est surtout un sectaire populiste
qui manie à la perfection la duplicité et le mensonge. Affable quand il le
doit, menaçant quand il le veut, possédant l’art dilatoire mieux que quiconque,
souverain dans les promesses équivoques, il possède toute la palette des
postures propres à circonvenir ses pairs. Et il ne s’en est guère privé
jusque-là. Reconnaissons d’ailleurs, à cet égard, que sa propension à rouler
son prochain dans la farine va de pair avec la naïveté sinon la lâcheté de ses
interlocuteurs.
Depuis quelques jours
et le report de l’ultimatum arraché par F. Hollande, il fait mine de se plier
aux exigences légitimes de ses créanciers. Qui ne voit qu’il ruse une fois
encore et ne cherche au fond qu’à gagner du temps en jouant de nouveau, au
besoin, au chat et à la souris ? Les crédules de complexion se fourvoieront sans doute une fois de plus ... Sans compter ceux qui, en faisant mine de croire à la sincérité des engagements de
Tsipras, ne rechercheront en somme que des gains politiques personnels, qu’ils
soient d’ordre interne ou externe.
Telle est justement l’attitude
de F. Hollande qui a décrété Urbi et orbi,
repris en choeur par la plupart des médias aux ordres, qu’un maintien de
la Grèce dans l’euro serait une victoire personnelle. D’où son acharnement à
transposer sur le plan européen sa fameuse « synthèse » et à persuader tout un chacun que tout ira bien grâce à lui : notamment que la croissance va
repartir de plus belle, que la France pèse encore en Europe et que lui, Hollande,
compte parmi les grands. Donc, votez pour lui en 2017. CQFD.
L’erreur de Hollande,
au fond, est comme d’habitude d’imaginer que les événements vont finir par se
plier à ses propres désirs. Elle consiste également à croire que l’Union
européenne n’est qu’un vaste parti socialiste manipulable à merci.
L’Allemagne devrait se
charger de le ramener à son rôle de bateleur ou d’histrion un peu vain.
Cette Allemagne, de même que la plupart des autres partenaires européens, n’ont
désormais plus confiance en la Grèce et surtout celle de Tsipras. Ceux-ci n’ont
plus de temps à perdre à faire semblant. Pourquoi ? Probablement parce qu’ils
n’ont pas le même calendrier politique que Hollande et qu’ils n’ont aucune
raison de ménager Tsipras pour qui ils n’ont pas la moindre considération. Peut-être
aussi parce qu’ils ne sont pas exactement dans la même position que Hollande
qui, lui aussi, a tenté de rouler la Commission européenne à coups de promesses
non tenus et de reports d’échéance incessants. La France socialiste ne goûte
pas plus la rigueur dans les comptes de l’Etat que le gauchisme à la mode
grecque.
Est-ce si étonnant, en
définitive, que la France soutienne désespérément la Grèce et que les mauvais
élèves se tiennent les coudes en dénonçant les bons élèves voire en multipliant
toutes les manœuvres afin de retarder le moment où ils seront débusqués ?
Non ce n'est guère étonnant. Mais il n’y a aucune raison non plus pour que les bons élèves, quant eux, ou
encore ceux qui ont fait des efforts louables pour accéder au groupe des
méritants acceptent de se laisser berner plus avant. La fin de la récréation est proche et ceux-ci n’ont manifestement plus envie
de jouer avec les Grecs.
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