Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

lundi 27 juillet 2015

Scène de la vie quotidienne dans la France plurielle



L'agression d'une jeune fille à Reims donne lieu, dans la précipitation, à une telle mascarade judiciaire et policière qu'elle risque fort d'entraîner les effets inverses à ceux recherchés.

Cela s’est passé hier à Reims, cette ville même où jadis étaient sacrés les rois de France : la précision historique ne va pas sans risque dans la mesure où le politiquement correct situe aujourd’hui la naissance de la nation française en 1789.

Or donc, dans cette ville paisible, voici qu'une une jeune fille se fait agresser alors qu’elle bronze tranquillement et banalement en maillot de bain dans un espace vert. Le maillot deux-pièces n’a rien d’indécent – sinon on peut parier que cela se saurait déjà – et la température estivale est propice à ce genre de farniente. La jeune fille s’appelle Angélique Slosse et son agression est à ce point musclée qu’elle occasionne à la victime 4 jours d’ITT.

Les responsables de l’agression (désolé mais je ne me ferai jamais au substantif d’« agresseure » pas plus qu’à celui de « professeure » ou d’« écrivaine », ce n’est plus de mon âge) ? Cinq autres jeunes filles parmi lesquelles deux mineures âgées respectivement de 16 et 17 ans et trois majeures dont les patronymes mettront plus de vingt-quatre heures à être dévoilés, et ce alors même que les responsables de l’agression ont été presque immédiatement interpelées par la police. Leurs noms : Inès Nouri, Zohra Karim et Hadoune Tadjouri. Des noms comme il sied à toute enquête devant être menée avec précision et célérité. 

Faute de précision dans l’instant, on aura tout de même droit à la célérité. En effet, deux heures ne se sont pas écoulées depuis l’interpellation que le Parquet de Reims se fend d’un communiqué pour assurer que ladite agression n’a rien à voir avec la religion. Quelle rapidité, quel empressement, quelle concision péremptoire ! Sur le champ, la police confirme ces conclusions au vu des déclarations des responsables de l’agression comme de la victime. Quant aux organes de presse qui ont eu l’audace de faire leur métier en supputant les mobiles de l’agression, ils sont quasiment sommés de s’excuser sur le champ tandis que, dans un même mouvement, sont voués au pilori les politiques qui ont eu l’indécence d’être déjà montés au créneau. Et naturellement, pour faire bonne mesure, les blogueurs partisans d’une diversité négatrice de toute stigmatisation ne manquent pas d'occuper une fois de plus le terrain sur le thème des menaces de l’extrême-droite.

Bizarre, tout de même, bizarre. Pourquoi tant de précipitation de la part des pouvoirs publics ? Peut-être serait-on tenté, légitimement, d’imaginer certaines choses ? Serait-il d’ailleurs si incongru de les imaginer ? On nous raconte à présent, sans rire, que la victime a commencé à être agressée verbalement sur le thème : « Vas te rhabiller, c’est pas l’été … » Mais se rend-on compte franchement du ridicule ? Je veux bien convenir, pour ma part, que ces cinq jeunes filles soient incultes – c’est souvent le cas - mais que ne les avait-on prévenues que l’été avait débuté ... le 21 juin ?

Faut-il donner plus avant dans la mascarade de la recherche des causes ? Certains osent même parler, afin de trouver n’importe quelle explication fût-elle tirée par les cheveux, de « jalousie » entre filles voire de « crêpage de chignon ». Nul doute qu’on aura droit d’ici peu à d’autres versions tout aussi sidérantes alors que la simple réalité crève les yeux. 

Le quotidien Libération se fait, quant à lui, un devoir de citer une des responsables de l’agression : « Je suis musulmane, oui, mais tolérante … » Que n’a-t-on expliqué à cette jeune fille ce qu’est la tolérance, sauf bien sûr si elle devait considérer que tabasser l’objet de son courroux revient à faire preuve de clémence : peut-être estime-t-elle, au fond, que le comportement de sa victime valait en réalité quelques centaines de coups de fouet voire la lapidation, comme dans certaines contrées dont on accueille actuellement chez nous, avec un respect qui confine à la prosternation, un des souverains.  

Toujours est-il que le comportement de déni acharné de la part des pouvoirs publics dans cette affaire, leur précipitation à allumer des contre-feux et à accumuler des déclarations dont la véracité n’est nullement prouvée (il ne faut pas être naïf : qui nous assure, en effet, que la victime n’a pas subi gentiment quelques pressions discrètes afin que son témoignage rejoigne la version officielle ?) sont plus que consternants : ils sont dangereux à force de banaliser, voire peut-être plus tard de justifier, un acte extrêmement grave. 

Le bon peuple – vous savez, la horde des « beaufs » - ne s’y trompe guère dans cette affaire où il reste toujours de bon ton de nous asséner la rengaine de l’islamophobie et de la stigmatisation, sur arrière-plan lénifiant du fameux « vivre ensemble ». L’écrasante majorité des gens - les anonymes, pas la soi-disant élite - savent fort bien ce qu’il en est : que dans notre France d’aujourd’hui, on peut voir son libre-arbitre menacé par une minorité qui n’entend pas un seul instant se conformer aux valeurs et encore moins aux lois de notre République. Pire encore, il ne faut pas compter sur le pouvoir politique, trop occupé à ménager ses propres intérêts électoraux, pour protéger ce libre-arbitre. Ne comptons pas non plus sur les Femen, encore que celles-ci auraient tout lieu de se sentir sacrément menacées – et ce n’est pas par le pape ou par la religion catholique - par les temps qui courent.

Après cela, on pourra toujours nous servir et resservir à volonté toutes les salades qu’on voudra. En vain : on n’en supporte plus la saveur et depuis longtemps. Trop longtemps.

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