L'agression d'une jeune fille à Reims donne lieu, dans la précipitation, à une telle mascarade judiciaire et policière qu'elle risque fort d'entraîner les effets inverses à ceux recherchés.
Cela s’est passé hier à
Reims, cette ville même où jadis étaient sacrés les rois de France : la
précision historique ne va pas sans risque dans la mesure où le politiquement
correct situe aujourd’hui la naissance de la nation française en 1789.
Or donc, dans cette
ville paisible, voici qu'une une jeune fille se fait agresser alors qu’elle bronze
tranquillement et banalement en maillot de bain dans un espace vert. Le maillot
deux-pièces n’a rien d’indécent – sinon on peut parier que cela se saurait déjà
– et la température estivale est propice à ce genre de farniente. La jeune
fille s’appelle Angélique Slosse et son agression est à ce point musclée
qu’elle occasionne à la victime 4 jours d’ITT.
Les responsables de
l’agression (désolé mais je ne me ferai jamais au substantif d’« agresseure »
pas plus qu’à celui de « professeure » ou d’« écrivaine », ce
n’est plus de mon âge) ? Cinq autres jeunes filles parmi lesquelles deux
mineures âgées respectivement de 16 et 17 ans et trois majeures dont les
patronymes mettront plus de vingt-quatre heures à être dévoilés, et ce alors
même que les responsables de l’agression ont été presque immédiatement
interpelées par la police. Leurs noms : Inès Nouri, Zohra Karim et Hadoune
Tadjouri. Des noms comme il sied à toute enquête devant être menée avec
précision et célérité.
Faute de précision dans
l’instant, on aura tout de même droit à la célérité. En effet, deux heures ne
se sont pas écoulées depuis l’interpellation que le Parquet de Reims se fend d’un
communiqué pour assurer que ladite agression n’a rien à voir avec la religion. Quelle
rapidité, quel empressement, quelle concision péremptoire ! Sur le champ, la police confirme ces
conclusions au vu des déclarations des responsables de l’agression comme de la
victime. Quant aux organes de presse qui ont eu l’audace de faire leur métier
en supputant les mobiles de l’agression, ils sont quasiment sommés de s’excuser
sur le champ tandis que, dans un même mouvement, sont voués au pilori les politiques qui ont eu l’indécence
d’être déjà montés au créneau. Et naturellement, pour faire bonne mesure, les
blogueurs partisans d’une diversité négatrice de toute stigmatisation ne manquent pas d'occuper
une fois de plus le terrain sur le thème des menaces de l’extrême-droite.
Bizarre, tout de même, bizarre.
Pourquoi tant de précipitation de la part des pouvoirs publics ? Peut-être serait-on tenté, légitimement, d’imaginer certaines choses ? Serait-il d’ailleurs
si incongru de les imaginer ? On nous raconte à présent, sans rire, que la
victime a commencé à être agressée verbalement sur le thème : « Vas
te rhabiller, c’est pas l’été … » Mais se rend-on compte franchement du ridicule ?
Je veux bien convenir, pour ma part, que ces cinq jeunes filles soient incultes – c’est souvent le cas - mais que ne les
avait-on prévenues que l’été avait débuté ... le 21 juin ?
Faut-il donner plus
avant dans la mascarade de la recherche des causes ? Certains osent même
parler, afin de trouver n’importe quelle explication fût-elle tirée par les
cheveux, de « jalousie » entre filles voire de « crêpage de
chignon ». Nul doute qu’on aura droit d’ici peu à d’autres versions tout
aussi sidérantes alors que la simple réalité crève les yeux.
Le quotidien Libération se fait, quant à lui, un
devoir de citer une des responsables de l’agression : « Je suis
musulmane, oui, mais tolérante … » Que n’a-t-on expliqué à cette jeune
fille ce qu’est la tolérance, sauf bien sûr si elle devait considérer que
tabasser l’objet de son courroux revient à faire preuve de clémence : peut-être
estime-t-elle, au fond, que le comportement de sa victime valait en réalité quelques
centaines de coups de fouet voire la lapidation, comme dans certaines contrées
dont on accueille actuellement chez nous, avec un respect qui confine à la
prosternation, un des souverains.
Toujours est-il que le
comportement de déni acharné de la part des pouvoirs publics dans cette
affaire, leur précipitation à allumer des contre-feux et à accumuler des
déclarations dont la véracité n’est nullement prouvée (il ne faut pas être naïf :
qui nous assure, en effet, que la victime n’a pas subi gentiment quelques pressions
discrètes afin que son témoignage rejoigne la version officielle ?) sont plus
que consternants : ils sont dangereux à force de banaliser, voire peut-être plus
tard de justifier, un acte extrêmement grave.
Le bon peuple – vous savez,
la horde des « beaufs » - ne s’y trompe guère dans cette affaire où
il reste toujours de bon ton de nous asséner la rengaine de l’islamophobie et de la
stigmatisation, sur arrière-plan lénifiant du fameux « vivre ensemble ».
L’écrasante majorité des gens - les anonymes, pas la soi-disant élite - savent
fort bien ce qu’il en est : que dans notre France d’aujourd’hui, on peut voir
son libre-arbitre menacé par une minorité qui n’entend pas un seul instant se
conformer aux valeurs et encore moins aux lois de notre République. Pire encore, il ne faut
pas compter sur le pouvoir politique, trop occupé à ménager ses propres intérêts électoraux, pour protéger ce
libre-arbitre. Ne comptons pas non plus sur les Femen, encore que celles-ci auraient tout lieu de se sentir
sacrément menacées – et ce n’est pas par le pape ou par la religion catholique -
par les temps qui courent.
Après cela, on pourra
toujours nous servir et resservir à volonté toutes les salades qu’on voudra. En
vain : on n’en supporte plus la saveur et depuis longtemps. Trop
longtemps.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire