Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

jeudi 4 septembre 2014

Le bal des faux-culs


Jamais les hypocrites en tous genres, dans les médias comme dans les milieux politiques, ne se seront autant esbaudis qu’aujourd’hui.

Je le rappelais encore dernièrement : en France, tout finit par des chansons. J’aurais pu tout aussi bien écrire que, sous la présidence du très regrettable F. Hollande, tout commence et finit par une franche rigolade.

D’abord, parce que l’homme semble ainsi fait : jovial, bonhomme, il est réputé rigoler de tout et de rien, badiner avec légèreté, prêt à se damner pour le moindre bon mot. Enfin, bon ou mauvais car on ne fera croire à personne que le « sans-dents » est du meilleur goût.

Mais surtout, rigolade à considérer le bal des faux-culs qui est reparti de plus belle. Songez seulement que ceux-là mêmes qui en 2012, dans les médias ou ailleurs, voyaient en Valérie Trierweiler une « nouvelle Jackie Kennedy » n’ont pas de mots assez fielleux à présent pour la vouer aux gémonies. Et pourtant, il apparaissait d’emblée que la dame n’était pas un perdreau de l’année et qu’elle était aussi incontrôlable que vindicative, outre le fait que ses talents de journaliste – pour m’exprimer par antiphrase – étaient sujet de plaisanterie parmi ses collègues.

Aujourd’hui, ce n’est pas du tout le même air et l’on déplore, à longueur de colonnes ou d’antenne, son esprit rancunier voire mercantile, son inélégance et, pour tout dire, son indécence. Il est vrai que son ouvrage, qui aura boosté à sa manière notre rentrée littéraire, se vend bien. Très bien même, l’engouement étant du même ordre que celui suscité par la publication des Harry Potter, à dire de libraire.  

La plupart des critiques dénoncent la sempiternelle confusion entre comportement public et privé, comme si la frontière entre les deux n’était pas devenue, depuis des lustres et au fil des mandats présidentiels, une aimable fiction. Se penchant sur le passage du bouquin consacré aux « sans-dents », l’excellent chroniqueur du Figaro se demande même s’il n’est pas « biaisé » d’ériger en jugement public une boutade lâchée en privé. Comme si « le trait d’humour », quelles qu’en soient les circonstances, n’était pas en soi révélateur de la mentalité du président... et comme si, d'ailleurs, l'on pouvait tout se permettre dans le privé !

Une fois encore, les médias semblent d'une indulgence singulière envers Hollande alors qu'ils n’avaient pas de jugement assez sévère pour condamner Sarkozy. Le président a de l’humour, donc ses écarts restent véniels, sans portée politique. Il serait même inepte de les relever. Ce n'est pas ainsi qu'on rapprochera le peuple de ses élites. A ce propos, allons donc voir ce que pense le peuple de cet homme de gauche qui proclamait naguère « ne pas aimer les riches » et avoir pour ennemie la finance ! Il est à craindre que ce bon peuple n’ait pas exactement le même genre d’humour que celui qui se prend encore pour le président.

Au fond, s’agissant du livre de V. Trierweiler, toute la question est de savoir si elle ment ou, à tout le moins, force le trait ou « romance » à des fins qui, d’ailleurs, lui appartiennent. Qu'elle n'ait pas la moindre classe, personne désormais n'en disconviendra. Mais si le portrait qu’elle dresse de son ancien compagnon, et accessoirement les faits qui en constituent l’illustration, sont exacts, cela donne pour le moins à réfléchir. Qu'en pensent, en particulier, ceux qui l’ont fait élire, il y a deux   ans ?

Si les faits sont avérés, notamment en ce qui concerne le machisme méprisant de Hollande, les défenseur(e)s des droits des femmes seraient tout de même bienvenus de s’en émouvoir sur le champ… n’est-ce pas Mme Vallaud-Belkacem ?  

Au sujet d'ailleurs de cette dame, qu'on vient d'élever au statut d'égérie de la gauche, d’autres faux-culs affectent de s'émouvoir de la « une » de Valeurs actuelles présentant la nouvelle ministre de l’Education sous l'intitulé « L’Ayatollah ». Naturellement, les politiquement corrects se sont empressés de pousser leurs habituels cris d’orfraie en hurlant au « racisme ». Pourtant, qu’y a-t-il de raciste dans le fait de dénoncer le sectarisme de cette idéologue sans qualification particulière pour le poste qu’elle occupe ? Dans le fait également d’anticiper son action par trop lisible qui, on en fait déjà le pari, consistera davantage à déstabiliser l’école – à travers « théorie du genre » et autres « ABCD de l’éducation » - qu’à se pencher sur l’état sinistré de notre système éducatif. Vous savez, ce système que le monde entier nous envie, mais dont un rapport récent de l’OCDE vient de dresser un bilan accablant. 

Les censeurs sourcilleux de Valeurs actuelles auraient-ils donné de la voix si NVB avait été traité de "khmère  rose" ? Ah oui, c'est vrai, "ayatollah" désigne une titulature au sein de l'islam tandis la ministre est musulmane, native du Maroc (elle a même d'ailleurs conservé la nationalité marocaine.. )C'est vrai, j'oubliais que l'islam est un tabou et que, dans notre novlangue, le simple fait d'en parler équivaut à de la stigmatisation.

Faux-culs, donc. Et ce n'est pas fini, comme dirait la pub de SFR. Ils n’épargnent évidemment, et surtout, pas nos sémillants magistrats qui continuent, contre toute évidence et dans la droite ligne du "mur des cons", à se prétendre indépendants de l’actuel pouvoir politique. Pour peu, le jovial Hollande en rigolerait, en privé cela va de soi. 
Comme par hasard, au moment même où est publié le livre de V. Trierweiler, la justice procède à une nouvelle audition de M. Azibert, dans le cadre de l’action conduite contre l’« arbitrage Tapie ». Pour faire bonne mesure, un autre juge déclenche ce jour même une enquête sur trois voyages en jet privé effectués par N. Sarkozy et facturés à son ami S. Courbit. Ne s’agissait-il pas en l’occurrence d’argent privé et non public ? Qu'importe pour nos irréprochables « magistrats-impartiaux-et-indépendants ». Au fait, quoi de neuf sur l’affaire Cahuzac ? Rien. Ah oui, le temps de la justice sans doute. N'ayons crainte. Il est fort à parier qu’on en reparlera … après 2017.

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