Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

jeudi 17 janvier 2013

Du cynisme bien tempéré

Appelons les choses par leur nom, ce qu'on a malheureusement oublié de nos jours. Les événements dramatiques d'Algérie sont un véritable scandale. Le désastre de l'intervention des forces algériennes, qui a causé la mort de plusieurs dizaines d'otages étrangers, a fait réagir Washington, Londres et Tokyo qui se sont montrés plus que critiques au-delà des précautions diplomatiques d'usage. En revanche, il ne semble pas perturber plus que cela la France, non seulement son gouvernement mais ses faiseurs d'opinion.

Que n'entend-on pas avec effarement sur les ondes françaises ! Que l'Algérie n'avait pas le choix. Que c'était pour elle une question de souveraineté. Qu'elle avait subi la dure expérience du terrorisme. Que son habitude est de ne traiter à aucun prix avec les terroristes : une habitude, quasiment une tradition culturelle. On ne va tout de même pas s'aviser de critiquer une telle tradition. De même qu'on ne va pas critiquer l'unilatéralisme d'Alger et l'absence de communication avec les pays concernés dans l'intervention désastreuse. Et s'il y a plusieurs dizaines d'otages à faire passer par pertes et profits, eh bien tant pis. Ils étaient là tout simplement au mauvais endroit au mauvais moment.

D'ailleurs, a-t-on entendu dire du côté français, à quelque chose malheur est bon. En effet, ce désastre humain ne devrait pas manquer de faciliter la mobilisation internationale autour de la France dans l'intervention au Mali...

Ce cynisme bon marché émane d'un pays, la France, qui a perdu sa personnalité et son courage au point de trembler d'effroi dès qu'il s'agit de l'Algérie. Que de fausses culpabilités et de lâchetés avons-nous accumulé pour en arriver là ! Ici, on mange notre chapeau en laissant accréditer l'idée que nous n'aurions commis que des atrocités en Algérie au temps de la colonisation. Là, on laisse massacrer ses propres ressortissants qui ont été proprement sacrifiés par les autorités algériennes sur l'autel de leurs intérêts locaux. Quoiqu'il advienne, surtout ne pas critiquer l'Algérie, avec laquelle nous entretenons des "relations historiques privilégiées" depuis des années. Même si ces relations soi-disant spéciales nous valent, côté algérien, des condamnations régulières pour "génocide" et des appels à la repentance.

On demeure confondu quand on pense que l'affaire Merah avait entraîné une suspicion sans nom à l'égard de ceux qui avaient décidé l'opération de neutralisation d'un terroriste tueur d'enfants. En revanche, on fait aujourd'hui silence envers ceux qui, à Alger, ont décidé d'une opération aussi meurtrière. Une opération d'autant plus expéditive qu'il n'y a pas eu un seul ressortissant algérien à avoir laissé la vie dans l'opération. Faut-il croire que nous "expions", là encore, notre passé ?

Décidément, la France n'a pas les tripes de la Grande-Bretagne, des Etats-Unis ou du Japon. Et ce n'est pas l'intervention de matamore au Mali, préparée avec un amateurisme consternant, qui démontrera le contraire. Une intervention qui ne tardera d'ailleurs pas à être dénoncée par l'opinion publique à la suite du désastre algérien. "En avoir ou pas", disait naguère André Malraux. Et Léo Ferré lui répondait comme en écho à propos des Français : "... un peuple repus rotant tout seul dans sa mangeoire".

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