Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

mercredi 9 janvier 2013

"Modèle" français ?

Personne n'a osé le commenter en France mais les étrangers sourient sans doute, avec une pointe de commisération, lorsque Jean-Marc Ayrault évoque un nouveau "modèle français". Pourquoi nouveau, d'ailleurs ? En existait-il un dans le passé dont nous n'aurions pas été informés ? 

Le premier ministre a-t-il en tête les droits de l'homme dont nous avons l'habitude de nous autoproclamer la "patrie" ? Mais il aura oublié au passage l'Angleterre de l'Habeas Corpus qui nous aura largement précédé en ce domaine. Il aura également passé sous silence les performances peu flatteuses de notre pays en matière de droits de l'homme si l'on en croit les condamnations récurrentes dont notre pays fait l'objet de la part des instances internationales.

M. Ayrault veut-il parler de cette "révolution permanente" que certains à gauche ne se résignent pas à effacer de leur ordre du jour ? Le président Hollande qui n'aime pas les riches et ambitionnait naguère de faire rendre gorge à la finance internationale ? M. Montebourg qui rêve de laisser son nom aux "nationalisations punitives", mélange ineffable de 1945 et 1793 ? M. Mélenchon qui se prend pour la réincarnation de Robespierre avec l'antimondialisation en plus ? M. Besancenot qui se prend, lui, pour Fouquier-Tinville et veut faire traduire en justice, après avoir confisqué leurs biens, ces patrons qu'il traite indifféremment de "voyous" ou de "vautours" ?

Pense-t-il à tout cela notre chef de gouvernement lorsqu'en parfait adepte de la méthode Coué, il parle de "modèle" français ? Auquel cas, il se trompe lourdement et ses amis, politiques et journalistes, seraient bien inspirés de le lui dire. La France ne fascine plus personne de nos jours. On ne lui envie ni ses déficits vertigineux, ni son chômage, ni ses taxes pénalisantes dont la gauche a décidément le secret  : étant entendu qu'il n'y a pas de problèmes qui ne puissent se résoudre par la création d'un impôt. On ne lui envie pas non plus la dilapidation anarchique de son tissu industriel. On ne lui envie surtout pas son égalitarisme aussi épidermique que niveleur qui décourage les élites et, d'une manière générale, ceux qui osent prendre des initiatives ou travailler davantage que le minimum syndical. 

Non, cette France-là qui se défie de la réussite et de l'argent, personne de sensé ne peut l'envier. Et ce, d'autant plus qu'elle est vantée sur le ton de l'arrogance et de la suffisance. Comme s'il était avéré que notre pays dusse préempter ce rôle pathétique de donneur de leçons au monde entier.

Il faudrait également dire au premier ministre que le héraut - sans mauvais jeu de mot - d'un "modèle" est d'abord celui qui sait entraîner, enthousiasmer, galvaniser. Et qu'en débitant ses discours sur ce ton monocorde, soporifique et désespérément dénué de conviction qui lui est si caractéristique, il ne saurait être cet homme-là. A moins, bien sûr, que le style ne rejoigne le fond et que ce "modèle" ubuesque n'ait finalement trouvé son illustrateur idéal ...

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