Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

mercredi 30 janvier 2013

La puanteur de la décadence


Que notre société marche sur la tête, on s’en doutait déjà un peu. Que les médias y contribuent grandement, l’opinion publique en paraît d’ores et déjà convaincue. Dernier exemple en date : cette famille, un couple et un enfant accompagnés par un bénévole de l’association ATD Quart Monde, qui a été éconduite du musée d’Orsay en raison de l’odeur pestilentielle qu’elle dégageait sur son passage.
Par le truchement des associations, qui défendent bec et ongles leur fond de commerce, ainsi que de la « bienpensance droit-de-l’hommiste » qui ne manque jamais d’affleurer, cet incident est devenue une affaire d’Etat. Au point que la direction du musée a été fermement invitée en haut lieu à exprimer sa « peine » et que le ministère de la Culture a ordonné sur le champ un « rapport » tandis que Mme Filipetti "regrette" l'incident …

De quoi s’agit-il, en fait ? D’une prosaïque affaire d’hygiène qui a été promptement escamotée par les associations et autres gauchisants à tous crins en « racisme anti-pauvre ». On croit rêver ! Qui remet en question la faculté pour les familles démunies de s’enrichir culturellement et, notamment, de fréquenter les musées publics ? Absolument personne. Toutefois, à l'instar de n'importe quel lieu public, un musée comme celui d’Orsay comporte une foule de visiteurs. La moindre des choses est de ne pas incommoder son voisin par son manque d’hygiène corporelle. 
La moindre des choses ? Eh bien, non ! ATD Quart Monde n’a pas trouvé mieux que de controuver les faits en dénonçant une sorte de stigmatisation des personnes dans le besoin. Je suggère à cette association, qui prétend « agir pour la dignité », de comprendre que la première dignité est précisément de faire en sorte que les gens dont elle s’occupe soient propres de leur personne. Avant d’admirer Van Gogh et de respecter la culture, il importe que les gens se respectent eux-mêmes à travers leur hygiène. Et, au passage si ce n’est trop demander, respectent les autres.
Quant aux donneurs de leçons professionnels qui ne sont pas loin d’insinuer que l’odeur n’est qu’un prétexte et que les autres visiteurs, au fond, n’ont qu’à s’adapter, tout débat avec eux est superfétatoire. Une fois de plus, ce sont les fondements de notre société qui sont attaqués par le biais du relativisme, du soi-disant « racisme » ou de la prétendue « stigmatisation ». 

Une société de "crades", au sein de laquelle les gens propres doivent céder le pas à ceux qui ne le sont pas au nom de l’égalitarisme environnant et d'une loi de Gresham d'un genre nouveau : voilà bien le nouveau modèle français. Jadis, dans les cours d’instruction civique qui ont aujourd’hui disparu – jusqu’à l’adjectif « civique » d’ailleurs, auquel on préfère significativement aujourd’hui celui de « citoyen » qui fleure mieux la révolution et la revendication - l’instituteur apprenait aux enfants la dignité de soi à travers la morale laïque et la vie en société. Un enfant en mal d’hygiène n’aurait jamais été admis dans une salle de classe tout en étant encouragé à aller se laver. 
Aujourd’hui, il n’est plus du tout honteux d’être « dégueu ». D’ailleurs, dans les salles de classes, nos fameux « professeurs des écoles » ne sont pas toujours des exemples éclatants, de ce point de vue. Pis encore, la honte a changé de camp. Elle n’est plus celle des parents qui ont été incapables d'apprendre à leur enfant à être propre de sa personne. Pourtant, un peau d’eau et un morceau de savon coûtent moins cher qu’un téléphone portable. La honte n’est pas davantage celle d’associations dont on peut se demander jusqu’à quel point la raison d’être n’est pas de donner mauvaise conscience aux autres. La preuve : ATD a l'indécence d'attaquer en justice le musée d'Orsay !
La honte est surtout celle d’une société déboussolée. Cette odeur pestilentielle, qui a entraîné à juste raison l’indignation des visiteurs du musée d’Orsay comme elle provoque chaque jour la gêne d'usagers du métro parisien, est en quelque sorte la puanteur vénéneuse de notre propre décadence. C’est l’odeur de la France d’aujourd’hui.

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