Que notre société
marche sur la tête, on s’en doutait déjà un peu. Que les médias y contribuent
grandement, l’opinion publique en paraît d’ores et déjà convaincue. Dernier
exemple en date : cette famille, un couple et un enfant accompagnés par un
bénévole de l’association ATD Quart Monde, qui a été éconduite du musée d’Orsay
en raison de l’odeur pestilentielle qu’elle dégageait sur son passage.
Par le truchement des
associations, qui défendent bec et ongles leur fond de commerce, ainsi que de
la « bienpensance droit-de-l’hommiste » qui ne manque jamais d’affleurer,
cet incident est devenue une affaire d’Etat. Au point que la direction du musée
a été fermement invitée en haut lieu à exprimer sa « peine » et que le
ministère de la Culture a ordonné sur le champ un « rapport » tandis que Mme Filipetti "regrette" l'incident …
De quoi s’agit-il, en
fait ? D’une prosaïque affaire d’hygiène qui a été promptement escamotée par les associations et autres gauchisants à tous crins en « racisme
anti-pauvre ». On croit rêver ! Qui remet en question la faculté pour les familles démunies de s’enrichir
culturellement et, notamment, de fréquenter les musées publics ? Absolument
personne. Toutefois, à l'instar de n'importe quel lieu public, un musée comme celui d’Orsay comporte une foule de visiteurs. La moindre des choses est de ne pas incommoder son voisin par son manque d’hygiène
corporelle.
La moindre des choses ?
Eh bien, non ! ATD Quart Monde n’a pas trouvé mieux que de controuver les
faits en dénonçant une sorte de stigmatisation des personnes dans le besoin. Je
suggère à cette association, qui prétend « agir pour la dignité »,
de comprendre que la première dignité est précisément de faire en sorte que les gens dont
elle s’occupe soient propres de leur personne. Avant d’admirer Van Gogh et de
respecter la culture, il importe que les gens se respectent eux-mêmes à travers
leur hygiène. Et, au passage si ce n’est trop demander, respectent les autres.
Quant aux donneurs de
leçons professionnels qui ne sont pas loin d’insinuer que l’odeur n’est qu’un
prétexte et que les autres visiteurs, au fond, n’ont qu’à s’adapter, tout débat
avec eux est superfétatoire. Une fois de plus, ce sont les fondements de notre
société qui sont attaqués par le biais du relativisme, du soi-disant « racisme »
ou de la prétendue « stigmatisation ».
Une société de "crades", au sein de laquelle les
gens propres doivent céder le pas à ceux qui ne le sont pas au nom de l’égalitarisme
environnant et d'une loi de Gresham d'un genre nouveau : voilà bien le nouveau modèle français. Jadis, dans les cours d’instruction civique qui ont aujourd’hui
disparu – jusqu’à l’adjectif « civique » d’ailleurs, auquel on préfère
significativement aujourd’hui celui de « citoyen » qui fleure mieux la
révolution et la revendication - l’instituteur apprenait aux enfants la dignité
de soi à travers la morale laïque et la vie en société. Un enfant en mal d’hygiène n’aurait jamais été admis dans
une salle de classe tout en étant encouragé à aller se laver.
Aujourd’hui, il n’est
plus du tout honteux d’être « dégueu ». D’ailleurs, dans les salles de classes, nos fameux « professeurs
des écoles » ne sont pas toujours des exemples éclatants, de ce point de
vue. Pis encore, la honte a changé de camp. Elle n’est plus celle des parents
qui ont été incapables d'apprendre à leur enfant à être propre de sa personne. Pourtant, un peau d’eau et un morceau de savon coûtent moins cher qu’un téléphone
portable. La honte n’est pas davantage celle d’associations dont on peut se
demander jusqu’à quel point la raison d’être n’est pas de donner mauvaise
conscience aux autres. La preuve : ATD a l'indécence d'attaquer en justice le musée d'Orsay !
La honte est surtout celle d’une
société déboussolée. Cette odeur pestilentielle, qui a entraîné à juste raison
l’indignation des visiteurs du musée d’Orsay comme elle provoque chaque jour la gêne d'usagers du métro parisien, est en quelque sorte la puanteur vénéneuse de notre propre décadence. C’est l’odeur de la France d’aujourd’hui.
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