La
France ne déteste rien tant que les gagnants et ceux qui osent sortir du rang. L’affaire
Ibrahimovic en est le dernier exemple en date. Série à suivre …
Que la France ait une
dilection particulière pour les perdants, qu’ils soient deuxièmes ou
finalistes, n’est plus un scoop et
depuis fort longtemps. Bien sûr, l’exemple de Poulidor, que les Français
préférèrent à Anquetil dans les années 1960, vient immédiatement à l’esprit. Il
en est d’autres dont le moindre, dans la sphère footballistique, n’est pas le
club de Saint-Etienne qui défila triomphalement sur les Champs-Elysées en 1976
après … une finale de Coupe d’Europe perdue contre le Bayern Munich.
L’inverse, la
détestation des vainqueurs, est tout aussi vrai. Il suffit de se rappeler l’Olympique
de Marseille, victorieux de cette même Coupe d’Europe en 1993, mais obligé de
tout abandonner, gloire et trophées, à la suite de cette histoire archi-mineure
du match truqué contre Valenciennes. Mais l’OM, à l’époque, c’était Tapie et Tapie
c’était la France qui gagne et qui s’enrichit.
Au fond, malgré
certaines apparences, la psychologie de la France d’aujourd’hui est
parfaitement en phase avec celle de son président qui déclarait, il y a peu, ne
pas aimer les riches. Le dernier exemple en date ? Celui du club du Paris
Saint-Germain dont le seul tort est de bénéficier d’une manne financière
exceptionnelle, à la hauteur de celles dont bénéficient depuis des lustres de
grands clubs européens comme le Real Madrid, le FC Barcelone voire Manchester
United. Ni plus ni moins.
La France n’est ni l’Angleterre
ni l’Espagne. En Espagne, au-delà des rivalités locales, on est plutôt fier du
Real ou du Barça de même qu’en Angleterre on est fier de Man’United ou de
Chelsea. En France, un sondage vient de montrer que 73% des Français n’aiment
pas le PSG : près de trois-quarts des Français, qui ne sont pas tous
Marseillais. Pourquoi un tel pourcentage négatif ? Cela se
rapporte-t-il au Qatar, qui dirige le club parisien depuis ces dernières années ?
Sans doute pas. Cela renverrait-il alors à la critique habituelle qu’on fait du
PSG, tenu pour une équipe de « mercenaires » ? Pas davantage. La
vérité est que Paris se met à gagner tant et plus et fait désormais partie des
grands d’Europe. Là est bien le nœud du problème.
Et l’on en vient
inévitablement au cas de Zlatan Ibrahimovic qui est le phare de cette équipe.
Joueur d’exception, à l’évidence, Zlatan est doté, comme tout grand champion
aujourd’hui, d’un égo surdimensionné. Il agace parfois mais il enchante
toujours ou presque. Or, le football est un jeu mais aussi un spectacle. Zlatan
fait venir les gens au stade, Zlatan fournit aussi leur pâture aux journalistes.
Cette situation résulte tout autant des excès de l'intéressé que de ses talents footballistiques hors normes. Seuls les gens de mauvaise foi peuvent nier l'évidence que vient encore de
rappeler honnêtement l’entraîneur de l’AS St Etienne, Christophe Galtier :
sans Zlatan Ibrahimovic, le championnat de France serait beaucoup plus triste et,
surtout, relégué au niveau qui est le sien en Europe, celui d’une compétition
de seconde zone.
Au regard des
trotte-menus et autres pousse-mégots qui
gouvernent le football français – ceux-là même, à l’instar de Noël Le
Graet, élu socialiste, qui avaient eu la peau de Tapie il y a quelques années –
Zlatan ne peut qu’irriter. Par conséquent, lorsqu’il se heurte physiquement à
un adversaire sur le terrain, il est sanctionné plus sévèrement qu’un autre. Il
en va a fortiori dès qu’il se met à critiquer l’arbitrage français.
Ah ! L’arbitrage
français ! Il est tellement bon et performant qu’on ne trouve plus un seul
arbitre français pour diriger un match international de haut niveau. Où
sont-ils passés, ceux qui font les fiers à bras sur les terrains semaine après
semaine, menaçant avec leurs cartons jaunes ou rouges, voire à présent bousculant
certains joueurs ? Il n’est que de comparer ces arbitres, dont le corporatisme
crispé n’a d’égal que l’incompétence, avec leur homologues en Angleterre ou en Italie :
toujours souriants et, surtout, efficaces.
La dernière sortie en
date d’Ibrahimovic, qui vient de lui valoir quatre matchs de suspension, est
significative. La presse, qui fait manifestement chorus avec les instances de
la fédération de football, a occulté allègrement les causes de cette sortie : une faute d’arbitrage
scandaleusement grossière, pas une de ces fautes humaines sujettes à interprétation mais une
faute d'arbitrage commise délibérément, de sang-froid comme s'il fallait que que Zlatan sorte de ses gonds. Ce
qu’il fit car, en matière d’injustice éhontée, trop c’est trop. Et que les bonnes âmes ne viennent pas parler d'exemplarité : les journalistes comme les dirigeants du football ne sont pas spécialement des modèles pour ce qui les concerne.
Sans être
paranoïaque, cette histoire sent sacrément le piège dirigé contre le PSG et son
joueur vedette au moment même où Paris s’apprête à jouer des matchs décisifs.
Hier la fédération
française avait exclu Léonardo, le directeur sportif du PSG, de notre championnat, à la suite d’une
altercation avec un des arbitres les plus nuls de France, M. Castro
(rassurez-vous, il sévit toujours sur les terrains) en jouant les juges au petit pied. La presse
française avait alors applaudi à grands cris. On sait ce qu’il est advenu par la suite : la justice
administrative, jusqu’au Conseil d’Etat, a désavoué les soi-disant juges de
la fédération. Résultat : Léonardo lui réclame aujourd’hui 9 millions d’euros,
sous l’œil goguenard de M. Le Graet qui se sait soutenu politiquement.
Désormais, c’est une autre nullité crasse, M. Jaffredo qui méconnaît ouvertement une des règles élémentaires du football qui est à l’origine de l’affaire Ibrahimovic. L'arbitre n'a aucune excuse en l'espèce : il était devant l'action et a bien vu le défenseur bordelais adresser une passe à son gardien qui s'est saisi du ballon à pleines mains, ce que le règlement interdit formellement. Comment l'arbitrage pourrait-il se faire respecter avec de tels écarts ?
Cela commence à bien
faire. Que l’arbitrage français soit très mauvais, on le sait déjà, mais si en
plus il devient de mauvaise foi ! Comment, dans de telles conditions, peut-on avoir le culot de condamner quelqu'un qui s'insurge verbalement - et même si les termes ne sont peut-être pas des mieux choisis - contre un tel arbitrage ? L’assentiment hypocrite à nos arbitres, qui sont donc autorisés à faire n'importe quoi en toute impunité, n’en
est que plus délirant. Le plus significatif est celui du quotidien L'Equipe qui se réjouit ouvertement à la une de la sanction infligée : "Zlatané !". Dans ses colonnes intérieures, ce même journal croit même devoir repérer onze "dérapages" d'Ibrahimovic dans le passé : et de mêler indistinctement des sanctions pour jeu dur, comme si Zlatan était le seul, ainsi que des propos tenus dans ... un livre. Au fond, des soi-disant dérapages qui n'existent que dans l'imagination de ceux qui en parlent. Comme s'il fallait à toute force désigner du doigt le "bad boy" et justifier a posteriori l'injustifiable de la sanction. Ce n'est certes pas la première fois que le quotidien sportif commet des erreurs monumentales de jugement, comme pourrait en témoigner rétrospectivement un certain Aimé Jacquet.
Où l’on revient à notre point de départ. Qui va prendre
la défense d’un type - Zlatan Ibrahimovic - qui gagne plusieurs millions d’euros
par an et ne cherche même pas à s’en excuser, hein ? Qui va prendre la
défense d’un club – le PSG - que les instances du football font tout pour
casser, au niveau du calendrier comme des suspensions ? Je ne doute pas qu'il y aurait des ricanements si Paris se faisait éliminer par Barcelone. Quant au prochain match PSG-Bastia - finale de la Coupe de la Ligue - alors même que plusieurs joueurs bastiais ont déjà déclaré ouvertement vouloir se livrer à un jeu dur contre Paris, il se trouve toujours un Pascal Praud pour s'insurger à l'avance qu'on "stigmatise" (nul n'est besoin de se demander où il aura été pêcher cette perle de la nov'langue) ce brave club corse dont on connaît la prédilection pour la technique et le beau jeu.
Au fond, ils sont si nombreux en France à souhaiter que Lyon ou Marseille soit finalement champion de France…
sous l’œil amusé de nos voisins européens. La France de Poulidor, vous dit-on !
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