Au
spectacle du désastre de sa politique étrangère, tout particulièrement au
Moyen-Orient, on se dit qu’il est grand temps qu’Obama passe la main.
A l’orée de son premier
mandat, il y a presque huit ans et alors qu’il était paré de l’auréole du
vainqueur dans la course présidentielle américaine, nous étions quelques-uns à nous interroger
sur ce que serait la politique étrangère de Barack Obama. A l’époque, outrés
par une telle impertinence inquisitoriale, les thuriféraires du politiquement
correct nous sommaient littéralement de nous prosterner devant ce phare de
progressisme que représentait forcément l’avènement du « premier président
afro-américain » à Washington. Par définition et sans la moindre discussion, ce
dernier ne pouvait qu’être hors pair, génial, bref exceptionnellement
remarquable. Certains le crurent au point de se ridiculiser en décernant à B.
Obama, après moins d’un an de mandat présidentiel, le prix Nobel de la Paix.
Pour notre part, nous
nous demandions benoîtement si le président démocrate Obama serait un nouveau
Clinton ou un nouveau Carter : sous-entendu, un président habile et
équilibré ou le président du désastre et de l’amateurisme. Cela fait longtemps
à présent qu’on connaît la réponse : indépendamment de sa stature ou de
son charisme qui sont bien réels au demeurant, Obama est un Carter … en bien pire.
Il n’est que de
considérer l’éloge d’Obama dressé par un journaliste de politique internationale
du Figaro dont le rêve personnel, à en
croire ses familiers, est d’intégrer le Quai d’Orsay. Hélas pour lui,
l’ambition de ce journaliste est restée vaine jusque-là, malgré son statut
d’énarque et sa persévérance à magnifier à tout propos les thèses du
« Département » (qui désigne le ministère des Affaires étrangères,
pour les initiés). Sa dernière saillie en date fut de considérer, à la suite de
l’accord sur le nucléaire iranien, que si Obama ne méritait sans doute pas le
prix Nobel en 2009, il le mérite largement désormais.
On sait que la
tradition pro-arabe du Quai d’Orsay exprime de longue date une indulgence singulière
pour l’Iran, pays musulman quoique non arabe. Il y a plus d’une dizaine d’années
de cela, la diplomatie française gobait sans examen les billevesées de
Mohammed El Baradei, l’ancien et fort regrettable patron de l’AIEA (Agence
internationale de l’énergie atomique). Baradei, à qui fut d’ailleurs également
attribué le prix Nobel, est celui qui aura trompé pendant des années une partie
de l’Occident et l’Europe tout particulièrement en soutenant que l’Iran n’avait
que des intentions pacifistes et n’était aucunement un danger pour la stabilité régionale et internationale. A l’époque,
seuls les Etats-Unis représentaient ce verrou nécessaire faute duquel auraient
triomphé les nouveaux Munichois, Israël étant aujourd’hui ce que la Tchécoslovaquie fut hier.
Avec Obama, un tel verrou a fini par sauter. Et s’il n’a pas sauté plus tôt, c’est
qu’Obama jouait tout simplement sa réélection et avait encore à craindre du lobby juif américain. A présent, ne craignant plus rien pour une
carrière politique de toute façon achevée, il peut se permettre de révéler au
grand jour ses intentions cachées, celles qui voient les desseins d'Husein l’emporter sur
ceux de Barack.
Avec le recul, tout avait
commencé avec ce discours du Caire de juin 2009 par lequel Obama annonçait le « printemps
arabe » pour certaines belles âmes taraudées par le romantisme, mais
surtout la déstabilisation d’une grande partie du monde arabe pour les observateurs les plus
lucides. Ce discours-là aura fait encore plus de mal pour la stabilité
internationale que le lâchage indigne par Jimmy Carter, en 1978, du Shah d’Iran
sous l’œil complaisant de certains dirigeants européens comme notre président
Giscard d’Estaing qui n’hésita nullement à ouvrir toutes grandes les portes de
Neauphle-le-Château à l’ayatollah Khomeiny. On connaît les succès impérissables de cette stratégie de l'apprenti-sorcier.
A cause des paroles irresponsables d’Obama, au nom de ces fameux bons sentiments démocratiques qui animaient déjà Carter, les verrous de la stabilité
furent promptement pulvérisés sous prétexte de la lutte contre des dictatures
passéistes. Quand on pense qu’on reprocha à George W. Bush d’avoir ouvert la
boîte de Pandore en faisant dégommer Saddam Hussein en Irak ! Il n’avait
fait en réalité que l’entrouvrir alors qu’Obama l’a littéralement défoncée.
Depuis
prospèrent allègrement terroristes et djihadistes qui multiplient menaces et attentats. Depuis, nous avons Daesh en attendant pire encore. Etait-ce là ce que recherchait Obama ? Dans sa façon de s’en
prendre frontalement à Bibi Netanyahu, dont on peut penser par ailleurs ce qu’on
veut de sa politique, Obama a montré qu’il se souciait comme d’une guigne de
lâcher Israël. Certes, mais au nom de quoi, ce lâchage ? Moins au nom des
intérêts américains, on présume, que du culte des ancêtres ou de la révérence freudienne d'Obama à son père musulman.
Décidément, à la différence de son patron actuel qui ne fera de toute façon que
passer, la machine du Quai d'Orsay a toutes les raisons de se réjouir de l’inflexion présente de la
politique étrangère américaine vis-à-vis du monde arabe. Et ce journaliste du
Figaro est non moins fondé à encenser le président américain pour l’ensemble de son œuvre. Il n’est
pas sûr, cependant, qu’ils aient à se réjouir encore très longtemps. L’an prochain,
Obama sera devenu – fort heureusement – de l’histoire ancienne. Il n’est pas du
tout certain que son successeur, qu’il s’agisse de la démocrate Hillary Clinton
ou du républicain Jeb Bush, conservent le même point de vue et la même
stratégie. Souvenons-nous précisément de l’histoire passée : après le calamiteux Carter s’installa
par bonheur à la Maison Blanche un certain Ronald Reagan …
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