Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

dimanche 19 avril 2015

Le deuxième … en pire



Au spectacle du désastre de sa politique étrangère, tout particulièrement au Moyen-Orient, on se dit qu’il est grand temps qu’Obama passe la main.

A l’orée de son premier mandat, il y a presque huit ans et alors qu’il était paré de l’auréole du vainqueur dans la course présidentielle américaine, nous étions quelques-uns à nous interroger sur ce que serait la politique étrangère de Barack Obama. A l’époque, outrés par une telle impertinence inquisitoriale, les thuriféraires du politiquement correct nous sommaient littéralement de nous prosterner devant ce phare de progressisme que représentait forcément l’avènement du « premier président afro-américain » à Washington. Par définition et sans la moindre discussion, ce dernier ne pouvait qu’être hors pair, génial, bref exceptionnellement remarquable. Certains le crurent au point de se ridiculiser en décernant à B. Obama, après moins d’un an de mandat présidentiel, le prix Nobel de la Paix. 

Pour notre part, nous nous demandions benoîtement si le président démocrate Obama serait un nouveau Clinton ou un nouveau Carter : sous-entendu, un président habile et équilibré ou le président du désastre et de l’amateurisme. Cela fait longtemps à présent qu’on connaît la réponse : indépendamment de sa stature ou de son charisme qui sont bien réels au demeurant, Obama est un Carter  … en bien pire.

Il n’est que de considérer l’éloge d’Obama dressé par un journaliste de politique internationale du Figaro dont le rêve personnel, à en croire ses familiers, est d’intégrer le Quai d’Orsay. Hélas pour lui, l’ambition de ce journaliste est restée vaine jusque-là, malgré son statut d’énarque et sa persévérance à magnifier à tout propos les thèses du « Département » (qui désigne le ministère des Affaires étrangères, pour les initiés). Sa dernière saillie en date fut de considérer, à la suite de l’accord sur le nucléaire iranien, que si Obama ne méritait sans doute pas le prix Nobel en 2009, il le mérite largement désormais. 

On sait que la tradition pro-arabe du Quai d’Orsay exprime de longue date une indulgence singulière pour l’Iran, pays musulman quoique non arabe. Il y a plus d’une dizaine d’années de cela, la diplomatie française gobait sans examen les billevesées de Mohammed El Baradei, l’ancien et fort regrettable patron de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique). Baradei, à qui fut d’ailleurs également attribué le prix Nobel, est celui qui aura trompé pendant des années une partie de l’Occident et l’Europe tout particulièrement en soutenant que l’Iran n’avait que des intentions pacifistes et n’était aucunement un danger pour la stabilité régionale et internationale. A l’époque, seuls les Etats-Unis représentaient ce verrou nécessaire faute duquel auraient triomphé les nouveaux Munichois, Israël étant aujourd’hui ce que la Tchécoslovaquie fut hier. Avec Obama, un tel verrou a fini par sauter. Et s’il n’a pas sauté plus tôt, c’est qu’Obama jouait tout simplement sa réélection et avait encore à craindre du lobby juif américain. A présent, ne craignant plus rien pour une carrière politique de toute façon achevée, il peut se permettre de révéler au grand jour ses intentions cachées, celles qui voient les desseins d'Husein l’emporter sur ceux de Barack.

Avec le recul, tout avait commencé avec ce discours du Caire de juin 2009 par lequel Obama annonçait le « printemps arabe » pour certaines belles âmes taraudées par le romantisme, mais surtout la déstabilisation d’une grande partie du  monde arabe pour les observateurs les plus lucides. Ce discours-là aura fait encore plus de mal pour la stabilité internationale que le lâchage indigne par Jimmy Carter, en 1978, du Shah d’Iran sous l’œil complaisant de certains dirigeants européens comme notre président Giscard d’Estaing qui n’hésita nullement à ouvrir toutes grandes les portes de Neauphle-le-Château à l’ayatollah Khomeiny. On connaît les succès impérissables de cette stratégie de l'apprenti-sorcier.

A cause des paroles irresponsables d’Obama, au nom de ces fameux bons sentiments démocratiques qui animaient déjà Carter, les verrous de la stabilité furent promptement pulvérisés sous prétexte de la lutte contre des dictatures passéistes. Quand on pense qu’on reprocha à George W. Bush d’avoir ouvert la boîte de Pandore en faisant dégommer Saddam Hussein en Irak ! Il n’avait fait en réalité que l’entrouvrir alors qu’Obama l’a littéralement défoncée. 

Depuis prospèrent allègrement terroristes et djihadistes qui multiplient menaces et attentats. Depuis, nous avons Daesh en attendant pire encore. Etait-ce là ce que recherchait Obama ? Dans sa façon de s’en prendre frontalement à Bibi Netanyahu, dont on peut penser par ailleurs ce qu’on veut de sa politique, Obama a montré qu’il se souciait comme d’une guigne de lâcher Israël. Certes, mais au nom de quoi, ce lâchage ? Moins au nom des intérêts américains, on présume, que du culte des ancêtres ou de la révérence freudienne d'Obama à son père musulman.

Décidément, à la différence de son patron actuel qui ne fera de toute façon que passer, la machine du Quai d'Orsay a toutes les raisons de se réjouir de l’inflexion présente de la politique étrangère américaine vis-à-vis du monde arabe. Et ce journaliste du Figaro est non moins fondé à encenser le président américain pour l’ensemble de son œuvre. Il n’est pas sûr, cependant, qu’ils aient à se réjouir encore très longtemps. L’an prochain, Obama sera devenu – fort heureusement – de l’histoire ancienne. Il n’est pas du tout certain que son successeur, qu’il s’agisse de la démocrate Hillary Clinton ou du républicain Jeb Bush, conservent le même point de vue et la même stratégie. Souvenons-nous précisément de l’histoire passée : après le calamiteux Carter s’installa par bonheur à la Maison Blanche un certain Ronald Reagan …     

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