La
France est plus que jamais un pays à part où le parti communiste se permet de
tancer le chef de l’Etat sur le terrain de la morale politique.
On croit rêver. Par le
truchement de son porte-parole, le parti communiste français demande des « excuses
publiques » à F. Hollande pour ses propos tenus hier sur Canal + dans
lesquels il se risquait à une comparaison entre l’attitude actuelle du Front
national et « un tract communiste des années 70 ».
Qu’on ne se méprenne
surtout pas. Nous parlons bien de ce parti communiste qui représente une aberration aux yeux de nos partenaires européens, surtout de ceux qui ont été
soumis pendant des décennies au joug de l’URSS. Nous parlons bien de ce parti
communiste qui ne s’est jamais excusé d’avoir été stalinien et même le plus stalinien du vieux continent. Nous parlons de ce
parti communiste qui aura attendu juin 1941, moment de l’entrée en guerre de l’Union
soviétique, pour s’opposer à l’Allemagne nazie. Nous parlons de ce parti communiste dont le chef, Maurice Thorez, avait déserté en 1939 avant de prendre la fuite en Union soviétique. Nous parlons de ce parti
communiste dont plusieurs dirigeants avaient demandé solennellement au
maréchal Pétain de leur faire « l’honneur » de venir témoigner contre
Léon Blum lors de l’infâme procès de Riom. Nous parlons de ce parti communiste
qui a toujours nié avec l’aplomb vulgaire d’un Georges Marchais l’existence d’un goulag,
laquelle avait été dénoncée bien avant que Soljenitsyne lui-même ne s’avise de prendre
la plume (dès les années trente avec Boris Souvarine). Nous parlons de ce parti
communiste qui, avec l'appui d'une intelligentsia à la botte - celle qui préférait se tromper avec Sartre qu'avoir raison avec Aron - eut le culot d’intenter en France, en 1947, un procès contre
le dissident soviétique Victor Kravchenko qui avait osé révéler l’existence de
camps de concentration en URSS.
Et avec tout cela, nos
communistes français ont l’impudence de surjouer l’indignation envers F. Hollande !
Au fond, nous n’avons à nous prendre qu’à nous-mêmes. Cela n’est possible que
parce que les communistes ont toujours bénéficié d’une bienveillance stupéfiante
en France.
Les intellectuels et les artistes en furent les premiers
responsables, à commencer par Gide, Sartre et consorts, et en continuant par
les Gérard Philippe et autres Yves Montand qui n’en finissaient pas de s’extasier
sur le paradis soviétique. La gauche mitterrandienne a également eu sa part de
responsabilité. Ah, elle a belle mine cette gauche d'aujourd'hui qui ne cesse de cracher rétrospectivement sur Guy Mollet, lui qui prétendait à juste raison que les communistes
ne sont pas à gauche mais à l’Est. Mitterrand, pour sa part, a eu beau les
écraser politiquement. Il ne leur a jamais marchandé honorabilité voire
légitimité. Sans parler de la droite, « la plus bête du monde » (Guy
Mollet dixit), perpétuellement tétanisée et complexée par la gauche.
Les communistes
français avaient pignon sur rue avant la chute du mur et l’effondrement de l’Union
soviétique. Contre toute attente, ils l’ont conservé depuis lors, sans la
moindre gêne ni complexe. Aujourd'hui, ils ne pèsent pratiquement plus rien
politiquement. Ils n'en continuent pas moins de sermonner, d’exiger, de donner des leçons de
morale et de se pavaner dans les médias complaisants ou ignares (beaucoup de jeunes journalistes étant incultes sur l'histoire politique, fût-elle récente, de la France), alors même que leurs pratiques de corruption
(à preuve les dernières tribulations en date du secrétaire général de la CGT Thierry Le Paon),
dans la « ceinture rouge » parisienne notamment, sont depuis
longtemps caricaturales.
En bref, dans les
faits et quoi qu'on pense par ailleurs, le Front national n’a pas commis le millième des vilénies commises par
les communistes, y compris sur les terrains de l’antisémitisme et de l'immigration. On oublie un peu facilement que ce n'est pas une mairie FN mais bien une mairie communiste qui fit détruire un foyer d'immigrés au bulldozer. Ce n'est pas un maire FN mais un maire communiste, en l'occurrence Robert Hue à Montigny-les-Cormeilles, qui accusa sans preuve un immigré d'origine marocaine d'être un trafiquant de drogue.
Pourtant, qu’on
ne se fasse aucune illusion : Hollande, qui se comporte beaucoup moins en
président de la République qu’en chef du parti socialiste, se fera un devoir d’arrondir
les angles au final. Il est vrai qu’on n’en est plus à ça près …
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