Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

lundi 20 avril 2015

Surréalisme



La France est plus que jamais un pays à part où le parti communiste se permet de tancer le chef de l’Etat sur le terrain de la morale politique.

On croit rêver. Par le truchement de son porte-parole, le parti communiste français demande des « excuses publiques » à F. Hollande pour ses propos tenus hier sur Canal + dans lesquels il se risquait à une comparaison entre l’attitude actuelle du Front national et « un tract communiste des années 70 ».

Qu’on ne se méprenne surtout pas. Nous parlons bien de ce parti communiste qui représente une aberration aux yeux de nos partenaires européens, surtout de ceux qui ont été soumis pendant des décennies au joug de l’URSS. Nous parlons bien de ce parti communiste qui ne s’est jamais excusé d’avoir été stalinien et même le plus stalinien du vieux continent. Nous parlons de ce parti communiste qui aura attendu juin 1941, moment de l’entrée en guerre de l’Union soviétique, pour s’opposer à l’Allemagne nazie. Nous parlons de ce parti communiste dont le chef, Maurice Thorez, avait déserté en 1939 avant de prendre la fuite en Union soviétique. Nous parlons de ce parti communiste dont plusieurs dirigeants avaient demandé solennellement au maréchal Pétain de leur faire « l’honneur » de venir témoigner contre Léon Blum lors de l’infâme procès de Riom. Nous parlons de ce parti communiste qui a toujours nié avec l’aplomb vulgaire d’un Georges Marchais l’existence d’un goulag, laquelle avait été dénoncée bien avant que Soljenitsyne lui-même ne s’avise de prendre la plume (dès les années trente avec Boris Souvarine). Nous parlons de ce parti communiste qui, avec l'appui d'une intelligentsia à la botte - celle qui préférait se tromper avec Sartre qu'avoir raison avec Aron - eut le culot d’intenter en France, en 1947, un procès contre le dissident soviétique Victor Kravchenko qui avait osé révéler l’existence de camps de concentration en URSS.

Et avec tout cela, nos communistes français ont l’impudence de surjouer l’indignation envers F. Hollande ! Au fond, nous n’avons à nous prendre qu’à nous-mêmes. Cela n’est possible que parce que les communistes ont toujours bénéficié d’une bienveillance stupéfiante en France. 

Les intellectuels et les artistes en furent les premiers responsables, à commencer par Gide, Sartre et consorts, et en continuant par les Gérard Philippe et autres Yves Montand qui n’en finissaient pas de s’extasier sur le paradis soviétique. La gauche mitterrandienne a également eu sa part de responsabilité. Ah, elle a belle mine cette gauche d'aujourd'hui qui ne cesse de cracher rétrospectivement sur Guy Mollet, lui qui prétendait à juste raison que les communistes ne sont pas à gauche mais à l’Est. Mitterrand, pour sa part, a eu beau les écraser politiquement. Il ne leur a jamais marchandé honorabilité voire légitimité. Sans parler de la droite, « la plus bête du monde » (Guy Mollet dixit), perpétuellement tétanisée et complexée par la gauche.

Les communistes français avaient pignon sur rue avant la chute du mur et l’effondrement de l’Union soviétique. Contre toute attente, ils l’ont conservé depuis lors, sans la moindre gêne ni complexe. Aujourd'hui, ils ne pèsent pratiquement plus rien politiquement. Ils n'en continuent pas moins de sermonner, d’exiger, de donner des leçons de morale et de se pavaner dans les médias complaisants ou ignares (beaucoup de jeunes journalistes étant incultes sur l'histoire politique, fût-elle récente, de la France), alors même que leurs pratiques de corruption (à preuve les dernières tribulations en date du secrétaire général de la CGT Thierry Le Paon), dans la « ceinture rouge » parisienne notamment, sont depuis longtemps caricaturales.

En bref, dans les faits et quoi qu'on pense par ailleurs, le Front national n’a pas commis le millième des vilénies commises par les communistes, y compris sur les terrains de l’antisémitisme et de l'immigration. On oublie un peu facilement que ce n'est pas une mairie FN mais bien une mairie communiste qui fit détruire un foyer d'immigrés au bulldozer. Ce n'est pas un maire FN mais un maire communiste, en l'occurrence Robert Hue à Montigny-les-Cormeilles, qui accusa sans preuve un immigré d'origine marocaine d'être un trafiquant de drogue.

Pourtant, qu’on ne se fasse aucune illusion : Hollande, qui se comporte beaucoup moins en président de la République qu’en chef du parti socialiste, se fera un devoir d’arrondir les angles au final. Il est vrai qu’on n’en est plus à ça près …

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