Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

vendredi 24 avril 2015

Chassez le naturel

Il faut arrêter de prendre les gens pour des benêts. Non, la Tunisie n'est ni le paradis du "printemps arabe" ni meilleure que les autres pays arabes en matière de subversion ou de djihadisme.


On en aura déployé des efforts, en France tout particulièrement, afin présenter la Tunisie comme un « modèle de démocratie dans le monde arabe » en même temps que le symbole du « printemps arabe » ! On n’aura pas lésiné sur la glorification de ce régime sensé illustrer la distanciation de bon aloi que le politiquement correct établit entre islam et islamisme.

Patatras ! La démonstration vient de prendre malencontreusement du plomb dans l’aile depuis ces dernières semaines. Il y a eu d’abord l’attentat contre le musée du Bardo, en mars dernier. Mais on pouvait croire que la Tunisie en était la première victime, de la même façon qu’on disait à Paris, sans rire, que l’islam était la première victime des attentats contre Charlie Hebdo et l’Hypercasher.

Mais aujourd’hui, il y a beaucoup plus grave. Alors que se déroule la fête dite de Dakhla, qui clôture traditionnellement la fin de l’épreuve sportive du baccalauréat, n’a-t-on pas vu sur la façade d’un lycée de Jendouba, dans le nord-est de la Tunisie, des bannières glorifiant explicitement Hitler, ce dernier étant représenté en train de saluer un drapeau nazi ? Au même moment, sur la page Facebook de cet établissement, étaient exhibées une bonne dizaine de maximes attribuées au Führer. 

Sur le fronton d’un autre lycée de la même ville était planté le drapeau noir de Daesh, agrémenté de slogans du genre « Nous n’acceptons que le pouvoir de Dieu » ou encore  « Al Qods, nous arrivons ! » Pour la précision historique, Al Qods désigne pour les Arabes Jérusalem, cette même ville sainte qui était juive depuis plusieurs millénaires (et, accessoirement, chrétienne depuis plusieurs siècles) avant que les Musulmans ne s’en emparent par la violence et la revendiquent, cela va de soi, comme une possession aussi éternelle qu’exclusive …

Ce n’est pas tout. Dans un lycée de jeunes filles de Kairouan, la ville la plus traditionnelle du pays, les élèves ont eu un réflexe similaire en ornant les murs de l’établissement de représentations de djihadistes trucidant à coups de cimeterre des prisonniers vêtus d’orange qu’on peut identifier sans trop de difficultés à des infidèles. Ces jeunes filles en fleur ont même eu la délicatesse extrême de représenter le malheureux pilote jordanien brûlé vif dans une cage par Daesh

On ne doute pas que les Tunisiens mais aussi bien certains Français tétanisés par l'islam qualifieront ces incidents de "cas isolés". On peut ainsi lire dans la presse française : « La fascination pour le Troisième Reich n’est pas rare dans les pays arabes, qui n’ont pas subi le traumatisme du nazisme et sont volontiers hostiles à l’Etat d’Israël ». Qu’en termes subtils et éthérés de telles choses sont dites !

En s’affranchissant de la litote comme de l’auto-censure, on pourrait même ajouter avec plus de justesse que le monde arabe a toujours considéré avec une franche sympathie le nazisme allemand, de certains dirigeants nationalistes algériens jusqu’au Grand Mufti de Jérusalem, Hadj Amin al-Husseini. On ne rappellera jamais assez à l’attention des naïfs ou des incultes, que la haine d’Husseini, non pas envers Israël qui n’existait pas à l’époque mais tout simplement envers les Juifs, incita à l'époque le saint homme à rencontrer Hitler à Berlin et à mettre sur pied une Légion arabe SS qui fit des ravages là où elle le put. On est loin, très loin, de la simple « fascination » dont fait état pudiquement l’organe de presse français mais d’une authentique et coupable complicité.

Aura-t-on également le mauvais goût de rappeler qu’outre certains pays d’Amérique du Sud, c’est essentiellement dans le monde arabe que trouvèrent refuge les grands criminels de guerre nazis : en Syrie, en Irak voire en Egypte ?

Je ne doute pas qu'il s'en trouvera pour prétendre que la manifestation spontanée de ces jeunes Tunisiens était bien plus de l'ignorance que de la conviction. Au-delà de cette éternelle théorie de l'excuse, il n'en reste pas moins que ces manifestations de jeunes tunisiens ne sont en rien isolées ou fortuites. Et ce n’est pas parce que Bourguiba puis Ben Ali - horresco referens - avaient su, en leur temps, tenir en lisière de telles tendances qu’elles n’existaient pas. Il faut donc sortir de la naïveté et cesser de biaiser, au nom du refus de l’amalgame, dès qu’il s’agit du monde arabe, Tunisie comprise. Une ultime preuve s’il en fallait vraiment une ? Aujourd’hui, la si douce, si tolérante et si démocratique Tunisie est le premier pays pourvoyeur de djihadistes au bénéfice de Daesh, avec 3 000 personnes parties en Syrie et en Irak. 

Avec tout cela, Hollande avait belle mine en allant toutes affaires cessantes (c'était le jour des élections départementales en France, excusez du peu) à Tunis délivrer un satisfecit aux dirigeants locaux. L’homme se veut comique mais sa politique schizophrène en devient, elle, tragique.

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