Comment
qualifier autrement ce sentiment de satisfaction qu’affichent ceux qui, Barack
Obama en tête, ont participé à l’accord
sur le nucléaire iranien ?
On nous rabâche parfois
tellement certaines commémorations ou leçons tirées de l’histoire qu’on finit par
en perdre le sens ou la signification. Il en va ainsi de Munich, cette
conférence de septembre 1938 à l’issue de laquelle les Occidentaux franco-britanniques
capitulèrent honteusement face aux exigences d’Hitler, sacrifiant au passage la
Tchécoslovaquie.
Retour de la capitale
bavaroise, Edouard Daladier, le chef du gouvernement français, s’attendait à
être lynché par la foule qui s’était précipitée à l’aéroport du Bourget…pour le
porter en triomphe ! Le leader socialiste Léon Blum parla, quant à lui, de
« lâche soulagement » et il avait raison contre ceux qui estimaient que la guerre était le pire de tous les maux, quitte à y abandonner au
passage son honneur.
De nos jours, un tel
sentiment a encore la vie dure mais là n’est sans doute pas l’essentiel sur le
dossier iranien. Vis-à-vis de Téhéran, il y a des lustres que les Occidentaux
ont capitulé mentalement devant les mollahs. On se souvient que l’exécrable
président Carter sacrifia délibérément le Shah, qu’il jugeait affreusement
répressif, pour ouvrir une voie royale à son adversaire de toujours, l’ayatollah
Khomeiny. A aucun moment de la crise iranienne de 1979, il n’eut la lucidité de
comprendre la tragique réalité de l’islamisme et ouvrit en toute naïveté la
boîte de Pandore. Il faut croire que son absence de vision était cruellement
partagée car on lui décerna par la suite le prix Nobel de la Paix !
Non, Jimmy Carter ne
fut pas le seul à s’être fourvoyé car, chez nous en France, le président
Giscard d’Estaing avait déjà ouvert toutes grandes à Khomeiny les portes d’un
exil politique doré et complaisant, à Neauphle-le-Château. VGE ferait même
mieux en faisant affréter, aux frais du contribuable français, un avion pour
ramener triomphalement en Iran le futur dictateur.
Un beau bilan en
vérité, mais les tristes sires capitulards eurent des héritiers lorsque, à l’aube
des années 2000, l’Iran se mit en tête d’acquérir l’arme nucléaire. Sur le fond
du dossier, qui ne voit le danger ? L’argument suivant lequel l’ambition
iranienne serait légitime compte tenu, notamment, de ce qu’Israël possède déjà
la bombe ne tient pas une seule seconde. Israël n’a jamais menacé ses voisins
avec son arme, à la différence de l’Iran qui, à la moindre occasion, promet de
rayer Israël de la carte. Il n’empêche que les Occidentaux, à l’époque, auront
fait preuve envers l’Iran d’une passivité confinant à la complaisance voire à
la complicité. Rappelons-nous à quel point, à l’époque, Jacques Chirac affecta
de croire aux conclusions du directeur général de l’AIEA (Agence internationale
de l’énergie atomique), El Baradei qui
jurait ses grands dieux que l’Iran n’avait rien à se reprocher et
développait un programme uniquement civil. S’en souvient-on ? Baradei, lui
aussi, eut le prix Nobel mais on sait qu’il mentait et que les Iraniens étaient
en train de développer un programme tout autre.
Mais tous ces gens sont
battus à plate couture, hélas, par le président américain Obama. Au début de
son mandat, on se demandait s’il serait un nouveau Carter ou un nouveau Clinton.
Cela fait déjà longtemps qu’on connaît la réponse : le pas encore regretté
mais déjà si regrettable président Carter n’aura pas été et de loin aussi
nuisible qu’Obama. Qu’on se rappelle ce désastreux discours du Caire par lequel
le président américain aura donné le signal des soi-disant « printemps
arabes », déstabilisant durablement le Maghreb comme le Machrek. Et pour quel bénéfice ?
On se pose aujourd’hui la question par antiphrase. Mais il y a pire en la
matière. En bon Américain, Obama n’aime pas l’Europe et ne comprend d’ailleurs
pas grand-chose aux affaires du Vieux continent, comme le démontre à satiété le
traitement de la crise ukrainienne. Il n’aime pas davantage Israël et mérite
bien, en ce sens, son second prénom, Husain.
Nos faiseurs d’opinion
en Europe donnent inébranlablement à Obama le beau rôle, comparé à Netanyahu qui est
définitivement jugé sectaire. Toutefois, à l’égard du dossier nucléaire
iranien, n’est-ce pas le premier ministre israélien qui a raison ? Pour
des raisons encore indéterminées, Obama voulait à tout prix un accord avec l’Iran.
Ayant oublié depuis longtemps d’être bête, les Iraniens ont compris qu’ils
avaient tout à gagner dans cette histoire. D’où ce pseudo-accord du 1er
avril – cela sonne, en plus, comme un « poisson d’avril » - qui
soulève davantage de problèmes qu’il n’en résout.
Il faut être, en effet,
d’une myopie singulière pour ne pas comprendre que l’Iran d’aujourd’hui, à l’instar
d’Hitler autrefois, ne respectera pas une seconde l’accord en question et n’abandonnera
jamais son ambition d’un nucléaire militaire. Lorsque les Occidentaux finiront
par le découvrir – à supposer qu’ils ne s’en doutent déjà pas – cela sera très
largement trop tard. Cet accord s’identifie donc à une capitulation en bonne et
due forme. On ne doute pas que les Européens, avec leur bonne conscience si
impavide, fermeront les yeux sur le plus que probable non-respect par Téhéran
des clauses de l’accord. En revanche, on imagine que ces mêmes Européens
rivaliseront d’indignation si, un jour, Israël devait bombarder unilatéralement les
sites nucléaires iraniens, comme il le fit en Irak en 1981.
En attendant, l’Occident
incarné par Obama – et il n’est pas certain cette fois que la France, à
commencer par Laurent Fabius, s’en satisfasse – patauge dans ce même « lâche
soulagement » que dénonçait hier Léon Blum. Conclusion : il est temps
que Barack Obama, qui ne laissera pas d’autre trace dans l’histoire que d’avoir
été le premier président « noir » américain, s’en aille. Je le
supposais jusque-là mais j’en suis à présent totalement convaincu : les
historiens du futur réévalueront à la baisse les mérites d’Obama voire – qui sait ?
– réévalueront dans la foulée ceux de son prédécesseur George W. Bush.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire