Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

mardi 5 mars 2013

Chers disparus

Coup sur coup, deux disparitions emblématiques qui ne peuvent laisser insensible notre bienpensance qui entend dicter le politiquement correct comme le moralement acceptable : Stéphane Hessel et Hugo Chavez. La coïncidence est plutôt malicieuse.

Le chantre des "indignés"a fini par être vaincu par l'âge. C'était prévisible car la biologie a fatalement le dernier mot. D'ailleurs, les "nécro-bios" des journaux étaient déjà peaufinées. Elles se sont évidemment bien gardé de s'interroger en temps voulu sur une biographie controversée à l'occasion de laquelle le vieux monsieur avait rien moins que menti sur sa soi-disant collaboration à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948. Qu'importe ! Tout le monde fait comme si et conserve un silence pudique sur cet égarement véniel, comparé au reste de l'"oeuvre" de l'intéressé. Pensez donc, un juif qui condamne Israël et le sionisme ! C'est d'autant plus inespéré que le vieux monsieur n'hésitait pas à enfoncer obsessionnellement le clou en prétendant que l'occupation nazie avait été relativement "douce" comparée à celle d'Israël à Gaza ou en Cisjordanie...  Les résistants - ceux qui, en tout cas, n'ont pas eu comme Hessel la bonne idée de s'enfuir à Londres - apprécieront comme il convient.

Chavez, ce n'est pas l'âge qui l'a vaincu - heureusement, d'ailleurs, car il eût fallu patienter quelques décennies - mais la maladie. Le concert des éloges et le choeur des pleureuses ne sont pas une surprise. Autant pour ceux en provenance d'Amérique latine ou de Russie que pour ceux qui sourdent chez nous, en France. On dit le gouvernement gêné. On le serait à moins, s'agissant d'un dictateur populiste qui avait une conception très particulière de la notion de liberté. Evidemment, il était hostile à Israël et aux Etats-Unis. C'est pourquoi Mélenchon se sent aussi affligé par la disparition de Chavez que peut l'être la "grande démocratie cubaine". Les journalistes français, eux,  à la différence de leurs homologues anglo-saxons - sans doute ne pratiquent-ils pas exactement le même métier - se plaisent à souligner le "charisme" de feu Chavez. Il est vrai qu'avec des médias locaux à sa botte et avec des médias étrangers de gauche dégoulinant de complaisance, il n'avait pas grand mal. Ch. Taubira, elle, ne se retient qu'à grand peine : on sent bien derrière son éloge appuyé et ses déclarations d'amitié au peuple vénézuélien - lequel n'a jamais entendu parler d'elle et ne lui demandait, d'ailleurs, rien  - une certaine fascination d'ancienne indépendantiste pour Chavez. Quant à la droite, constante dans sa pusillanimité, elle n'ose émettre la moindre critique de peur de se faire tancer par Saint-Germain-des-Prés et la rue de Solférino. Présumons qu'elle restera tout aussi molle que "Moi, président" lorsque les héritiers désignés de Chavez - comme il sied à toute bonne démocratie populaire - s'aviseront bientôt de confisquer le pouvoir par la force.

Après tout, c'est ainsi que se forgent les légendes de ces soi-disant grands disparus. Mais sachons apprécier le moment comme il convient. Et tant pis pour Bolivar qui trouvera peut-être à l'avenir des successeurs autrement plus estimables qu'un militaire populiste et vulgaire qui relevait davantage de la psychiatrie que de la politique. Quant à l'esprit de la résistance française, il survivra très aisément à la disparition d'un imposteur. C'est en tout cas à souhaiter.

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