Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

vendredi 22 mars 2013

La justice de mon pays

La phrase a été tellement galvaudée par les politiques de tous bords qu'elle est aujourd'hui totalement vidée de toute signification : "J'ai confiance dans la justice de mon pays". Irénisme ? Hypocrisie ? Je m'interroge dans la mesure où chacun sait que l'opinion publique dans sa majorité ne fait plus confiance depuis belle lurette aux juges et aux magistrats.

Imbus de leur fonction, souvent méprisants envers les avocats comme les justiciables, sectaires et politisés à l'occasion, ils ont perdu une grande partie de leur crédibilité au fil du temps. Corporatistes, ils se montrent d'une agressivité sourcilleuse dès que s'esquisse la moindre critique. Dès qu'on s'avise de mettre en cause leur responsabilité professionnelle, ils n'hésitent pas à former le carré en se prévalant, scandalisés, de l'indépendance de la justice. Irresponsables ils sont, irresponsables ils veulent farouchement demeurer. En un sens, d'aucuns estimeront qu'ils sont beaucoup plus irresponsables qu'ils le supposent eux-mêmes.

Mais, au fond, qui croient-ils tromper ? Ne contribuent-ils pas d'une façon dramatique au discrédit de nos institutions ? Depuis Outreau et ses conséquences dérisoires pour les magistrats impliqués, le public sait à quoi s'en tenir. Qui se souvient aujourd'hui de l'incurie comme de la partialité stupéfiante du juge Burgaud ? L'oubli est souvent salutaire pour le déroulement d'une carrière et la justice sait fort habilement en jouer. Des gens ont été brisés en cette occasion mais d'autres aussi, anonymes, en font les frais quotidiennement dans tous les prétoires de France et de Navarre.

Les juridictions judiciaires ne sont pas seules en cause, loin de là. Que de mentalités à évacuer tout aussi bien dans certaines juridictions administratives voire prud'hommales? Tout le monde le sait, beaucoup s'en plaignent mais personne n'ose le dénoncer. Tétanisés à l'idée de compromettre leur relations avec les magistrats - il faut bien que tout le monde vive, n'est-ce pas ? -, les avocats en sont souvent réduits d'une manière schizophrénique et en tout cas peu glorieuse à prendre le parti des magistrats quand ils sont attaqués. Infiltrée par la gauche, la presse quant à elle crie au poujadisme dans une telle situation. De fait, les juges se croient tout permis et se permettent d'ailleurs tout.

Naguère, l'inénarrable Eva Joly et son acolyte de triste mémoire Laurence Wichniewski, s'étaient acharnées des mois durant sur Roland Dumas ... pour aboutir à un non-lieu dont les attendus furent en tous points accablants pour la façon dont avait été menée l'instruction. Qui les a inquiétées pour leur parti pris scandaleux ? Cela a-t-il empêché Mme Joly de dormir et de continuer à vaticiner avec arrogance ?

La politisation n'est que la partie immergée de la défiance de l'opinion publique à l'égard de leur justice. On sait que l'Ecole nationale de la magistrature est très ancrée à gauche. Nul n'ignore également la coloration idéologique du fameux Syndicat de la Magistrature qui s'est créé en 1968 et n'a pas oublié les conditions de sa naissance. Regarder ou écouter ses leaders, qui sont des attitrés des médias, suffit à se faire une petite idée de la rigidité comme du sectarisme de ce syndicat. On n'oubliera pas que l'an dernier il n'a pas craint d'appeler à voter contre N. Sarkozy. Il n'est guère surprenant qu'on le voie monter sur ses grands chevaux pour voler au secours du juge Gentil - le cosignataire d'une pétition contre Sarkozy l'année dernière - qui vient de mettre en examen Nicolas Sarkozy sur le fondement ubuesque d'abus de faiblesse.

Quant à la concomitance entre l'affaire Sarkozy et l'affaire Cahuzac, qui se trouve de facto enterrée sur le plan médiatique, elle reste plus que suspecte. On peut dauber à l'infini la théorie du complot. Celle-ci ne sera pas évacuée au seul motif que la convocation à l'ancien président a été sans doute antérieure à démission de J. Cahuzac. En effet, une partie de la presse trouve presque normal que "Moi président" ait été tenu au courant du rebondissement en temps suffisamment opportun pour pouvoir gérer avec rapidité le cas de J. Cahuzac. Mais si cela était avéré, il apparaîtrait que "Moi président" avait été informé par la chancellerie de la mise en examen de son prédécesseur avant même qu'il ne se fût trouvé face au juge Gentil, c'est à dire avant une confrontation qu'on qualifie de soi-disant décisive. Dès lors, il est légitime de s'interroger sur quel fondement juridique réel N. Sarkozy a été mis en examen, la confrontation avec le majordome et autres domestiques n'en étant que l'habillage destiné à amuser la galerie. Voilà un beau sujet d'investigation mais il est à parier que la presse française, dont on connaît le courage légendaire, ne s'y risquera pas.

Confiance dans l'indépendance de la justice, avez-vous dit ?  Demandons à la juge d'instruction Marie-Odile Bertella-Geffroy qui avait mis Martine Aubry en examen sur le dossier de l'amiante et qui vient d'être déchargée du dossier par Mme Taubira (elle a d'ailleurs déposé un recours devant le Conseil d'Etat) ce qu'elle en pense. Indépendance, vraiment ? Rappelons-nous la réplique cynique de "Moi président", lors du salon de l'agriculture, au gamin qui évoquait le nom de   Sarkozy : "Tu ne le verras plus". Une prémonition pour le moins curieuse, non ?



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