Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

lundi 18 mars 2013

Psittacisme

Le vocable est peut-être compliqué mais sa signification est remarquablement simple en ce qu'elle désigne une répétition mécanique, un peu comme un perroquet. J'y songeais en prenant connaissance d'une dépêche d'agence annonçant le renoncement de Mme Taubira aux jurés populaires en correctionnelle qu'avait cherché à instituer Nicolas Sarkozy. On la plaint tant un tel renoncement a dû lui être pénible !

Alors pourquoi psittaccisme ? Parce qu'en l'espèce Mme Taubira - mais il y a bien d'autres ministres qui pourraient être pareillement concernés - a cru devoir se faire l'écho servile de la consigne affligeante qu'a fait passer "Moi président" dès son entrée à l'Elysée : prendre systématiquement, en toute chose, l'exact contrepied de son prédécesseur. On peut comprendre que c'est le lot de toute nouvelle équipe au pouvoir de chercher à se singulariser et d'apporter le changement par rapport à ceux qui l'ont précédée. Pour autant, on ne fera croire à personne qu'il n'y a pas, dans toute l'oeuvre présidentielle de Nicolas Sarkozy, au moins une mesure qui tienne la route donc à conserver. Sauf à le diaboliser et c'est bien là le problème.

Prétendre froidement que Sarkozy fut mauvais sur toute la ligne relève d'un sectarisme aussi revanchard que dérisoire. La gauche semble d'ailleurs avoir un problème dans cette volonté obsessionnelle et quasi caractérielle de chercher à effacer d'un trait de plume tout ce qui concerne N. Sarkozy. Elle est suspecte dans cette hargne jusqu'au-boutiste à le vouer en permanence aux  gémonies alors même qu'il n'occupe plus le pouvoir. Non seulement un comportement aussi univoque est malsain mais il révèle en creux une pathologie propre au hollandisme : puisqu'il n'a toujours, même près d'un an après sa victoire électorale, aucune idée claire sur la manière de concevoir une politique crédible pour le pays, il lui faut bien continuer à utiliser le repoussoir que représente encore pour certains la figure de Sarkozy.

Gageons que le repoussoir resservira, jusqu'à la corde s'il le faut. Avec les accents partisans de Mme Taubira - dont on imagine qu'il fait les délices du Syndicat de la magistrature - ou sur le ton de mépris souriant propre à Mme Vallaud-Belkacem. Au fond, tant d'acharnement contre l'ancien président n'est guère surprenant. Quel que soit le jugement porté sur sa politique, N. Sarkozy avait au moins à son crédit personnel le dynamisme, le courage et la volonté : autant de qualités qui font cruellement à l'équipe actuelle et à son pseudo-chef qui hésite toujours entre bomber le torse, comme au Mali, ou faire la synthèse, comme au bon vieux temps de la rue Solférino.

Il n'est pas étonnant non plus que le spectre du retour éventuel de Sarkozy provoque de telles réactions viscérales. Puisqu'il faut bien donner l'impression qu'on fait quelque chose alors qu'on ne maîtrise plus rien en réalité, on ânonne ce que bafouille le chef,  entre deux "euh" et trois hésitations. On se monte du col en jouant les "vous avez juridiquement tort parce que vous êtes politiquement minoritaire". On fait ce qu'on peut en somme, même si l'on ne peut plus beaucoup. Un peu de grandeur d'âme sauverait peut-être les choses. Mais,on le sait bien, les socialistes n'ont jamais brillé par leur hauteur de vue de même que par leur courtoisie : ce que vient encore de souligner récemment, non sans humour mais avec justesse, le "Pingouin" de Carla Bruni Sarkozy. Il est quand même un peu fort qu'on la montre du doigt et que l'on passe sous silence la goujaterie caractérisée de "Moi président" lors de la passation de pouvoir.

Dans ces conditions, que reste-t-il d'autre à la gauche qu'un comportement puéril de réitération du verbe employé par le chef ? D'aucuns parleront de réflexe mimétique. C'est beaucoup plus caricatural encore. Autrefois, Giscard reprochait à Mitterrand d'exercer le ministère de la parole. C'était sans doute vrai mais lui, au moins, savait dire autre chose que psalmodier à l'infini une improbable vulgate. Comme un perroquet.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire