Caractérisée par la dictature de la communication en temps réel et par l’explosion des réseaux sociaux, notre époque laisse a priori peu de place à l’écrivain. Cette place, il doit se la faire lui-même. A lui, donc, le redoutable défi de s’imposer dans un contexte où l’immédiateté et l’émotion prennent souvent le pas sur la réflexion. Pour autant, les idées comme la réflexion n’empêchent pas les saillies, les humeurs voire, pour parler le langage actuel, la proactivité et l’interactivité. C’est la vocation même de ce blog.

Beaucoup de mes écrits ont été consacrés à l’actualité internationale, qu’il s’agisse d’Israël, du Proche-Orient et surtout des Etats-Unis, mon thème de prédilection. D’autres concernent la France et sa politique, des premières amours qu’on n’oublie pas si facilement et qui se rappellent volontiers à notre souvenir. Plus récemment, mes préférences m’ont conduit à vagabonder sur d’autres chemins, plus improbables encore : le monde du spectacle et le show-business qui reflètent d’une manière saisissante les aspirations et les illusions de nos sociétés.

Tels sont les thèmes principaux, quoique non exclusifs, que je me propose d’aborder avec vous, semaine après semaine, dans le lieu d’échange privilégié qu’est ce blog. Il va de soi que je ne me priverai aucunement d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à cœur. Je le ferai à ma manière : directe et sans concession, parfois polémique mais toujours passionnée. Tant il est vrai que, dans ses turbulences même, la passion est la sœur jumelle de la sincérité.

jeudi 7 mars 2013

Humour

Ils ont beau s'y essayer tant bien que mal, on sent bien que ce ne sont pas les Français qui ont inventé l'humour. Les thuriféraires de service ont beau gratifier "Moi président" d'un humour désopilant, ce dernier se rapproche plus volontiers de la méchanceté gratuite, et le plus souvent stupide, que de cette tournure d'esprit propre à nos voisins d'outre-Manche.

Mais il y a pire que lui encore avec tous ces gens qu'on prend l'habitude de qualifier d'humoristes. Le pli avait été donné, il y a quelques décennies, avec Guy Bedos et ses mesquineries à prétention politico-intellectuelles. Du moins restait-on plus ou moins à l'époque dans un cadre à peu près convenu hormis quelques débordements relativement marginaux.

Puis il y eut Coluche et Desproges, chacun avec son style propre, qui manièrent un humour d'autant plus grinçant qu'il se situait au second voire au troisième degré et pouvait légitimement ne pas être compris - voire mal interprété - par tout un chacun. Toutefois, à sonder les coeurs et les reins de leurs auteurs, l'exercice était peut-être contestable. Il n'en était pas pour autant indigne. 

On n'en est plus là aujourd'hui avec des soi-disant  humoristes de l'acabit de Dieudonné qui a fait de son antisémitisme pathologique de primate un fonds de commerce qui n'a pas encore été acculé, soit dit en passant, au dépôt de bilan. Ce qu'on décrit ici comme de l'"humour" n'est rien d'autre que de l'injure raciste et c'est bien la moindre des choses qu'il tombe systématiquement sous le coup de la loi. A ceux qui hurlent à la violation de la liberté d'opinion, on rétorquera que celle-ci, contrairement à ce qu'on peut penser, ne présente pas de caractère absolu au sens juridique et doit être rapportée à l'aune de la liberté d'autrui comme de celle de l'ordre public.

Il y a enfin, les anodins, les commentateurs de radio ou de télévision qui, souvent de gauche, se permettent de plus en plus souvent de décerner des brevets d'intelligence. Tel animateur radio fustigera ainsi Mme Frigide Barjot en la comparant désavantageusement à ... Lévi-Strauss comme si, d'ailleurs, cet animateur pouvait lui-même soutenir une telle comparaison. Plus récemment encore, c'est Christophe Alévêque, un des acolytes de Laurent Ruquier sur les ondes, qui vient de traiter publiquement Zinedine Zidane de "pute", de "panneau publicitaire à trois neurones, non sans ajouter que l'ancien footballeur était "con comme une bite". Parole d'intellectuel, on vous l'assure !

Naturellement, l'avocat d'Alévêque hurle à la violation du droit à l'humour, comme si d'ailleurs il s'agissait d'un droit de l'homme. Il est dans son rôle. Il faudrait néanmoins lui expliciter, afin qu'il ne sombre pas dans le ridicule, la différence entre l'humour et la lâcheté. C'est si facile d'insulter un absent à l'antenne. Facile aussi de s'en prendre à un footballeur dont on sait qu'il n'a fait ni l'ENA ni Polytechnique. Après tout, si Zidane décide de faire de l'argent, c'est bien son droit et l'on ne sache pas qu'il ait spolié la collectivité pour y parvenir.

Il faudrait également expliquer au conseil d'Alévêque la différence entre l'humour et l'insulte pure et simple : dans le cas de M. Alévêque, comme dirait l'autre, il n'y a pas photo. La justice l'a donc logiquement condamné à payer 5 000 euros de dommages et intérêts à Zidane pour injure. Pour ma part, je serais curieux de connaître le parcours universitaire et, accessoirement, le QI de ce M. Alévêque. Nul doute qu'il y aurait matière à ... humour !

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