Quel qu’en soit le vainqueur,
les élections présidentielles américaines de 2016 ne laisseront pas un souvenir
de dignité ou de hauteur de vues.
Eprouvantes et souvent
démoralisantes, ces élections présidentielles américaines de 2016 auront donc dépassé
les pires craintes. Si le résultat du scrutin sera indubitablement serré, ce n’est
pourtant pas ce qu’on en retiendra.
En effet, des élections sur le
fil où le vainqueur remporte la mise au petit matin, l’Amérique en a déjà connu :
de celle de 1876, avec l’affrontement mémorable entre Rutherford Hayes et
Samuel Tilden - ce dernier battu ayant pourtant ravi la majorité des votes
populaires - jusqu’à celle de 2000 entre George W. Bush et Al Gore, en passant
par le Kennedy-Nixon de 1960. En revanche, un ton aussi agressif voire
insultant en cours de campagne et un niveau général aussi faible apparaissent inédits
dans un pays qui est pourtant habitué à voir défiler sur sa scène politique un
nombre impressionnant de nullités.
La faute à qui ? A Donald Trump,
en tout premier lieu, dont la vulgarité souvent délirante ne pouvait a priori
que sidérer l’électorat américain. Ce qui ne laisse de surprendre, à cet égard,
est qu’une telle sidération n’ait pas viré à la répulsion disqualifiante :
à une semaine du scrutin, le candidat républicain est encore au coude-à-coude avec
sa concurrente démocrate. Mais Hillary
Clinton ne saurait non plus s’exonérer de la médiocrité ambiante. Elle aura en
tout cas révélé ce qu’on savait déjà : femme brillante et capable, elle n’est
malheureusement pas, contrairement à son mari, une véritable politique. Le ton
de ses discours reste trop cassant, sa mise trop apprêtée, son rire trop
exubérant et forcé pour sonner vrai. De toute évidence, Mme Clinton n’est pas ce
qu’on appelle une bonne candidate et la simple ambition, fût-elle démesurée
dans son cas, ne peut suffire à suppléer les carences politiques.
Bien sûr, on fait un mauvais
procès à la candidate démocrate en exhumant avec obstination ses courriels. Et
les dernières initiatives du directeur du FBI tombent trop à point nommé pour n’être
pas innocentes. Mais Mme Clinton elle-même ne fait-elle pas un mauvais procès « au
Donald » en laissant ses partisans accuser l’homme d’affaires de « harcèlement
sexuel » : ce qui, d’ailleurs, eu égard au comportement passé de Bill
Clinton, laisse plutôt rêveur. Il est vrai qu’en politique, il n’est pas rare
de voir l’hôpital se moquer de la charité …
En fin de compte, à en croire
sondages et analyses, Hillary Clinton devrait malgré tout être élue et devenir
la première femme à accéder à la Maison Blanche en tant que présidente. Si tel devait
être le cas, son élection n’en aurait pas moins été laborieuse et préfigure un
avenir présidentiel semé d’embûches. Certes, une élection difficile ne plombe
pas forcément le déroulement d’un mandat. JFK avait ainsi pu gouverner assez normalement
malgré une élection plutôt délicate. Et tant de choses peuvent se passer si l’on
se souvient de « W » Bush, élu sur le fil mais dont la popularité
avait grimpé en flèche au lendemain du 11 septembre.
Pourtant, cette élection de novembre
2016 laissera fatalement des traces que le Congrès pourrait aviver très rapidement
pour peu que le peuple américain dote le Sénat d’une majorité républicaine.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire